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Volume 2 — 1961

Mère l'Agenda Volume 2 — 1961

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18 juillet 1961

l'Agenda de Mere. Volume 4. 28 aoűt 1963

Mčre

l'Agenda

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66 – Le péché est ce qui, en un temps, fut à sa place mais qui, parce qu’il persiste maintenant, ne l’est plus. Il n’y a pas d’autre péché.

Je ne me sens pas d’inspiration. Tu as une question?

On dit que le péché est quelque chose qui n’est plus à sa place. Mais est-ce que la cruauté, par exemple, a jamais été «à sa place»?

C’est justement ce qui m’est venu, parce que je reçois toutes les questions des gens.

Immédiatement, c’est la question: celui qui tue, par exemple, par cruauté, ou qui fait souffrir par cruauté, est-ce que cela a jamais été à sa place?... Mais c’est tout de même (nous en revenons toujours à la même chose), c’est tout de même une expression du Divin, mais déformée dans son apparence.

Si tu peux me dire ce qu’il y a derrière? Sri Aurobindo disait toujours que la cruauté était l’une des choses qui lui repugnait le plus, mais il dit que c’est la déformation d’une intensité; on pourrait presque dire la déformation d’une intensité d’amour: quelque chose qui ne se satisfait pas d’un moyen terme, qui veut des extrêmes – et c’est légitime. C’est la déformation de cela: le besoin de sensation extrêmement fortes.

J’avais toujours su que la cruauté, comme le sadisme, est le besoin de sensation extrêmement violente, pour traverser une couche épaisse de tamas1 qui ne sent rien – il faut un extrême pour que cela puisse être senti par le tamas. Par exemple, on m’a toujours dit (c’était l’une des choses qui m’a été très fortement dite au Japon) que les gens d’Extrême-Orient sont très tâmasiques physiquement; spécialement les Chinois ont la réputation d’être une race descendue de la lune, c’est-à-dire qu’ils seraient le restant des occupants de la lune avant qu’elle ne se soit refroidie et ils auraient échoué sur la terre (c’est pour cela (!) qu’ils ont la figure ronde et des yeux comme cela)... Enfin (riant), ce sont des on-dit! Et ils sont extrêmement tâmasiques: ils ont la sensation presque nulle, il leur faut des choses effroyables pour qu’ils sentent! Alors, naturellement, ils emploient cela pour tout le monde puisqu’ils l’emploient pour eux-mêmes, et c’est cela qui les rend d’une cruauté inimaginable – pas tous! mais enfin c’est une réputation. Tu as lu le livre de Mirbeau (je crois)? J’ai lu cela il y a soixante ans: quelque chose sur les supplices chinois.

Oui, c’est célèbre.

C’est très connu.

Mais ce sont de grands artistes aussi.

Oui. J’ai lu ce livre, il était très bien écrit. Mais à ce moment-là, j’avais compris ce que c’est. Et alors j’ai eu la confirmation quand je suis allée au Japon: il y a beaucoup de Japonais qui, eux aussi, ont la sensation émoussée («émoussée» dans le sens qu’il leur faut des choses extrêmement violentes pour qu’ils les sentent). C’est peut-être dans cette direction-là que l’on trouverait l’explication?

Mais à l’origine, il y a toujours le problème qui n’a jamais été résolu: «Pourquoi est-ce devenu comme cela? Pourquoi cette déformation? Pourquoi tout cela a-t-il été déformé?...» Il y a des choses très belles, derrière, très intenses, infiniment plus puissantes que ce que nous pouvons même supporter, nous, et qui sont merveilleuses; mais pourquoi tout cela, ici, est-il devenu... si affreux? Et alors c’est cela – je t’ai dit que je n’avais pas d’inspiration parce que c’est cela qui se présente immédiatement.

C’est...

La notion de péché est quelque chose que je ne comprends pas, que je n’ai jamais comprise. Le péché originel m’a paru l’une des idées les plus monstrueuses que les hommes aient jamais pu avoir – le péché et moi, ça ne va pas ensemble! Alors, naturellement, je suis pleinement d’accord avec Sri Aurobindo, qu’il n’y a pas de péché – ça, c’est entendu, mais...

Il y a certaines choses qu’on peut appeler «péché», si on veut, comme la cruauté; eh bien, je ne vois que cette explication-là: c’est la déformation du goût ou du besoin d’une sensation extrêmement forte. J’ai noté, chez les gens cruels, que c’est à ce moment-là qu’ils ont un Ananda: ils y trouvent une joie intense. Par conséquent c’est la légitimation. Seulement c’est dans un tel état de déformation que c’est répugnant.

Quant à l’idée que les choses ne sont pas à leur place, ça, c’est une chose, mon petit, que j’ai comprise même quand j’étais petite. Et j’ai eu l’explication avec Théon, parce que dans son système cosmo-gonique, il avait expliqué les pralaya2 successifs des différents univers en disant qu’à chaque univers, c’était un aspect du Suprême qui se manifestait; que chaque univers était bâti sur un aspect du Suprême, et que tous, ils étaient retournés l’un après l’autre dans le Suprême (il énumérait tous les aspects qui s’étaient successivement manifestés, et avec une logique dans la succession! extraordinaire – je l’ai gardé quelque part mais je ne sais plus où c’est). Et cette fois-ci, c’était (je ne me souviens plus exactement non plus du chiffre dans la succession), mais ce devait être l’univers qui ne serait plus retiré, qui suivrait une progression de devenir pour ainsi dire indéfinie. Et cet univers-ci, c’était l’Équilibre (pas un équilibre statique mais un équilibre progressif3). L’Équilibre, c’est-à-dire (il expliquait cela), chaque chose à sa place, exactement: chaque vibration, chaque mouvement à sa place, chaque... et alors, plus on descend: chaque forme, chaque activité, chaque élément exactement à sa place par rapport au tout. Cela m’a beaucoup intéressée parce que Sri Aurobindo a dit la même chose, qu’il n’y a rien qui soit mauvais: simplement les choses ne sont pas à leur place – leur place, pas seulement dans l’espace mais dans le temps; leur place universelle, leur place dans l’univers, à commencer par les mondes, les étoiles etc., et chaque chose exactement à se place. Et alors, quand chaque chose sera exactement à sa place, depuis la plus formidable jusqu’à la plus microscopique, le tout exprimera le Suprême PROGRESSIVEMENT sans avoir besoin d’être retiré pour être émané à nouveau. Et c’est là-dessus aussi que Sri Aurobindo basait le fait que c’est dans cette création-ci, cet univers-ci, que cette espèce de perfection d’un monde divin pourra être manifestée – ce que Sri Aurobindo appelle le Supra-mental.

L’équilibre est la loi essentielle de cette création et c’est cela qui permet qu’une perfection puisse se réaliser dans la manifestation.

Dans cet ordre d’idée, des choses «à leur place», une autre question m’était venue: avec la descente du Supramental, quelles sont justement les Joules premières choses que la force supramentale va vouloir déloger ou qu’elle essaie de déloger?

Les premières qu’elle délogera?

Oui, individuellement et cosmiquement, pour que tout soit à sa place.

Est-ce qu’elle «délogera» quelque chose?... Si nous acceptons l’idée de Sri Aurobindo, elle mettra chaque chose à sa place, c’est tout.

Il y a une chose qui, nécessairement, devra cesser: c’est la Déformation, c’est-à-dire le voile de mensonge sur la Vérité, parce que c’est cela qui est responsable de tout ce que nous voyons, tout ce qui existe ici. Si on enlève ça, les choses seront tout à fait différentes, tout à fait, nécessairement: elles seront comme nous les sentons, nous, quand nous sortons de celte conscience-là. Quand on sort de cette conscience, qu’on entre dans la Conscience-de-Vérité, c’est au point que l’on est étonné qu’il puisse y avoir quelque chose comme la souffrance et la misère et la mort et tout cela; il y a une sorte d’étonnement, en ce sens que... on ne comprend pas comment ça peut se produire (quand on a vraiment basculé de l’autre côté). Mais alors cet état de conscience est d’habitude associé à l’expérience de l’irréalité du monde tel que nous le connaissons, tandis que Sri Aurobindo dit que cette perception de l’irréalité du monde n’a pas besoin d’exister pour la conscience supramentale: c’est seulement l’irréalité du Mensonge, pas l’irréalité du monde. Et ça, c’est très intéressant. C’est-à-dire que le monde a une réalité en soi, indépendante du Mensonge.

Je suppose que c’est cela qui sera le premier effet du Supramental – premier effet peut-être même dans l’individu, parce que ça commencera d’abord par l’individu.

Cet état de conscience,4 il est probable qu’il doit devenir un état constant, mais alors un problème se pose: comment est-ce qu’on peut rester en contact avec le monde tel qu’il est dans sa déformation? Parce que je me suis aperçue d’une chose: quand cet état est très fort en moi, très fort, tellement fort qu’il peut résister à tout ce qui vient le bombarder du dehors, si je dis quelque chose, les gens ne comprennent RIEN! – rien. Par conséquent, cela doit supprimer un contact utile.

Comment serait une petite création supramentale comme noyau d’action et de rayonnement sur la terre, par exemple (pour ne prendre que la terre)? Est-ce que c’est possible?... On conçoit très bien un noyau de création surhumaine – des surhommes –, c’est-à-dire des hommes qui ont été hommes et qui, par l’évolution et la transformation (au vrai sens du mot) sont arrivés à manifester les forces supramentales; mais leur origine est humaine, alors tant que leur origine est humaine, forcément il y a un contact: même si tout est transformé, même si les organes sont transformés en centres de force, il y a tout de même quelque chose d’humain qui reste, comme une coloration. Ce sont ces êtres-là qui, selon les traditions, découvriront le secret de la création supramentale directe, sans passer par le processus de la Nature ordinaire. Et alors c’est à travers eux que prendraient naissance les vrais êtres du supramental qui, eux, nécessairement, doivent vivre dans un monde supramental. Mais alors comment se ferait le contact entre ces êtres et le monde ordinaire? Comment concevoir une transformation suffisante de la nature pour que cette création supramentale puisse se produire sur la terre? – Je ne sais pas.

Naturellement, on sait que pour qu’une chose pareille se fasse, cela demande un temps assez considérable, et il y aura probablement des étapes, des degrés, des facultés qui apparaîtront et que, pour le moment, nous ne connaissons pas ou nous ne concevons pas, et qui changeront les conditions de la terre – ça, c’est voir quelques milliers d’années en avant.

Reste le problème: est-il possible de se servir de cette notion d’espace – je veux dire l’espace sur le globe terrestre?5 est-ce possible qu’il y ait un endroit dans lequel puisse être créé l’embryon ou le germe du monde futur supramental?

Moi, ce que j’avais vu... Le plan était venu dans tous ses détails; mais c’est un plan qui, dans son esprit et sa conscience, n’est pas du tout conforme à ce qui est possible terrestrement maintenant (mais dans sa manifestation la plus matérielle, il était basé sur les conditions terrestres existantes). C’est cette idée d’une ville idéale qui serait le noyau d’un petit pays idéal et qui n’aurait de contacts que purement superficiels et extrêmement limités dans ses effets avec le vieux monde. Il faudrait donc déjà (mais ça, c’est possible) concevoir un Pouvoir suffisant pour, à la fois, qu’il soit une protection contre l’agression ou la mauvaise volonté (ce ne serait pas la protection la plus difficile à avoir), et une protection contre l’infiltration, le mélange... Mais cela, on peut à la rigueur le concevoir. Au point de vue social, au point de vue organisation, au point de vue vie intérieure, ce ne sont pas des problèmes difficiles; le problème, c’est la relation avec ce qui n’est pas supramentalisé, pour empêcher l’infiltration, le mélange, c’est-à-dire pour empêcher que ce noyau retombe dans une création inférieure – c’est une période de transition.

(silence)

Tous ceux qui ont pensé au problème ont toujours imaginé quelque chose qui était inconnu du reste de l’humanité, dans un endroit comme une gorge de l’Himalaya, un lieu inconnu du reste de l’humanité. Mais ça, ce n’est pas une solution. Ce n’est pas une solution du tout.

Non, la seule solution, c’est le pouvoir occulte. Mais ça... Alors cela veut dire déjà un certain nombre d’individus qui sont arrivés à une grande perfection de réalisation avant que quoi que ce soit puisse se faire... Mais on conçoit que si cela peut se faire, on peut avoir, délimité par le monde extérieur (il n’y a pas de contacts, n’est-ce pas), un endroit où tout soit exactement à sa place, comme un exemple. Chaque chose est exactement à sa place, chaque personne exactement à sa place, chaque mouvement exactement à sa place, et à sa place dans un mouvement ascendant, progressif, sans rechute (c’est-à-dire tout le contraire de ce qui se passe dans la vie ordinaire). Alors, naturellement, cela veut dire aussi une sorte de perfection, cela veut dire aussi une sorte d’unité; cela veut dire que les différents aspects du Suprême peuvent être manifestés; et nécessairement une beauté exceptionnelle, une harmonie totale; et un pouvoir suffisant pour tenir en état d’obéissance les forces de la Nature: par exemple, même si cet endroit est entouré de forces de destruction, ces forces de destruction n’ont pas le pouvoir d’agir – la protection est suffisante.

Tout cela demande une extrême-extrême perfection chez les individus qui seraient les organisateurs d’une chose pareille.

(long silence)

Ce doit être semblable à ce qui s’est passé pour l’apparition des premiers hommes.

On n’a jamais su, au fond, comment ont été formés les premiers hommes, la première réalisation mentale? Est-ce que l’on sait si c’étaient des individus isolés ou si c’étaient des groupes? Si cela s’est produit au milieu des autres ou si c’était dans l’isolement? – Je ne sais pas. Il peut y avoir une analogie avec le cas futur de la création supramentale.

Il n’est pas difficile de concevoir, dans la solitude de l’Himalaya ou dans la solitude de la forêt vierge, un individu qui commence à créer son petit monde supramental autour de lui – c’est facile à concevoir. Mais la même chose est nécessaire: il faudrait qu’il soit arrivé à une perfection telle que son pouvoir agisse automatiquement pour empêcher l’intrusion du dehors.

Parce qu’ils seraient automatiquement en butte aux attaques de l’extérieur?

Il faudrait qu’automatiquement ils soient protégés, c’est-à-dire que tout élément étranger ou contraire soit empêché d’approcher.

N’est-ce pas, on raconte des histoires comme cela, de gens qui vivaient dans une solitude idéale. Mais ça, ce n’est pas impossible à concevoir, du tout. Quand on est en rapport avec ce Pouvoir, au moment où il est en vous, on voit bien que... c’est un jeu d’enfant! Au point même d’avoir la possibilité de changer certaines choses, d’exercer une contagion sur les vibrations environnantes et les formes environnantes qui, automatiquement, commencent à se supra-mentaliser. Tout cela est possible – mais c’est à l’échelle de l’individu. Tandis que prenons l’exemple de ce qui se passe ici: l’individu qui reste au centre même de tout ce chaos – c’est là, la difficulté!... Est-ce que, de ce fait même, ce n’est pas une impossibilité d’arriver à une sorte de perfection dans la réalisation? Mais l’autre aussi, l’isolé dans la forêt, c’est toujours la même chose, c’est l’exemple qui ne prouve pas du tout que le reste va pouvoir suivre. Tandis que ce qui se passe ici, ce serait déjà une action beaucoup plus rayonnante. Ça doit se produire à un moment donné – ça DOIT se produire. Mais le problème reste: est-ce que cela peut se produire en même temps ou avant que l’autre chose soit réalisée: l’individu, l’unique individu supramentalisé?

(silence)

Il est évident que la réalisation, dans ces conditions de communauté ou de groupe, est beaucoup plus complète, intégrale, totale, et probablement parfaite qu’aucune réalisation individuelle, qui est toujours nécessairement, nécessairement, sur le plan extérieur, matériel, absolument limitée, parce que c’est seulement un mode d’être, un mode de manifestation, un ensemble microscopique de vibrations qui est touché.

Mais au point de vue de la facilité du travail, je crois qu’il n’y a pas de comparaison!

(silence)

Et alors reste le problème. Tous les gens comme Bouddha et les autres, ils ont D’abord réalisé, puis ils sont rentrés en contact avec le monde. Alors c’est très simple. Mais pour ce que j’envisage, est-ce que de rester dans le monde n’est pas une condition indispensable pour que la réalisation puisse être totale?

Ça...

Mère reste longtemps absorbée à regarder devant Elle

Je suis tout le temps en train de voir des images! – pas des images: des choses vivantes, comme des réponses aux questions. Il y avait un paon magnifique qui se formait (le paon est le symbole de la victoire ici), et alors sa queue s’ouvrait comme cela, et sur sa queue apparaissait une construction, comme cette construction d’un endroit idéal... C’est dommage que l’on ne puisse pas photographier ce monde-là! On devrait avoir des plaques suffisamment sensibles – on a essayé. Ce serait très intéressant parce que ça bouge comme un cinéma: ce ne sont pas des choses plaquées, ça bouge.

Bon. Alors qu’est-ce que tu voulais demander?

Je crois que tu as répondu!

Non, je ne me souviens plus, je suis partie – en promenade.

Je t’avais demandé... Ta Force ou la Force supramentale, quel est le premier travail qu’elle fait, maintenant?

Ah! oui.

Elle met les choses en place?

Ça, je le sais par expérience, et c’est au point que plus la Force se concentre, plus les choses arrivent juste au moment où elles doivent arriver: les gens viennent juste ou font juste ce qu’ils doivent faire; les objets autour de moi s’arrangent comme si... tout naturellement, à leur place; et ça va jusqu’au moindre petit détail. Et ça apporte en même temps une espèce de sens d’harmonie, d’eurythmie, une joie – une joie très souriante dans l’organisation, comme si tout participait joyeusement à ce remodelage. Par exemple, on veut dire quelque chose à quelqu’un: cette personne vient; on a besoin de telle autre personne pour un travail: elle arrive; on voulait organiser quelque chose: tous les éléments nécessaires à l’organisation se trouvent là. Tout cela, avec une espèce d’harmonie, qui est miraculeuse mais qui n’a rien de miraculeux! (Vraiment, dans son essence, c’est tout simplement la force intérieure qui rencontre un minimum d’obstacles, alors les choses se moulent sur son action.) Cela m’arrive très-très-TRÈs souvent; et ça reste quelquefois pendant des heures.

Mais c’est assez délicat, c’est comme un rouage très-très délicat, comme une machinerie: la moindre petite chose détraque tout. Par exemple, une mauvaise réaction dans quelqu’un, ou une mauvaise pensée, ou une vibration d’agitation, ou une anxiété, n’importe quoi, et toute l’harmonie se dissout. Pour moi, cela se traduit tout de suite par un malaise dans mon corps, et un malaise d’une nature très particulière; alors là c’est le désordre: on recommence la chose ordinaire. Alors il faut de nouveau que je rassemble (pour ainsi dire) la Présence du Seigneur et que je recommence à la pousser partout – quelquefois ça se fait vite, quelquefois ça prend longtemps. Quand il y a un événement de désorganisation un peu plus radical, cela prend un peu plus longtemps.

Cet œil, par exemple [l’hémorragie], c’est le résultat d’un désordre comme cela, d’une force très obscure que quelqu’un a laissée entrer, pas volontairement ni sciemment: par faiblesse et par ignorance, naturellement mélangée toujours au désir, à l’ego, à tout ça (sans désir et sans ego, ces choses-là n’auraient pas d’accès – mais ça, n’est-ce pas, c’est très général). Mais enfin, c’était notoirement cela, la cause: j’ai senti tout de suite. Quelquefois ça vient, ça fait comme cela (Mère porte la main à son cou), comme une ombre noire qui vous étrangle. Et intérieurement rien n’est même affecté! au point que si je ne faisais pas attention à la réaction purement extérieure, je ne saurais pas que quelque chose s’est passé (c’est le grand Jeu), mais extérieurement l’indication est immédiate: une demi-heure après j’ai eu cette hémorragie dans mon œil. Et je savais que c’était ça: j’étais en train de lutter contre une intrusion tout à fait indésirable. Et la cause, au point de vue extérieur, était une cause... insignifiante. Ce ne sont pas toujours les événements que l’on considère comme graves ou importants qui ont les effets les plus néfastes – loin de là; c’est quelquefois une intrusion de mensonge tout à fait insignifiante, pour une raison tout à fait insignifiante: ce que l’on est convenu d’appeler une stupidité. Mais cela provient du fait que les forces adverses sont toujours là à guetter pour, à la moindre faille, se précipiter.

L’incompréhension d’un doute (un doute qui provient toujours d’un mouvement égoïste), ça, c’est très dangereux. Très dangereux. Et il n’est pas même nécessaire d’être dans la conscience psychique: même si on est seulement dans une conscience vitale éclairée, ça n’a aucun effet – mais c’est là, c’est dans ce grouillement matériel.

Mais tout ce travail-là, dans la solitude de la forêt ou la solitude de l’Himalaya, je ne vois pas que ça puisse se faire. Et on risque beaucoup d’entrer dans cette conscience universelle très impersonnalisée où les choses sont relativement faciles – les conséquences matérielles sont si loin en bas! cela n’a pas beaucoup d’importance. Ce n’est que quand on est dedans qu’on peut agir directement.

En tout cas, pour le moment, le choix ne m’est pas donné – et je ne cherche pas à le faire: les choses sont ce qu’elles sont, telles qu’elles sont; et telles qu’elles sont, il faut faire le travail. Et la façon de faire le travail dépend de ce qu’elles sont.

Mais c’est si joli, n’est-ce pas, quand cette Harmonie vient. Tu sais, on bricole, on arrange des papiers, on met de l’ordre quelque part dans une boîte, et tout cela chante, c’est joli, c’est joyeux, c’est lumineux, c’est... c’est si charmant! Et tout-tout-tout est comme cela. Je m’aperçois de cela: toutes les choses matérielles, toutes les activités, manger, la toilette et tout-tout-tout, quand c’est comme cela, tout est charmant – charmant et... ça s’arrange. C’est si harmonieux! Il n’y a pas de friction. On voit... on voit une Grâce joyeuse, lumineuse, qui se manifeste dans toutes, toutes choses, même dans ce que nous sommes habitués à considérer comme n’ayant aucune espèce d’importance. Mais alors, si ça se retire, tout, exactement les mêmes conditions, les mêmes choses, les mêmes circonstances, ça devient pénible, embêtant, long, difficile, laborieux, oh!... C’est comme cela et comme cela (Mère fait basculer sa main d’un côté et de l’autre comme sur une étroite frontière), comme cela, comme cela.

Et c’est cela qui vous fait bien sentir que ce ne sont pas les choses en elles-mêmes qui comptent. Ce que nous appelons «en elles-mêmes», ce n’est pas vrai! Ce n’est pas vrai: c’est le rapport de la conscience avec ces choses. Et ça a une puissance formidable puisque, dans un cas, on touche quelque chose, on le laisse tomber, ou en tout cas ça se présente mal; et dans l’autre cas, c’est si joli! ça s’arrange. Même les mouvements les plus difficiles se font sans difficulté. C’est un pouvoir insensé! Et c’est parce qu’il n’a pas des effets, tu sais, grandioses, que nous ne lui donnons pas d’importance – ça n’a pas d’effets grandioses. Oui, il y a ces grâces d’état quand on se trouve en présence d’une grande difficulté, et tout d’un coup on a tout le pouvoir nécessaire pour faire face – ça, oui, c’est entendu; mais ce n’est pas ça: c’est dans la vie ordinaire.

L’autre jour, j’ai eu un exemple comme cela: quelqu’un m’avait écrit une lettre dans un état tout à fait détestable, et impossible, je ne pouvais pas répondre, je ne savais pas quoi dire. Simplement j’ai mis la Force et je suis restée comme ça (geste d’offrande à la Lumière). J’ai dit: «On verra.» – Quelques heures après (je savais que j’allais voir cette personne), je ne savais même pas si je dirais que j’avais lu ou que je n’avais pas lu la lettre, ou plutôt si ce que je dirais serait le résultat d’avoir lu la lettre ou pas. J’en étais à ce point-là – rien. Je rencontre la personne: il était arrivé le matin même une petite circonstance... qui changeait tout! Alors j’ai su immédiatement ce qu’il fallait dire, ce qu’il fallait faire, et tout s’est arrangé.

C’est comme cela. C’est un exemple. C’était avant-hier, c’est pour cela que je le mentionne, mais ça arrive tout le temps.

Alors j’ai pris l’habitude: je fais toujours comme cela (geste d’abandon à la Lumière). Quand un problème se présente, je fais comme cela, je l’offre au Seigneur et puis je laisse. Et au moment où la solution doit venir, elle vient – elle vient en faits, en actes, en mouvements.

Seulement je ne serais satisfaite (est-ce qu’on peut jamais être satisfait?) enfin je ne commencerais à être satisfaite que si cela, c’était une condition constante et totale, c’est-à-dire dans toutes les circonstances et à tous les moments, nuit et jour. Et est-ce que c’est possible avec... n’est-ce pas, c’est une inondation qui me vient du dehors! constante. Ce matin quand je marchais, j’étais plutôt (comment dire?) un témoin – ce qu’il a pu en arriver des choses! qui venaient comme cela du dehors! une chose, l’autre, l’autre. Et un mélange! de tous les côtés, de tous les gens, de tout. Et pas seulement d’ici: de loin-loin-loin sur la terre, et quelquefois loin dans le temps – loin dans le temps: dans le passé, des choses du passé qui venaient pour être rangées, se présenter dans la nouvelle Lumière pour être mises à leur place. Et c’est toujours cela: chaque chose qui veut être mise à sa place. Et alors c’est un travail constant et... C’est tout le temps comme si on attrapait une nouvelle maladie et qu’il faille la guérir.

C’est un nouveau désordre qu’il faut rétablir.

Au fond, on est très paresseux.

Tiens, j’ai lu, pour ma consolation, que Sri Aurobindo a écrit qu’il était très paresseux! – On est très paresseux. On voudrait (riant) jouir béatifiquement des efforts qu’on a faits!

Voilà.

C’est l’heure, mon petit...6

 

1 Tamas: le principe d’inertie et d’obscurité.

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2 Pralaya: La destruction d’un univers à la lin d’un cycle. Selon la cosmologie hindoue, chaque formation d’univers commence par un «âge de vérité» (salya-yuuga) qui se dégrade lentement, comme les étoiles, jusqu’à ce qu’il n’y ail plus de vérité du tout, un «âge noir» (kali-youga), comme le nôtre, qui s’achève par un cataclysme. Puis un nouvel univers renaît de ce cataclysme et le cycle recommence. Ceci correspondrait à la théorie du «Big Bang» selon laquelle une phase de contraction, ou d’écroulement des galaxies sur elles-mêmes, succède à la phase d’expansion et précède une nouvelle explosion de l’«oeuf originel», et ainsi de suite. Une série récurrente, et apparemment sans fin, ni but, de naissances cosmiques comme nos naissances humaines, qui se développent, atteignent quelque «sommet», puis s’effondrent pour recommencer toujours. Selon Théon, notre univers actuel serait le septième – mais où est le «commencement»?

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3 Notons que l’astronomie moderne est partagée entre la théorie du «Big Bang» avec ses phases de contraction-explosion-expansion, ad infinitum, et la théorie d’un univers en expansion infinie, qui semble tout aussi catastrophique puisque l’univers s’enfonce avec une vitesse vertigineuse dans un infini de plus en plus froid, vide et mortel, comme une balle que ne retiendrait plus aucune force de gravitation, jusqu’à... jusqu’où? Selon les astronomes, c’est la mesure exacte de la quantité de matière par mètre cube de l’univers actuel (un atome pour 400 litres d’espace) qui devrait permettre de départager ces deux théories et nous dire dans quel sens nous mourrons le mieux: s’il y a plus d’un atome pour 400 litres d’espace, la quantité de matière serait suffisante pour que l’effet de gravitation qu’elle crée freine l’expansion actuelle des galaxies et provoque une contraction s’achevant par une explosion dans un espace infime. S’il y a moins de 1 atome par 400 litres d’espace, la quantité de matière serait insuffisante, et donc l’effet de gravitation insuffisant pour retenir les galaxies dans leur invisible filet, et tout filerait à perpétuité – à moins que nous ne découvrions avec Mère une troisième position, celle de l’«équilibre progressif» où la quantité de matière dans l’univers s’avérerait être en fait une quantité de conscience dont la contraction ou l’expansion se réglerait par des lois de la conscience?

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4 Quand le voile de mensonge est parti: la conscience supramentale.

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5 Interrogée plus lard sur le sens de celle phrase, Mère s’est mise à rire: «Je l’ai dit de l’autre côté! C’est dit du côté où la notion d’espace n’est plus si concrète!»

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6 Il existe un enregistrement de cette conversation.

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l'Agenda de Mere. Volume 4. 28 aoűt 1963

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Quand on descend dans le subconscient, il y a un moment oů ce n’est plus un subconscient personnel, c’est tout le monde qui est lŕ! Alors comment (je ne parle pas de toi, mais de gens comme nous, par exemple) comment peut-on faire pour changer cela? Parce que c’est un tonneau des Danaďdes! A chaque instant ça rentre, ça rentre... des vibrations du monde entier. Comment peut-on changer ça?

Non, il faut prendre le problčme de l’autre façon.

L’évolution commence par l’Inconscient, l’Inconscient complet, et, de cet Inconscient, petit ŕ petit émerge un Subconscient, c’est-ŕ-dire une demi-conscience ou un quart de conscience... Il y a deux choses différentes. Prenons la vie de la terre (parce que dans l’univers le procédé est un petit peu différent), mais la vie de la terre commence par un Inconscient total et, de lŕ, ce qui était involué dedans, petit ŕ petit, petit ŕ petit, travaille et change cet Inconscient en une semi-conscience ou en sub-conscience. Et en męme temps, il y a un travail individuel qui éveille l’inconscient individuel ŕ une semi-conscience individuelle, et naturellement c’est lŕ-dessus que l’individu a le contrôle – mais en fait ce n’est pas individualisé parce que l’individualisation commence avec la conscience. Par exemple, si nous prenons le subconscient des plantes ou le subconscient des animaux, ce n’est pas individualisé; ce que l’on pourrait appeler le comportement d’un animal ne provient pas d’une individualisation mais du génie de l’espčce. Par conséquent, le subconscient individuel est déjŕ quelque chose qui a évolué du Subconscient général. Mais quand on descend pour faire un travail de transformation – par exemple, pour amener la Lumičre dans les différentes couches de vie –, eh bien, on descend dans un Subconscient cosmique, terrestre. Un Subconscient terrestre. Ce n’est pas un subconscient individuel. Et le travail se fait dans l’ensemble: il ne se fait pas par une individualisation, il se fait par le mouvement contraire, par une sorte d’universalisation.

Non, ce que je veux dire, c’est qu’automatiquement, quand on progresse, on s’universalise...

Oui, forcément.

Alors on nous dit qu’il faut changer ce Subconscient, y amener de la Lumičre. Mais comme c’est quelque chose d’universel, ça n’a pas de fin! Parce que ŕ chaque instant ce sont des vibrations nouvelles qui viennent...

Mais non!

...qui viennent du dehors, d’ici, de lŕ – c’est sans fin. Comment peut-on changer ça?

Non, ce n’est pas sans fin parce que ça a les limites de l’atmosphčre terrestre.

Oui, c’est déjŕ pas mal!

Oui, mais alors ce n’est pas sans fin.

Mais alors comment peut-on agir lŕ-dessus? Toutes ces vibrations qui rentrent, qui rentrent, toutes ces choses du monde, de toute la (erre.

Ce n’est pas difficile: de la minute oů tu l’universalises, tu agis sur le tout.

Mais męme Bouddha disait que si vous avez une vibration de désir, cette vibration fait le tour de l’atmosphčre terrestre – c’est le contraire qui est impossible! c’est de se séparer qui est impossible. On se sépare en idée mais on ne peut pas se séparer en fait. C’est-ŕ-dire que si tu essayes de supprimer le Subconscient en toi, il faut que ton mouvement soit général; il ne peut pas ętre personnel, tu n’y arriverais jamais.

Oui, bien sűr, mais ce sont des vibrations qui se recréent sans cesse.

Non, elles ne se recréent pas.

Mais ŕ chaque instant, il y a des gens qui ont de mauvais mouvements, alors?

Alors ça reste dans l’atmosphčre. Ça tourne en rond dans l’atmosphčre de la terre. Mais l’atmosphčre de la terre par rapport ŕ l’univers, c’est une chose trčs petite. Eh bien, lŕ-dedans, ça tourne en rond. Et au contraire, ŕ cause du mouvement d’évolution, ça progresse: c’est-ŕ-dire que l’Inconscient de maintenant n’est pas aussi inconscient que l’Inconscient du commencement, et le Subconscient de maintenant n’est pas aussi sub-conscient et aussi généralisé qu’au commencement. C’est cela qui représente l’évolution terrestre.

Mais tu disais que ça tourne dans l’atmosphčre terrestre, cela veut dire justement que les vibrations se recréent sans cesse?

Mais ça ne se recrée pas: ça tourne, ce n’est pas la męme chose!

Recréer, cela voudrait dire que, des autres sphčres, ou du Supręme, un nouveau contingent d’Inconscient et de Subconscient viendrait – eh bien, non. Nous prenons cela comme un «accident»: c’est arrivé, c’est arrivé. Cela ne fait pas partie d’une création infinie et éternelle.

Mais alors, nos vibrations de conscience ont un effet pour changer ces vibrations générales?

Ah! oui.

En fait, nous sommes les premiers instruments possibles pour commencer ŕ faire progresser le monde. Par exemple (c’est une façon de dire), il est probable que la transformation de l’Inconscient en Subconscient est beaucoup plus rapide et beaucoup plus complčte qu’avant l’arrivée de l’homme sur la terre: l’homme est un des premiers éléments de transformation. Évidemment, les animaux sont plus conscients que les plantes, c’est évident, mais enfin le progrčs voulu (et par conséquent beaucoup plus rapide) appartient ŕ l’humanité. De męme, what one expects, ce que l’on espčre (plus qu’espčre!) quand la nouvelle race supramentale sera sur la terre, le travail ira beaucoup plus vite; et alors forcément l’homme en profitera. Et comme les choses se feront dans l’ordre au lieu de se faire dans le désordre mental, il est probable aussi que les animaux en profiteront et que tout en profitera; c’est-ŕ-dire que la terre tout entičre, prise comme une entité, progressera de plus en plus vite. Et l’Inconscient (oh! tout me vient en anglais, c’est ça, la difficulté!) is meant to go: il est entendu que l’Inconscient disparaîtra, et forcément le Subconscient disparaîtra.

Grossičrement, cela veut dire que la Matičre physique deviendra consciente?

Oui, d’une certaine façon. Elle deviendra réceptive. Le mode de vie ne changera pas nécessairement, mais la forme de vie changera. La Matičre sera «responsive». Cela se dit en français, «responsif»?

Réceptif?...

Non, réceptif est une chose, responsif en est une autre – c’est-ŕ-dire répondre. La Matičre répondra ŕ la volonté consciente. C’est bien pour cela qu’il y a un espoir, autrement comment pourrait-il y avoir une transformation? – Les choses resteraient toujours comme elles sont! Dans quel genre de terre pourrait vivre la race supramentale s’il n’y avait pas réponse de la Matičre, si la Matičre ne commençait pas ŕ vibrer et ŕ répondre ŕ la volonté? Ce serait toujours les męmes difficultés. Et ce n’est pas limité; męme si, par exemple, on conçoit un pouvoir sur le corps qui rende la vie corporelle différente, il faut que cette vie corporelle nouvelle puisse exister dans un entourage – elle ne peut pas rester suspendue en l’air! Il faut que l’entourage réponde.

Et il est tout évident que l’Inconscient et le Subconscient et le semi-conscient, tout cela, est accidentel; par conséquent, cela ne fait pas partie définitivement de la création, c’est appelé ŕ disparaître, ŕ se transformer.

Mais moi-męme, il y a des années, quand, avec Sri Aurobindo, nous avons passé de plan en plan (ou de mode de vie en mode de vie) et que nous sommes arrivés au Subconscient, on s’est aperçu que ce n’était plus individuel: c’était terrestre. Le reste, le mental, le vital, le corporel (naturellement) est individualisé; et puis, de lŕ, quand on descend en dessous, c’est fini. Il y a bien quelque chose entre la vie consciente du corps et cette vie subconsciente terrestre, il y a comme des éléments qui sortent1 et qui sont le résultat de l’action de la conscience individuelle sur la substance subconsciente: cela fait une sorte de semi-conscience, et ça reste. Par exemple, quand on dit aux gens: «Vous avez repoussé votre difficulté dans le subconscient, et elle remontera de lŕ», ce n’est pas le Subconscient général: c’est quelque chose du Subconscient qui s’est individualisé sous l’action de la conscience individuelle, et ça reste lŕ, en dessous, et puis ça revient. C’est pour ainsi dire interminable, męme la partie personnelle.

Je continue toutes les nuits ŕ voir des choses, tu sais, de plus en plus ahurissantes, qui sortent du Subconscient, comme cela, pour se faire transformer. Et alors c’est une sorte de mélange (ce n’est pas clairement individualisé), une sorte de mélange de tout ce qui était proche (plus ou moins proche) dans la vie. Et lŕ, par exemple, il y a des gens qui sont mélangés. N’est-ce pas, on revit les choses, un peu comme les gens qui ont des ręves (ce ne sont pas des «ręves», n’est-ce pas), mais on revit tout cela dans un certain cadre, dans un certain ensemble de circonstances symboliques, ou expressives en tout cas. Et alors lŕ, encore il y a deux jours, j’ai eu affaire ŕ quelqu’un (j’avais quelque chose ŕ faire avec quelqu’un, parce que je travaille activement lŕ-dedans), et voyant cette personne, je me disais: «Mais est-ce que c’est celle-ci ou est-ce que c’est celle-lŕ?» Et quand j’ai commencé ŕ regarder avec une conscience plus objective (la conscience d’un témoin, quand j’étais moins dans l’action), je me suis aperçue que c’était tout simplement un mélange des deux personnes et que, dans le Subconscient, tout cela c’est mélangé!... Déjŕ au Japon, il y avait quatre personnes que je ne pouvais jamais distinguer dans mes activités de la nuit; toutes les quatre étaient toujours mélangées (et Dieu sait qu’ils ne se connaissaient męme pas!) mélangés parce que leurs réactions subconscientes étaient identiques.

Au fond, c’est cela la légitimation de l’ego. Parce que si nous n’avions pas eu un ego, formé un ego, on aurait vécu tout mélangé (Riant), tantôt l’un, tantôt l’autre! Oh! quand on voit cela, c’était si drôle l’autre jour, c’était si amusant! Sur le moment, c’était un peu ahurissant, et puis, quand j’ai eu bien regardé, c’était tout ŕ fait amusant: deux petites personnes! Et physiquement, elles ne se ressemblent pas, mais elles sont d’un type similaire, c’est-ŕ-dire petites et puis... bref, il y a une similitude. C’est comme mes quatre hommes du Japon: il y avait un Anglais, un Français, un Japonais et encore un autre, chacun d’un pays différent; eh bien, la nuit, tous les męmes! Et tous les męmes comme si on voyait l’un ŕ travers l’autre, comme ça, mélangé – trčs amusant.

Mais on ne s’individualise que lentement et difficilement. Et c’est pour cela qu’on a un ego, autrement on ne serait jamais individualisé, on serait... (riant) toujours une sorte de place publique!

Au fond, cette individualisation, et par conséquent cette nécessité de l’ego, c’est pour que le retour ŕ la Conscience divine soit un retour conscient et voulu, avec la pleine participation consciente.

A propos d’individualisation, il y a une question que je me suis posée: quand on parle de «l’ętre central», par exemple, cet ętre central est quelque chose qui n’est pas dans la vie physique, il est au-dessus, n’est-ce pas...

C’est dedans et au-dessus et partout! (Mčre rit) Non, ŕ moins que tu n’apprennes ŕ penser avec la quatričme dimension tout le temps, tu ne comprendras jamais rien.

Mais Sri Aurobindo dit que cet ętre central est «unborn» [non né]. Je voudrais savoir si cet ętre central est quelque chose d’individuel, si chacun a un ętre central?

Il n’est pas séparé de l’autre.

Il n’est pas séparé de l’autre? Comment? Il n’est pas séparé du Divin, il est un avec le Divin. Mais est-ce qu’on a chacun un ętre central individuel, particulier, ou est-ce que c’est l’ętre central de tout le monde?

Il devient personnel dans notre conscience. C’est un phénomčne de conscience. Il n’est pas séparé – jamais séparé.

Non, il n’est pas séparé. Mais est-ce qu’il a une individualité.

Il n’est jamais séparé, ni du Centre (si l’on peut appeler cela «centre»!) ni de l’ensemble. Et dčs qu’on est en rapport avec lui, le problčme ne se pose plus: c’est de toute évidence, ça ne peut pas ętre autrement.

Parce que quand on perd l’ego et que l’on trouve cet ętre central, Sri Aurobindo dit qu’il reste une individualité, ce n’est pas une dissolution. On a une personnalité.

Oui, il reste une personnalité.

Cette personnalité, c’est donc celle de l’ętre central, c’est la Personnalité vraie.

Oui.

C’est donc quelque chose qui est quand męme individuel, ce n’est pas un moi impersonnel.

Individuel dans l’action, dans la manifestation.

Et alors c’est lŕ le problčme: Sri Aurobindo dit que c’est permanent, tandis que toutes les anciennes traditions disent que ça disparaît avec la disparition du corps.

C’est un moi individuel permanent?

Autrement il ne pourrait pas y avoir de vie matérielle permanente, parce que c’est le caractčre męme de la matérialisation. Et si ça, c’était appelé ŕ disparaître, alors le phénomčne de dissolution physique deviendrait un phénomčne permanent, c’est-ŕ-dire qu’il n’y aurait jamais d’immortalité matérielle; parce que, aprčs avoir épuisé une certaine... (au fond, une certaine somme d’illusions ou de désordres ou de mensonges), on retournerait ŕ la Vérité. Tandis que, selon Sri Aurobindo, ce n’est pas comme cela: c’est la Vérité (cette individualisation, cette personnalisation individuelle est un phénomčne divin réel, véritable), c’est seulement la déformation de la conscience qui est un mensonge. C’est-ŕ-dire que quand on retrouve la conscience vraie de l’Unité (l’Unité ŕ la fois dans le manifesté, dans le non-manifesté, et supérieure au manifesté et au non-manifesté – «supérieure», c’est-ŕ-dire contenant en soi également le manifesté et le non-manifesté), eh bien, cette Vérité-lŕ inclut la personnalisation matérielle, autrement ça2 ne pourrait pas exister.

Mais chacun a une personnalité différente?

Oui... peut-ętre pas chacun dans le désordre actuel (!) mais en principe.

Chaque ętre conscient?

Oui, en principe – chaque âme vraie.

Vraie, c’est-ŕ-dire formée?

Oui, «formée», si tu commences par en bas. Mais si tu le prends par en haut... (Mčre rit)

Chacun représente quelque chose du Divin?

On peut dire comme cela, mais c’est encore séparatif.

Mais qu’est-ce que c’est que cette personnalité!?

C’est un mode d’ętre.

C’est ce qui fait que chacun est différent de l’autre.

C’est un mode d’ętre, oui, d’une certaine maničre, dans son essence – dans son essence parce que si c’était dans la manifestation, tout cela est appelé ŕ disparaître. Oui, ce sont des modes d’ętre. Comme ŕ la premičre manifestation quand il y a eu ces quatre modes d’ętre qui ont été les premiers créés.3

Mais lŕ, il y aurait d’innombrables modes d’ętre, chacun représentant un aspect?

Oui, la multitude, autrement il ne peut pas y avoir de Jeu.

Justement, je viens de traduire un passage oů Sri Aurobindo parle de «la jouissance et la possession de l’Un avec la multitude, de la multitude avec l’Un, et de la multitude avec la multitude.»4 Par conséquent, s’il y a un jeu comme cela, il faut que ce soit innombrable: une diversité innombrable.

Alors comment se fait-il que tous ceux qui ont eu des réalisations dans le passé, qui ont trouvé le Moi véritable, aient tous dit que c’était la dissolution de l’individu, qu’il ne restait pas de personnalité?

Pas tous! Ce sont ceux qui sont allés dans la Non-existence. Mais il est évident, par le contenu des Védas, par exemple, que ces «ancętres» dont ils se souvenaient étaient des gens qui avaient réalisé l’immortalité sur la terre (ils existent peut-ętre encore, nous n’en savons rien!) Et ils avaient la męme conception que Sri Aurobindo.

L’autre tradition, celle dont Théon disait qu’elle était ŕ l’origine de la Kabbale (il disait qu’elle était ŕ l’origine des deux: de la Kabbale et des Védas), cette tradition avait la męme conception que celle de Sri Aurobindo, c’est-ŕ-dire la conception de la vie divine, d’un monde divin; que le sommet de l’évolution serait la divinisation de tout ce qui est objectivé, avec, ŕ partir de ce moment-lŕ, une progression sans recul (parce que maintenant, on avance et puis on recule, on avance et puis on recule encore), mais alors, ce mouvement de recul ne sera plus nécessaire: ce sera une ascension continue. Ils avaient cette conception-lŕ. Parce que Sri Aurobindo n’avait rien écrit encore au moment oů j’ai rencontré Théon, et Théon m’a parlé trčs clairement de cette conception-lŕ (Théon avait écrit toutes sortes de choses mais pas philosophiques: c’était tout des histoires, et alors des histoires fantastiques! mais il y avait, derričre, une connaissance qui était celle-lŕ – la męme). Et quand on lui demandait d’oů il la tenait, il disait que c’était antérieur ŕ la Kabbale et antérieur aux Védas – il connaissait bien le Rig-Véda.

Mais Théon n’avait pas du tout idée de la voie de la bhakti [dévotion, amour], pas du tout. L’idée de surrender au Divin [soumission, abdication] lui était absolument étrangčre. Mais il avait l’idée de la Présence divine ici (Mčre désigne le centre du cśur), du Divin immanent et de l’union avec Ça. Et il disait que c’était par l’union avec Ça et en laissant Ça transformer l’ętre, qu’on arriverait ŕ cette création divine et ŕ la transformation de la terre.

C’était, lui qui, le premier, m’a donné cette idée que la terre était symbolique, représentative – symbolique de l’action universelle concentrée pour permettre aux forces divines de s’incarner et de travailler concrčtement. Tout cela, c’était de lui que je le tenais.

A propos, quelque part, tu dis que les dieux aussi doivent s’incarner pour devenir complčtement conscients.

Oui, parce que...

Comment est-ce possible? Les dieux ne sont pas complčtement conscients!

Non: ils n’ont pas d’ętre psychique, alors tout ce côté-lŕ de la vie n’existe pas pour eux.

Toutes les traditions que l’on trouve ici, dans l’Inde (et dans d’autres pays aussi, dans d’autres religions aussi), oů ces dieux sont des ętres impossibles la plupart du temps (I) eh bien, c’est parce que les dieux n’ont pas d’ętre psychique. L’ętre psychique est une chose qui appartient ŕ la vie terrestre en propre; il a été (comment dire?)... une grâce, pour réparer, défaire ce qui avait été fait.

Oui, mais les dieux sont conscients du Divin?

Écoute, mon petit, ils sont conscients de leur divinité! surtout de ça.

Ils sont branchés, oui, mais ils n’ont pas la moindre idée de ce qu’est le surrender. J’en ai l’expérience.

J’ai eu une expérience trčs intéressante – était-ce l’année derničre ou l’année d’avant, je ne sais pas, mais c’était aprčs ętre remontée...5 Tu sais qu’au moment des poudjâs, ces déesses viennent tout le temps (elles n’entrent pas dans le corps en se liant, mais elles viennent pour se manifester), et cette fois-lŕ (je crois bien que c’était le poudjâ de l’année derničre, pas plus tôt que cela), il y avait Dourga (Dourga vient toujours quelques jours d’avance et elle reste dans l’atmosphčre: elle est lŕ, comme ça – geste, comme si elle se promenait avec Mčre), et alors cette fois-lŕ, pendant mes méditations lŕ-haut, j’avais un rapport avec elle, et il y avait le nouveau Pouvoir qui est en moi, dans ce corps maintenant – dans ce corps – et... (comment peut-on dire cela?) je la faisais participer ŕ cette conception du surrender. Et elle a eu une expérience, mon petit! Elle a eu une expérience extraordinaire: de la joie de se brancher. Et elle a déclaré: «A partir de ce moment, je suis une bhakta6 du Seigneur.»

C’était beau.

N’est-ce pas, c’est une Puissance formidable: c’est une Puissance universelle, éternelle, formidable. Eh bien, cette expérience, elle ne l’avait jamais eue: elle avait l’expérience de son pouvoir. Elle recevait les Ordres et obéissait aux Ordres, mais comme ça, automatiquement. Et tout d’un coup, elle a senti l’extase d’ętre un instrument conscient.

C’était vraiment... c’était vraiment beau.

Je le savais parce que je me souviens du temps oů je donnais mes méditations quand Sri Aurobindo était lŕ. Je descendais l’escalier pour donner une méditation aux gens qui étaient dans le hall (tu sais, il y a une plinthe ŕ un certain endroit, lŕ, au dessus des colonnes): tous les dieux étaient assis lŕ – Shiva, Krishna, Lakshmi, la Trimourti, tous-tous-tous, des petits, des grands, qui venaient et puis qui s’asseyaient lŕ. C’était trčs joli ŕ voir. Et réguličrement ils venaient tous les jours et ils étaient lŕ, et ils assistaient ŕ la méditation. Mais ce n’était pas l’adoration du Supręme, n’est-ce pas, ils n’avaient aucun besoin de cette conception: ils avaient le plein sentiment de leur divinité éternelle, chacun avec son mode d’ętre. Et ils sentaient bien, puisque chacun savait qu’il pouvait représenter tous les autres (l’adoration populaire était comme cela,7 ils le savaient), ils se sentaient une sorte de communauté, mais ils n’avaient aucune de ces qualités que donne la vie psychique: pas l’amour profond, la sympathie profonde, le sens de l’union. Ce n’était pas cela: ils avaient le sens de leur divinité. Ils avaient aussi des mouvements trčs particuliers mais pas cette espčce d’adoration du Supręme et de sentiment qu’ils étaient des instruments – ils représentaient le Supręme. Chacun représentait le Supręme, par conséquent pleinement satisfait de sa représentation.

Il n’y avait que Krishna parce que... En 1926 (c’était en 26, je crois), j’avais commencé une sorte de création de l’Overmind [le Surmental], c’est-ŕ-dire que j’avais fait descendre l’Overmind dans la Matičre, sur la terre, et puis je commençais ŕ préparer tout cela (il y avait des commencements de miracles et toutes sortes de choses). Et alors, ces dieux, je leur demandais de s’incarner, de s’identifier ŕ un corps (il y en avait qui refusaient absolument), mais j’ai vu de mes yeux Krishna, qui était toujours en rapport avec Sri Aurobindo, consentir ŕ venir dans son corps. C’était un 24 novembre. Ça a été le début de «Mother» [«Mčre»].8

Oui, justement, je voulais te demander ce qu’est cette réalisation de 1926?

C’est cela: c’est Krishna qui a consenti ŕ descendre dans le corps de Sri Aurobindo – fixé lŕ, tu comprends (il y a une grande différence entre s’incarner, se fixer, et puis agir comme une influence qui vient et va, qui bouge). Les dieux sont toujours ŕ bouger; nous-męmes, dans notre ętre intérieur, nous allons, nous venons, nous agissons dans cent ou mille endroits en męme temps, c’est évident. Il y a une différence entre accepter d’ętre lié d’une façon permanente au corps, ou simplement de venir comme cela – entre une influence permanente et une présence permanente. Ces choses-lŕ, il faut en avoir l’expérience.

Mais cette réalisation a marqué un tournant dans la sâdhanâ de Sri Aurobindo, en quel sens?

Non, c’était un phénomčne important pour la création; pour lui, cela lui était assez indifférent. Seulement je le lui ai dit.

Et alors, c’est ŕ partir de ce moment-lŕ qu’il a décidé de ne plus avoir affaire aux gens, de se retirer. Il a appelé tous les gens, il a eu une derničre réunion (parce qu’il sortait tous les jours, il voyait tous ceux qui venaient le voir, ils causaient ensemble – c’est cela, l’origine de ces fameux «Talks with Sri Aurobindo»9 – Mčre va dire quelque chose de sévčre, puis Elle se ravise – enfin...) Il voyait, il recevait les gens, ils étaient lŕ – moi, je ne voyais personne, je vivais dans les chambres intérieures; lui, sortait dans la véranda, il voyait tout le monde, recevait les gens, parlait, discutait, etc., et c’était seulement quand il rentrait que je le voyais.

Mais alors, aprčs un certain temps, j’ai eu, moi aussi, des méditations avec les gens (j’avais commencé cette sorte de «création surmentale», ŕ faire descendre chaque dieu dans un ętre: il y avait une courbe ascendante extraordinaire!) J’étais donc en relation avec tous ces ętres et j’ai demandé ŕ Krishna (parce que je le voyais toujours lŕ autour de Sri Aurobindo), je lui ai dit: «Ça, c’est trčs gentil, mais maintenant, moi, je veux une création sur la terre: tu t’incarnes.» Il a dit oui. Et je l’ai vu, je l’ai vu de mes yeux, comme ça (naturellement des yeux intérieurs), qui se liait ŕ Sri Aurobindo.

Alors je suis entrée dans la chambre de Sri Aurobindo et je lui ai dit: «Voilŕ ce que j’ai vu.» Il m’a répondu: Yes, I know! (Mčre rit) «Oui, je sais», et il a dit: «C’est bien, je prends la décision de me retirer et c’est vous qui prenez la charge des gens (il y en avait ŕ peu prčs une trentaine). C’est vous qui prenez la charge.» Et alors il a appelé tout le monde, il a eu une derničre réunion, il s’est assis (il m’a fait asseoir ŕ côté de lui), et il a dit aux gens: «Je vous ai appelés pour vous dire qu’ŕ partir d’aujourd’hui, je me retire pour ma sâdhanâ et c’est Mčre qui prendra la charge de tout le monde: c’est ŕ elle que vous devrez vous adresser, c’est elle qui me représentera, c’est elle qui fera tout le travail» (il ne me l’avait pas dit!) Mčre rit beaucoup.

Et c’étaient tous des gens trčs intimes, n’est-ce pas, qui avaient toujours été trčs intimes avec Sri Aurobindo, et ils ont demandé: «Mais pourquoi-pourquoi-pourquoi?» Il a répondu: «On vous expliquera.» Moi, je n’avais aucune intention d’expliquer rien du tout et je me suis retirée avec lui, mais c’est Datta qui a expliqué (une Anglaise qui était partie d’Europe avec moi et qui est restée ici jusqu’ŕ sa mort – elle avait des sortes d’inspiration). Alors, quand je me suis retirée avec Sri Aurobindo, elle a commencé ŕ parler; elle a dit qu’elle sentait Sri Aurobindo parler en elle, elle a tout expliqué: que c’était Krishna qui s’était incarné et qu’ŕ partir de ce moment-lŕ, Sri Aurobindo allait faire une sâdhanâ intensive pour la descente du Supramental; que c’était comme une adhésion de Krishna ŕ la descente du Supramental sur la terre, et que, comme Sri Aurobindo serait occupé et qu’il ne pouvait pas s’occuper des gens, il m’avait donné la charge, et que c’était moi qui ferais tout le travail. Voilŕ.

C’était en 1926.

C’était seulement... (comment dire?) une participation de Krishna. Mais pour Sri Aurobindo personnellement, cela ne faisait aucune différence: c’était une formation du passé qui acceptait de participer ŕ la création présente, c’est tout, pas autre chose. C’était une descente du Supręme, d’il y a... quelque temps, qui consentait ŕ participer ŕ la nouvelle manifestation.

Tandis que Shiva a refusé. Shiva a dit: «Non. Quand tu auras fini ton travail, je viendrai – pas dans un monde tel qu’il est maintenant. Mais je veux bien aider.» C’est lŕ, c’est ce jour-lŕ qu’il se tenait dans la chambre, et puis il était si grand (riant) que sa tęte touchait le plafond (!) avec sa lumičre particuličre qui est un jeu d’or et de rouge – formidable, un ętre formidable! Et alors, moi, je m’étais levée et puis... (c’était comme quand il manifestait sa conscience supręme), je me suis tenue debout et... (probablement je devais ętre devenue trčs grande aussi parce que j’avais ma tęte sur son épaule, juste, juste au-dessous de sa tęte ŕ lui – ça veut dire que je devais ętre assez grande aussi), et c’est ŕ ce moment-lŕ qu’il m’a dit: «Non, je ne me lierai pas ŕ un corps, mais tout ce que tu veux de moi, je te le donne» (et tu sais: pas avec des mots). Alors la seule chose que je lui ai dite: «Je ne veux plus d’ego physique.»

Et mon petit (riant), c’est arrivé! Mais alors c’était si extraordinaire!... Au bout d’un moment, je suis allée trouver Sri Aurobindo, et puis je lui ai dit: «Voilŕ ce qui est arrivé. J’ai une drôle de sensation (riant), que ce n’est plus aggloméré, les cellules ne sont plus agglomérées! Ça va s’éparpiller!» Alors il m’a regardé, il a souri, il a dit: «Pas encore.» Not yet. cet effet-lŕ a disparu.

Mais l’autre m’avait bien donné ce que je voulais!

Not yet, a dit Sri Aurobindo.

Non, ce n’était pas pręt, c’était trop tôt, beaucoup trop tôt.

(silence)

J’ai eu cela il y a deux ans.10 Mais maintenant il y a autre chose, les choses sont différentes maintenant. Voilŕ. Alors je ne t’ai pas répondu.

Si-si, tu as répondu ŕ des tas de questions!11

 

1 C’est-ŕ-dire qui sont écartés ou éliminés du subconscient individuel.

En arričre

2 Il nous semble que «ça» désigne l’immortalité physique.

En arričre

3 Conscience ou Lumičre, Vie, Amour ou Béatitude, Vérité, qui sont devenus les quatre premiers asouras ou démons.

En arričre

4 Voir Aperçus et Pensées: «Quel lut donc le commencement de toute l’affaire? Une existence qui se multiplia pour la seule joie d’ętre et qui se plongea en d’innombrables milliards de formes afin de pouvoir se retrouver elle-męme innombrablement.... Et quelle sera la fin de toute l’affaire? Si le miel pouvait se goűter lui-męme et goűter toutes ses gouttes ŕ la fois, et si toutes les gouttes pouvaient se goűter l’une l’autre, et chacune goűter le rayon tout entier comme elle-męme, telle serait la fin pour Dieu, l’âme de l’homme et l’univers.»

En arričre

5 Aprčs 1958.

En arričre

6 Bhakta: adoratrice.

En arričre

7 Chaque adorateur d’un culte particulier sait parfaitement que son dieu est simplement une maničre de représentation de quelque chose qui est unique.

En arričre

8 A partir de 1926, Sri Aurobindo a officiellement présenté Mčre aux disciples comme «La Mčre». Avant, Sri Aurobindo disait souvent «Mirra».

En arričre

9 «Entretiens du soir», par A.B. Purani.

En arričre

10 De nouveau, la dissolution de l’ego physique.

En arričre

11 Il existe un enregistrement de cette conversation.

En arričre

 

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7 juillet 1961

l'Agenda de Mere. Volume 4. 28 aoűt 1963

Mčre

l'Agenda

AUROBINDO.RU
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(Mère donne au disciple un zinnia blanc qu’Elle a appelé «endurance intégrale», puis une allamanda ou «victoire», puis une fleur de la «victoire supramentale»)

Voilà une endurance intégrale. Mais... la victoire. La Victoire. Et ça [une autre fleur en grappe], c’est la victoire supramentale, c’est-à-dire la victoire dans tous les détails.

Ça vient par grappes, mais gros-gros comme ça, il y en a beaucoup-beaucoup.

Voilà.

Et je continue à lire...

On Himself?1

Oui, l’explication de son yoga et ce qu’il veut que nous réalisions. Quand je l’ai lu hier soir, je lui ai dit: «Comment espères-tu que cela puisse être fait là-dedans!» (Mère désigne son propre corps en riant). Alors il m’a dit: «Non-non-non! ce n’est pas ça!... Il faut maintenant apprendre à durer. Nous en reparlerons (m’a-t-il dit) dans deux ou trois cents ans.» Ah! (riant) j’ai dit «Bien!» Il m’a dit: «Il faut apprendre à durer.»

Bon, on va apprendre à durer.

C’est pour cela que je t’ai donné cette «endurance intégrale»: c’est son message.

(silence)

On ne peut durer que, vraiment, si on est absolument indifférent – ça, c’est tout à fait évident. Il faut que ce soit comme cela (geste comme une mer étale). Parce qu’il y a un état dans lequel on se trouve tout d’un coup où on a l’impression: ça, ça peut durer pour toujours – cela n’a aucune importance, ça dure et dure et dure et dure... (Mère étend ses bras, comme si elle flottait sur une mer immense, à l’infini) comme ça, pour toujours. Ça, j’ai eu cet état-là très souvent. Là, on sent que vraiment... Et il faut l’avoir, pas dans la tête (la tête, on peut l’avoir très facilement), c’est ici, c’est là-dedans (Mère frappe ses genoux), c’est quand le corps attrape ça. Quand le corps attrape ça, il n’y a rien qui lui soit désagréable et rien qui lui soit agréable – il n’a pas de plaisir, n’est-ce pas, et il n’a pas de dégoût ni de malaise ni rien: il est dans un état, oh!... (même geste comme une mer étale).

C’est très intéressant.

Très souvent cela arrive au balcon, parce que je suis concentrée sur... n’est-ce pas, la Lumière qui descend; et alors, très souvent, le corps devient comme ça, complètement immobile.

Comme ça, on peut durer.

Bon, il faut travailler.

(Mère prend le texte de «Pensées et Aphorismes»)

Tu m’as apporté une question?

Oui.

Ah! j’ai vu T,2 elle m’a déclaré qu’elle trouvait que c’était trop difficile, parce que cela lui paraît tout le temps la même chose (!) et alors elle n’a rien à demander. Alors nous avons décidé qu’elle ne me poserait plus de questions, excepté si, par hasard, une fois, il y a quelque chose tout d’un coup qui éveille une question en elle. Autrement elle ne posera plus de questions. (Mère pousse un soupir de soulagement)

63 – Dieu est grand, disent les musulmans. Certes, Il est si grand qu’il peut se permettre d’être faible chaque fois que cela aussi est nécessaire.

64 – Dieu échoue souvent dans Ses œuvres; c’est le signe de Sa divinité sans limite.

65 – Parce que Dieu est invinciblement grand, Il peut se permettre d’être faible; parce qu’il est immuablement pur, Il peut impunément s’adonner au péché; Il connaît éternellement toutes les félicités, c’est pourquoi Il goûte aussi la félicité de la douleur; Il est inaliénablement sage, c’est pourquoi Il ne s’est pas interdit la folie.

Est-ce qu’on peut dire qu’il arrive vraiment que Dieu soit faible ou que Dieu échoue? Est-ce que cela arrive vraiment? Ou est-ce simplement un jeu?

Ce n’est pas comme cela, mon petit! C’est justement cela, la déformation de l’attitude occidentale moderne par opposition à l’attitude ancienne – pas ancienne mais l’attitude de la Guîta. Il est extrêmement difficile pour l’esprit occidental de comprendre d’une façon vivante et concrète que tout est le Divin. C’est tellement imprégné de l’esprit chrétien, n’est-ce pas, d’un «Dieu créateur»: la création d’un côté et Dieu de l’autre! Quand on réfléchit, on rejette cela, mais... c’est entré dans la sensation, dans le sentiment. Et alors, spontanément, instinctivement, presque subconsciemment, on prête à Dieu tout ce que l’on considère comme ce qu’il y a de meilleur, de plus beau, et surtout tout ce que l’on veut atteindre, réaliser (naturellement chacun, suivant sa propre conscience, change le contenu de son Dieu, mais c’est toujours ce qu’il considère comme ce qu’il y a de mieux). Alors, aussi instinctivement et spontanément et subconsciemment, on est choqué par l’idée que les choses que l’on n’aime pas ou que l’on n’approuve pas ou qui ne vous paraissent pas les meilleures puissent être Dieu.

Je le dis d’une façon un peu enfantine, exprès, pour que l’on comprenne bien. Mais c’est cela. J’en suis sûre parce que je l’ai observé en moi-même pendant très longtemps, et il a fallu... A cause de toute la formation subconsciente de l’enfance, à cause du milieu, de l’éducation, etc., il faut arriver à pousser au-dedans de ça (Mère touche son propre corps) cette conscience de l’Unité: de l’absolue, exclusive, unité du Divin – exclusive en ce sens que rien n’existe que dans cette Unité, même les choses qui nous paraissent les plus repoussantes.

Et c’est contre cela que Sri Aurobindo lutte parce que, lui aussi, il a eu celle éducation chrétienne, lui aussi a dû lutter. Et ces Apho-rismes sont le résultat – comme l’épanouissement en fleur – de cette nécessité de lutter contre une formation subconsciente. Et c’est cela qui produit ces questions (Mère prend un ton scandalisé): «Comment est-ce que Dieu peut être faible? Comment est-ce que Dieu peut être sot? Comment...» – Mais il n’y a rien d’autre que Dieu! Rien n’existe que Lui, il n’y a rien en dehors de Lui. Et simplement, ce qui nous paraît vilain, c’est parce que LUI ne veut plus que ce soit: Il est en train de préparer le monde pour que ce ne soit plus manifesté, que la manifestation passe de cet état à quelque chose d’autre; alors tout ce qui va sortir de la manifestation active, naturellement, au-dedans de nous, nous le repoussons avec violence. Il y a un mouvement de rejet.

Mais c’est Lui. Il n’y a pas autre chose que Lui! C’est cela, n’est-ce pas, qu’il faudrait se répéter du matin au soir, du soir au matin parce qu’on l’oublie toutes les minutes.

Il n’y a que Lui, il n’y a pas autre chose que Lui – rien n’existe que Lui, il n’y a pas d’existence sans Lui, il n’y a que Lui!

(silence)

Il y a un peu plus loin des réflexions... (Mère feuillette le texte et s’arrête à l’Aphorisme 68)... oh! il dit des choses si jolies:

68 – Le sens du péché était nécessaire pour que l’homme puisse se dégoûter de ses propres imperfections. C’est le correctif que Dieu apportait à l’égoïsme. Mais l’égoïsme de l’homme déjoue les stratagèmes de Dieu parce que l’homme s’intéresse médiocrement à ses propres péchés, tandis qu’il observe avec zèle les péchés des autres.

(Mère rit) C’est admirable!

En tout cas, voilà. Alors poser une question comme cela, c’est encore se mettre dans l’attitude de ceux qui font une distinction entre ce qui est Divin et ce qui n’est pas Divin, ou plutôt ce qui est Dieu et ce qui n’est pas Dieu. «Comment est-ce qu’il peut être faible?...» – C’est une question que je ne peux pas poser.

Je comprends bien. Mais on parle de la Lîlâ, du jeu divin, c’est donc qu’il est, en quelque sorte, en arrière, qu’il n’est pas vraiment «dans le coup» comme on dit, qu’il n’est pas vraiment dans le jeu, qu’il peut le regarder.

Si-si, Il l’est! Il l’est totalement. Le Jeu, c’est Lui-même.

On parle de Dieu, n’est-ce pas, mais il faudrait se souvenir qu’il y a toutes ces gradations de conscience, et quand nous parlons de Dieu et de son Jeu, nous parlons de Dieu dans son état transcendant, en dehors de tout, tous les degrés de matière, et quand nous parlons du «Jeu», nous parlons de Dieu dans son état matériel. Alors nous disons: Dieu transcendant est en train de regarder et de jouer (en Lui-même, par Lui-même, avec Lui-même) son jeu matériel.

Mais tout le langage – tout le langage! – est un langage d’Ignorance. Toute la façon de s’exprimer, tout ce que l’on dit et la façon dont on le dit est nécessairement de l’ignorance. Et c’est pour cela qu’il est si difficile d’exprimer quelque chose qui soit concrètement vrai; cela demanderait des explications qui, elles-mêmes, seraient pleines de fausseté (naturellement) mais enfin qui seraient extrêmement longues. C’est pour cela, quelquefois, que les phrases de Sri Aurobindo sont très longues, c’est justement quand il veut essayer de sortir de ce langage ignorant.

C’est la façon de penser qui est fausse!

Tous les croyants, tous les fidèles (ceux d’Occident en particulier), quand ils parlent de Dieu, pensent que c’est «autre chose»; ils pensent qu’il ne peut pas être faible, laid, imparfait, que c’est quelque chose d’immaculé – ils pensent faux: ils divisent. Ils séparent.3 La «perfection», pour la pensée subconsciente (ce que j’appelle la pensée subconsciente c’est une pensée qui ne se réfléchit pas: on a l’habitude de penser comme cela instinctivement et on ne se regarde pas penser), et quand on dit «perfection» d’une façon générale, justement on voit ou on sent ou on postule l’ensemble de tout ce que l’on considère comme vertueux, divin, beau, admirable – mais ce n’est pas ça du tout! La perfection, cela veut dire quelque chose dans quoi il ne manque rien. La perfection divine, c’est une totalité. La perfection divine, c’est le Divin tout entier dans lequel il ne manque rien. La perfection divine, c’est l’ensemble du Divin, duquel on n’a soustrait aucune chose – alors c’est juste l’opposé! pour les moralistes, la perfection divine, ce sont toutes les vertus qu’ils représentent!

Au point de vue véritable, la perfection divine c’est le tout (Mère fait un geste global), et justement ce qui fait la perfection, c’est le fait que rien ne peut manquer dans ce tout.4 Et par conséquent, on peut dire que chaque chose est à sa place, exactement ce qu’elle doit être, et que les rapports entre les choses sont exactement ce qu’ils doivent être aussi.

Mais la Perfection, c’est un côté pour aborder le Divin. L’Unité, on aborde d’un autre côté, et la Perfection, on aborde globalement: tout y est et tout est comme ce doit être – «doit être», c’est-à-dire expression parfaite du Divin (on ne peut même pas dire de Sa Volonté parce que si on dit «Sa Volonté», c’est encore quelque chose qui sort de Lui!)

On peut dire les choses comme cela (mais c’est très-très en dessous): Il est ce qu’il est et exactement comme Il veut être (avec le «exactement comme Il veut être», on est descendu d’un nombre considérable de marches!) Mais c’est pour donner cet angle de «perfection».

Et alors la perfection divine implique l’infini et l’éternité, c’est-à-dire que tout coexiste hors du temps et de l’espace.

(silence)

Quand je «marche» là-haut [pour le japa], il y a une série d’invocations ou de prières qui me sont venues5 (je ne les ai pas choisies: cela m’a été dicté), dans lesquelles j’implore le Seigneur de manifester sa Perfection (et je conçois très bien l’imbécillité de mon expression, mais cela correspond à une aspiration6). Quand je parle de «manifester», je veux dire manifester dans ce qui, pour nous, est ce monde matériel, physique, c’est-à-dire sa transformation. Et à chacune de ces invocations, au moment où je la prononce, il y a le sens de l’approche, et c’est pour cela que, maintenant, je peux faire tous ces discours sur la Perfection, parce que la Perfection est l’une de ces approches. N’est-ce pas, je Lui dis: «Manifeste ceci, manifeste cela, manifeste Ta Perfection...» (il y en a long, il y en a beaucoup-beaucoup, cela me prend un bon moment), eh bien, chaque fois que je dis: «Manifeste Ta Perfection», j’ai une sorte de réalisation consciente [an awareness] de ce qu’est la Perfection: c’est quelque chose de global.

C’est comme le mot «pureté», on pourrait faire des discours interminables sur la différence entre la pureté divine et ce que les gens appellent pureté. La pureté divine, c’est (tout en bas) de n’admettre qu’une influence: l’Influence divine – tout en bas. (Mais ça, c’est déjà terriblement déformé.) La pureté divine c’est: il n’y a que le Divin, pas autre chose; c’est parfaitement pur, il n’y a que le Divin, il n’y a rien d’autre que Lui.

Et ainsi de suite.

C’est la troisième année [de japa], alors ça commence à être très clair.

*
*   *

Alors maintenant, qu’est-ce que nous allons faire?

Dis ton expérience.

Je risque de me répéter.

Non, jamais! chaque fois c’est une expérience, ce n’est jamais la même chose.

Oui, j’admire les gens qui ont la même expérience plusieurs fois – je n’ai jamais pu. Il y avait un temps où j’essayais: je me suis aperçue que c’était idiot, alors je n’essaie plus. Mais je n’ai jamais eu la même expérience deux fois – jamais pu. Les gens qui réalisent quelque chose et qui le gardent, je les admire beaucoup, je ne peux pas.

Oui, cette expérience que je t’ai racontée [du 24 janvier 61], le jour où je t’ai dit: «J’ai quelque chose à te dire», il m’est arrivé d’essayer de la ravoir, parce que c’était vraiment très plaisant – jamais pu. Et toujours, quand j’essaye (c’est-à-dire quand quelque chose en moi insiste pour retrouver l’expérience), toujours je vois un Sourire et quelque chose qui me dit: «Non-non! laisse-toi aller! Tu vas voir,

tu vas voir...» – Alors on se laisse aller. Bien, ça suffit. Ça te suffit! Et loi, qu’est-ce que tu fais?

Je relis «Savitri».

Heureux homme! J’aimerais le relire.

Et plus ça avance, plus ça devient admirable.7

 

1 Des lettres de Sri Aurobindo où Il parle «de lui-même», de sa vie, son expérience ou son yoga.

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2 La disciple qui, d’habitude, pose des «questions» à Mère sur les Aphorismes de Sri Aurobindo.

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3 Cette dernière phrase n’a pas pu être enregistrée par suite d’une panne de courant.

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4 Plus tard, Mère a précisé: «Il est impossible que quelque chose manque, parce qu’il est impossible qu’il y ait quoi que ce soit qui ne fasse pas partie de ce tout, rien ne peut être qui ne soit dans ce tout. Mais je le prends à son extrême limite de sens (pas en bas: tout en haut, à l’extrême limite du sens). Je m’explique: dans un univers donné, il se peut qu’il n’y ait pas tout, parce qu’un univers est un mode de manifestation; mais il y a tous les univers possibles. Et alors je reviens toujours à la même chose: il ne peut rien y avoir qui ne fasse partie de ce tout. Si nous donnons au Tout le nom de «Dieu», par exemple, il ne peut rien y avoir qui ne fasse pas partie de Lui. N’est-ce pas, les mots sont très en bas.» (Mère fait un geste par terre)

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5 Voir Prières de la Conscience des Cellules, Agenda, tome I, p. 358.

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6 Mère avait dit avant que «tout est comme ce doit être... le Divin est ce qu’il est et exactement comme Il veut être», on ne devrait donc pas avoir besoin d’«implorer» qu’il manifeste sa Perfection.

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7 Il existe un enregistrement de cette conversation, à part ce dernier fragment qui manque.

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