Deux histoires de chat

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Il y a des cas d'extériorisation tout à fait remarquables. Je vais vous raconter deux histoires de chats, qui se sont passées il y a fort longtemps en France. L'une est arrivée il y a longtemps, longtemps même avant la guerre. Nous avions des petites réunions toutes les semaines — un tout petit nombre d'amis, trois ou quatre, qui discutaient de la philosophie, des expériences spirituelles, etc. Il y avait un jeune garçon qui était poète, mais qui avait un caractère plus ou moins léger; il était très intelligent, il était étudiant à Paris. Il venait régulièrement à ces réunions (ces réunions avaient lieu le mercredi soir), et un soir il n'est pas venu. Nous nous sommes étonnés; on l'avait rencontré quelques jours auparavant et il disait qu'il viendrait — il n'est pas venu. Nous avons attendu assez longtemps, la réunion s'est terminée et, au moment de s'en aller, j'ouvre la porte pour faire sortir les gens (c'était chez moi que ces réunions avaient lieu), j'ouvre la porte et, devant la porte, se trouvait un gros chat gris foncé qui s'est précipité dans la chambre comme un fou et qui a sauté sur moi, comme ça, en miaulant, désespérément. J'ai regardé ses yeux et je me suis dit : "Tiens, ce sont les yeux d'Untel" (celui qui devait venir). J'ai dit : "Sûrement, il lui est arrivé quelque chose." Et le lendemain, on a appris qu'il avait été assassiné pendant la nuit; le lendemain matin on l'a trouvé étranglé sur son lit. C'est la première histoire. L'autre, c'était longtemps après, au moment de la guerre — la première guerre, pas la seconde —, la guerre des tranchées. Il y avait un jeune homme que je connaissais très bien, qui était poète et artiste (j'en ai déjà parlé), qui était parti pour la guerre. Il s'était engagé, il était très jeune; c'était un officier. Il m'avait donné (ce garçon était étudiant en sanskrit, il savait très bien le sanskrit, il aimait beaucoup le bouddhisme, enfin il s'intéressait aux choses de l'esprit, ce n'était pas un garçon ordinaire, loin de là), il m'avait donné sa photographie, sur laquelle il y avait une phrase en sanskrit, écrite de sa propre main, très bien écrite. J'avais encadré cette photographie et je l'avais mise sur une sorte de secrétaire (un meuble qui monte assez haut, avec des tiroirs) ; au-dessus, j'avais mis cette photographie. Et à ce moment-là, il était très difficile de recevoir des nouvelles, on ne savait pas très bien ce qui se passait. De temps en temps, on recevait des lettres de lui, mais il y avait longtemps que l'on n'avait rien reçu, lorsque, un jour, je suis entrée dans ma chambre, et au moment où je suis entrée, sans aucune espèce de raison apparente, la photographie est tombée du mur où elle était bien accrochée, et le verre s'est cassé avec un grand fracas. Je me suis un peu inquiétée, j'ai dit : "Il y a quelque chose." Mais nous n'avions pas de nouvelles. Deux ou trois jours après (c'était au premier étage; j'habitais une maison avec une chambre à l'étage et le reste était en bas, et il y avait un perron qui donnait sur un jardin), j'ouvre la porte d'entrée et se précipite un gros chat gris — gris clair cette fois — un magnifique chat, et, exactement comme l'autre l'avait fait, il se jette sur moi, comme ça, en miaulant. Je regarde ses yeux—il avait les yeux de... ce garçon. Et ce chat, il tournait, tournait autour de moi et toujours il tirait ma robe, il miaulait. Je voulais le mettre dehors, mais il n'a jamais voulu, il s'est installé là et il ne voulait pas bouger. Le lendemain, on annonçait dans les journaux que ce garçon avait été trouvé entre deux tranchées, mort depuis trois jours. C'est-à-dire qu'au moment où il a dû mourir, sa photographie est tombée. La conscience avait complètement quitté le corps : il était là, abandonné, parce que l'on n'allait pas toujours entre les tranchées voir ce qui se passait, on ne pouvait pas, n'est-ce pas; on l'a trouvé deux ou trois jours après; à ce moment-là, il était probablement tout à fait sorti de son corps et il voulait absolument me prévenir de ce qui était arrivé, et il a trouvé ce chat. Parce que les chats vivent dans le vital, ils ont une conscience vitale très développée et ils sont facilement possédés par les forces vitales.

Mais ces deux exemples-là sont tout à fait extraordinaires, parce qu'ils se sont produits presque de la même façon, et dans les deux cas, les yeux de ces chats étaient complètement changés — c'était devenu des yeux humains.

CWMCE vol. 04 - 14 avril 1951

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