L'expérience dépend de quoi

Nyomtatóbarát változat

L'expérience dépend de quoi. Mère?

Ah, cela dépend de beaucoup de choses... Il y a des gens qui ont des expériences tout à fait spontanément, et il est entendu que cela dépend de leurs vies antérieures, ou de la façon dont ils ont été formés, des forces qui ont présidé à la construction de l'être physique actuel, et de l'influence sous laquelle ils ont été mis même avant la naissance. Ceux-là ont les expériences d'une façon spontanée. Ils ne sont pas nombreux, mais il y en a. Il y en a d'autres pour qui c'est le résultat d'un effort très soutenu. Ils aspirent à avoir des expériences, et ils se donnent une discipline ou ils adoptent une discipline de façon à pouvoir les avoir. Quelquefois cela prend très longtemps pour obtenir quelque chose. Cela dépend absolument de la façon dont on est bâti. J'ai connu des gens qui étaient ignorants, n'est-ce pas, et qui avaient des expériences de voyance, de perception intérieure tout à fait remarquables. Ils ne comprenaient rien ni à ce qui leur arrivait ni à ce qu'ils voyaient. Mais ils avaient le don.

Mais ça n'a aucun effet sur leur vie extérieure?

Non.

Alors à quoi bon avoir des expériences ?

Ce n'est pas une question d'"à quoi bon". Tout n'est pas utilitaire dans le monde. C'est comme ça, c'est comme ça. Si, tu peux dire "à quoi bon" à quelqu'un qui se préoccupe exclusivement d'avoir des expériences, qui n'a aucune préparation intellectuelle et spirituelle intérieure, et qui, par une fantaisie quelconque, voudrait avoir des expériences, tu peux lui dire, oui : "A quoi bon ? Ce n'est pas cela qui vous mènera vers la vie spirituelle. Cela peut vous aider si vous avez pris le chemin. Et si vous avez pris le chemin en toute sincérité, eh bien, elles viendront dans la mesure où elles seront utiles. Mais rechercher l'expérience pour l'expérience, c'est tout à fait inutile." Et on peut dire aux gens : "A quoi bon ? C'est une fantaisie, c'est une fantaisie sur un autre plan, c'est un autre genre de désir, mais c'est un désir."

Mais dans la voie normale, à mesure que l'on progresse intérieurement, à chaque pas que l'on fait vers la conscience vraie, ce pas est accompagné d'un certain nombre d'expériences qui y correspondent, et qui vous permettent de reconnaître la situation dans laquelle vous vous trouvez : ça, c'est normal. C'est comme ça que ça doit être.

Mais alors, ce ne sont pas généralement des expériences tellement sensationnelles que les gens en fassent grand cas. Ils ont souvent, tout d'un coup, une illumination de conscience, une indication intérieure, une perception qui n'est pas habituelle. Mais quand ils ne sont pas exclusivement tournés vers le désir d'avoir des expériences. Us n'y attachent pas beaucoup d'importance. Quelquefois ils n'y attachent même pas assez d'importance. L'indication est venue, leur a montré quelque chose, mais ils n'en ont pas même tenu compte. Mais ce ne sont pas de ces choses qui vous donnent l'impression que vous vivez dans un monde merveilleux. Ce sont des choses assez normales. Tout d'un coup, une ouverture dans le cerveau, une lumière qui se fait, quelque chose que l'on comprend, que l'on n'avait pas compris avant. On prend cela pour un phénomène très naturel. Mais c'est une expérience spirituelle — ou la claire vision d'une situation, la compréhension de ce qui se passe en soi, de l'état dans lequel on se trouve, l'indication du progrès exact que l'on doit faire, de la chose qui est à corriger. Ça aussi, c'est une expérience, et c'est une expérience qui vient du dedans, c'est une indication que le psychique vous donne. On le prend aussi pour un fait tout à fait naturel. On n'y attache pas d'importance.

On appelle "expérience", généralement, ou les phénomènes tout à fait extravagants (comme la lévitation, des choses comme ça), ou bien des visions sensationnelles : les gens qui peuvent voir l'avenir, ou ceux qui voient à distance, ou alors, n'est-ce pas, les choses ordinaires : pouvoir dire où se trouve un objet perdu, ou toutes sortes de petits trucs comme ça. Ça, les gens appellent ça les "expériences".

Eh bien, généralement, les gens qui ont ces choses-là sont des gens qui ne sont pas cultivés, mais qui, pour une raison quelconque, sont nés avec un don, comme il y en a qui sont nés musiciens, d'autres peintres, et d'autres savants. Eux, ils sont nés voyants, et alors, n'est-ce pas, s'ils sont dans le besoin, ils se servent de cela pour gagner leur vie, et ils l'abîment complètement. S'il se trouve qu'ils sont dans une situation aisée et qu'ils n'ont pas besoin de gagner leur vie, alors ils se font une renommée parmi leurs amis. En tout cas, c'est toujours une occasion d'un certain genre de commercialisme. Il y a très peu de gens qui peuvent avoir ces dons-là sans s'en servir pour se faire ou une réputation ou gagner de l'argent. Mais ce ne sont pas des dons d'un degré très avancé. On peut avoir cela sans avoir une vie très spirituelle. Cela ne dépend pas du tout d'une hauteur spirituelle intérieure. Il ne faut pas méprendre cela pour un signe de progrès.

Et c'est pour cela qu'il y a des gens qui attachent une très grande valeur à ces choses-là. Mais elles n'ont de la valeur que si elles sont sous votre contrôle, et à volonté, et le résultat d'une discipline intérieure. Dans ce cas-là, oui, parce que cela prouve que vous êtes entré en rapport avec une certaine région où il est difficile d'entrer consciemment, volontairement, et d'une façon permanente. C'est très difficile, cela demande beaucoup de développement. Et alors, pour que vous soyez sûr de ce que vous avez vu... Parce que, je ne vous ai pas dit que ces gens qui font métier de leur clairvoyance, cela devient... j'ai dit "commercialisme" ; c'est pire que cela, n'est-ce pas, c'est une tromperie ! Quand ils ne voient rien, ils inventent. Quand ils en font métier, et qu'il y a des gens qui viennent leur demander quelque chose sur l'avenir, et qu'ils ne voient rien du tout, ils sont obligés d'inventer quelque chose, autrement ils perdraient leur réputation et leur clientèle. Alors cela devient, n'est-ce pas, "déception¹", mensonge, tromperie, ou falsification.

Mais quand on veut avoir un renseignement pur, exact, être en rapport avec la vérité des choses, et voir d'avance non pas selon votre petite construction mentale, mais comme les choses sont décrétées, à l'endroit où elles sont décrétées, et au moment où elles sont décrétées, alors cela demande une très grande pureté mentale, un très grand équilibre vital, une absence de désir, de préférence. Il ne faut jamais vouloir qu'une chose soit d'une manière et non d'une autre, autrement cela falsifie immédiatement votre vision.

Tous les gens qui .ont des visions, généralement ils les déforment, tous, presque sans exception. Je ne crois pas qu'il y en ait un sur un million qui ne déforme pas sa vision, parce que de la minute où elle touche le cerveau, elle touche le domaine ( des préférences, des désirs, des attachements, et ça, ça suffit pour donner une coloration, une apparence spéciale à ce que vous avez vu. Même si vous avez vu correctement, vous traduisez dans votre conscience faussement. Ça, ça demande une grande perfection.

Mais vous pouvez avoir la perfection sans le don de vision. Et la perfection peut être aussi grande sans le don qu'avec le don. Si cela vous intéresse particulièrement, vous pouvez faire un effort pour l'obtenir. Mais c'est si cela vous intéresse particulièrement. Si vous tenez beaucoup à savoir certaines choses, on peut faire une discipline ; on peut faire une discipline aussi pour changer le fonctionnement de ses sens. Je crois que je vous ai déjà expliqué comment l'on peut entendre à distance, voir à distance, même physiquement ; mais cela représente une quantité considérable d'efforts, qui ne sont peut-être pas toujours en proportion du résultat, parce que ce sont des à-côtés, ce n'est pas la chose centrale, la plus importante. Ce sont des à-cotés qui peuvent être intéressants, mais en soi, ce n'est pas la vie spirituelle ; on peut avoir la vie spirituelle sans avoir cela.

Maintenant, les deux ensemble vous donnent peut-être une capacité plus grande. Mais pour cela aussi, il faut bien se dire : "Si je dois l'avoir — si je prends l'attitude vraie de soumission vis-à-vis du Divin et de complète consécration —; si je dois avoir cela, je l'aurai." Comme : "Si je dois avoir le don de la parole, je l'aurai." Et au fond, si l'on est vraiment soumis, de la vraie manière et totalement, à chaque minute on est ce que l'on doit être et on fait ce que l'on doit faire, et on sait ce que l'on doit savoir. Ça... mais pour ça, naturellement, il faut avoir surmonté les petites limitations de l'ego, et cela ne se fait pas du jour au lendemain. Mais cela peut se faire.

6 October 1954

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