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De CWMCE volume 3 à CWMCE volume 9 (détails)

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Sur la musique...(CWMCE - Entretiens 1929 31 Volume 03 - 28 Juillet 1929)

Cesar Franck

  Parmi les grands musiciens modernes, il y en a quelques-uns dont la conscience, quand ils créaient, entrait en rapport avec la conscience supérieure. César Franck était un inspiré lorsqu'il jouait de l'orgue ; quelque chose en lui s'ouvrait à la vie psychique ; il en était conscient, et, dans une grande mesure, il l'exprimait. Beethoven, quand il composa la Neuvième Symphonie, eut la vision d'une ouverture sur un monde supérieur et de la descente de ce monde sur le plan terrestre. Wagner a fait des allusions puissantes et perspicaces aux mondes occultes ; il avait l'instinct et le sens de l'occultisme, et à travers eux, il reçut ses plus grandes inspirations. Mais il travailla principalement sur le plan vital, et de plus, son mental intervenait constamment et mécanisait l'inspiration. La majeure partie de son œuvre est très mélangée, trop souvent obscure et lourde, quoique puissante. Mais chaque fois qu'il put traverser les plans vital et mental et parvenir à un monde plus élevé, les aperçus qu'il en reçut furent d'une beauté exceptionnelle, comme dans Parsifal et dans plusieurs passages de Tristan et Yseult, spécialement dans la fin du dernier acte.

  Très loin au-dessus du mental, se trouve un domaine que nous pouvons appeler le monde de l'Harmonie. Si vous réussissez à aller jusque-là, vous y découvrirez la racine de toute harmonie qui s'est manifestée sur terre, sous quelque forme que ce soit. Pour vous donner un exemple, il y a un certain thème musical, composé de quelques notes suprêmes, qui se trouve derrière deux œuvres de deux artistes qui vécurent l'un après l'autre ; l'une est un concerto de Bach, l'autre un concerto de Beethoven. Les deux ne sont pas semblables sur le papier et diffèrent pour l'oreille extérieure, mais leur origine est la même. Une seule et même vibration de conscience, une vague d'harmonie expressive toucha ces deux artistes. Beethoven en saisit davantage, mais chez lui, elle fut plus mélangée aux inventions et interpolations de son mental. Bach en reçut moins, mais ce qu'il transmit fut plus pur. La vibration était celle de l'éveil victorieux de la conscience, surgissant des profondeurs de l'inconscience dans une naissance triomphante. Cette vibration avait son origine dans le monde d'Harmonie dont je viens de vous parler.

CWMCE - Entretiens 1929 31 Volume 03 - 28 Juillet 1929  (extraits)

Diego Innocenzi performs César Franck's Offertoire en mi-bemol majeur on the famous
Aristide Cavaillé-Coll organ of St.François-de Sales, Lyon, France.

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"Je veux ce que Tu veux"

Cet Entretien est basé sur le chapitre I de Les Bases du Yoga, "Calme, Paix, Équanimité".

It is good for the physical to be more and more conscious, but it should not be overpowered by these ordinary human reactions of which it becomes aware or badly affected or upset by them. A strong equality and mastery and detachment must come, in the nerves and body as in the mind, which will enable the physical to know and contact these things without feeling any disturbance; it should know and be conscious and reject and throw away the pressure of the movements in the atmosphere, not merely feel them and suffer.

*
*     *

Douce Mère, comment rendre une résolution très ferme ?

Vouloir qu'elle soit très ferme ! (rires)

Non, mais ça a l'air d'une plaisanterie... c'est tout à fait vrai ! On ne veut pas vraiment. C'est un manque de sincérité. Si on regarde sincèrement, on verra que l'on a décidé que ce serait comme ça, et puis, en dessous il y a quelque chose qui n'a pas décidé du tout, et qui attend la seconde d'hésitation pour se précipiter. Si on est sincère, si on est sincère et qu'on attrape par l'oreille la partie qui juste se cache, attend, ne se montre pas, et sait qu'il y aura une seconde d'indécision dans laquelle cela se précipite, et cela vous fait faire la chose que vous avez décidé de ne pas faire...

Mais si vous voulez vraiment, rien au monde ne peut vous empêcher de faire ce que vous voulez. C'est parce qu'on ne sait pas vouloir. C'est parce qu'on est divisé dans sa volonté. Si l'on n'est pas divisé dans sa volonté, je dis : rien, personne au monde ne peut vous faire changer de volonté.

Mais on ne sait pas vouloir. En fait, on ne veut même pas. Ce sont des velléités : "Tiens, c'est comme ça... On aimerait bien que ce soit comme ça... Oui, ce serait mieux que ce soit comme ça... Oui, ce serait préférable que ce soit comme ça." Mais ça, ce n'est pas vouloir. Et toujours, là, derrière, caché quelque part dans un coin du cerveau, il y a quelque chose qui regarde et qui dit : "Oh, pourquoi vouloir ça ? Après tout on peut aussi bien , vouloir le contraire." Et essayer, n'est-ce pas. Pas comme ça, qui ^ attend... Mais on peut toujours trouver mille excuses pour faire le contraire. Et il surfit, juste, hein, un tout petit fléchissement... pftt... ça se précipite, et ça y est. Mais si on veut, si on sait vraiment que c'est ça, et si on veut vraiment que ce soit ça, si on est soi-même entièrement concentré dans la volonté, je dis : il n'y a rien au monde qui puisse vous empêcher de le faire. De le faire... ou que vous soyez obligé de le faire, cela dépend de ce que c'est.

On veut. Oui, on veut, comme ça (gestes), on veut : "Oui, oui, ce serait mieux que ce soit comme ça. Oui, ce serait plus joli aussi, plus élégant..." Mais, après tout, on est un être faible, n'est-ce pas ? Et puis on peut toujours mettre la faute sur autre chose : "C'est l'influence qui vient du dehors, c'est toutes sortes de circonstances."

Le souffle a passé, n'est-ce pas, on ne sait pas... quelque chose... un moment d'inconscience... "Oh, j'étais inconscient." On est inconscient parce qu'on n'accepte pas... Et tout ça, c'est parce qu'on ne sait pas vouloir.

Apprendre à vouloir est une chose très importante. Et pour vouloir vraiment, il faut unifier son être. Au fond, pour être un être, il faut d'abord s'unifier. Si l'on est tiré par des tendances absolument contraires, si l'on passe les trois quarts de sa vie à être inconscient de soi-même, et des raisons pour lesquelles on fait les choses, est-ce qu'on est un être ? On n'existe pas. On est une masse d'influences, de mouvements, de forces, d'actions, de réactions. Mais on n'est pas un être. On commence à être un être quand on commence à avoir une volonté. Et l'on ne peut avoir une volonté que si l'on est unifié.

Et quand vous aurez une volonté, alors vous pourrez dire, vous pourrez dire au Divin : "Je veux ce que Tu veux", mais pas avant. Parce que pour vouloir ce que le Divin veut, il faut avoir une volonté, autrement, on ne veut rien du tout. On voudrait. On voudrait bien. On voudrait bien vouloir ce que le Divin veut faire. On n'a pas de volonté à Lui donner à Son service. Quelque chose comme ça, gélatineux, comme des méduses... là... une masse de bonnes volontés — et je mets les choses au mieux, j'oublie les mauvaises volontés —, une masse de bonnes volontés semi-conscientes, et fluctuantes...

Ah, c'est tout, mes enfants. Cela suffit pour aujourd'hui. Voilà.

Mettez seulement cela en pratique ; un petit peu de ce que j'ai dit, pas tout, hein, un tout petit peu. Voilà.

CWM vol 06, Le 29 septembre 1954

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Comment développer l'intuition

Mère, comment peut-on développer la faculté d'intuition?

Il y a différents genres d'intuition, et on porte ces  —  capacités en soi. Elles sont toujours un peu actives, mais nous ne les discernons pas parce que nous ne faisons pas suffisamment attention à ce qui se passe en nous.

Il y a, derrière les émotions, profondément dans l'être, dans une conscience qui se trouve à peu près au niveau du plexus solaire, une sorte de prescience, comme une capacité de prévision, mais pas sous forme d'idées : sous une forme de sentiments plutôt, une perception presque de sensations. Par exemple, quand on va décider de faire quelque chose, quelque fois il y a une sorte de malaise ou de refus intérieur, et généralement si l'on écoute cette indication plus profonde, on s'aperçoit qu'elle était légitime.

Il y a, dans d'autres cas, comme une chose qui pousse, qui indique, qui insiste (je ne parle pas d'impulsions, n'est-ce pas, de tous les mouvements qui viennent du vital et de beaucoup plus bas), des indications qui sont derrière les sentiments, qui viennent du côté affectif de l'être; là aussi on peut recevoir une indication assez sûre de la chose qu'il faut faire. Ce sont des formes d'intuition ou d'un instinct supérieur qui se cultivent par l'observation et aussi par l'étude des résultats. Naturellement, il faut le faire d'une façon tout à fait sincère, objective, sans parti pris. Si l'on veut voir les choses d'une certaine manière et en même temps faire cette observation, tout est inutile. Il faut le faire comme si l'on regardait ce qui se passait en dehors de soi, chez quelqu'un d'autre.

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C'est une forme d'intuition, et peut-être la première forme qui se manifeste généralement.

Il existe une autre forme, mais celle-là est beaucoup plus difficile à observer parce que, pour ceux qui sont habitués à penser, à agir par la raison  —  pas par les impulsions mais par la raison — , à réfléchir avant de faire quelque chose, il y a un processus extrêmement rapide de cause à effet dans la pensée semi-consciente qui fait que l'on ne voit pas la ligne, toute la ligne du raisonnement et que par conséquent on ne pense pas que c'est un raisonnement, et cela, c'est assez trompeur. Vous avez l'impression d'une intuition, mais ce n'est pas une intuition, c'est un raisonnement extrêmement rapide, subconscient, qui prend un problème et qui va droit aux conséquences. Il ne faut pas confondre cela avec l'intuition.

L'intuition, dans le fonctionnement cérébral ordinaire, est quelque chose qui tombe tout d'un coup, comme une goutte de lumière. Si on a la capacité, un commencement de capacité de vision mentale, cela donne l'impression de quelque chose qui vient du dehors, ou d'au-dessus, et qui est comme le petit choc dans le cerveau, d'une goutte de lumière, absolument indépendant de tout raisonnement.

Ça se perçoit plus facilement quand on arrive à faire taire son mental, à le tenir immobile et attentif avec un arrêt dans son fonctionnement ordinaire, comme si le mental se transformait en une sorte de miroir, qui se tourne vers une faculté supérieure dans une attention soutenue et silencieuse.

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Ça aussi, on peut apprendre à le faire. Il faut apprendre à le faire, c'est une discipline nécessaire.

Quand on a une question à résoudre, quelle qu'elle soit, généralement on concentre son attention ici (geste entre les sourcils), dans le centre juste au-dessus des yeux, qui est le centre de la volonté consciente. Mais là, si vous faites cela, vous ne pouvez pas être en relation avec l'intuition. Vous pouvez être en relation avec la source de la volonté, de l'effort, même d'un certain genre de connaissance, mais dans le domaine extérieur, presque matériel; tandis que si vous voulez avoir un rapport avec l'intuition, il faut que ça (Mère désigne le front), ce soit tenu tout à fait immobile. La pensée active doit s'arrêter autant que possible et toute la faculté mentale former comme ... au sommet du crâne et un petit peu au-dessus si l'on peut, une sorte de miroir, très tranquille, très immobile, tourné vers le haut, dans une attention silencieuse très concentrée. Si l'on réussit, alors on peut — peut-être pas immédiatement  —  mais on peut avoir la perception de ces gouttes de lumière qui tombent d'une région encore inconnue, sur le miroir, et qui se traduisent par une pensée consciente qui n'a aucun rapport avec tout le reste de sa pensée puisque l'on est arrivé à la garder silencieuse. Ça, c'est le vrai commencement de l'intuition intellectuelle.

C'est une discipline à suivre. Pendant longtemps, on peut essayer et ne pas réussir, mais dès que l'on réussit à "faire le miroir" immobile et attentif, on a toujours un résultat, pas nécessairement avec une forme de pensée précise mais toujours avec la sensation d'une lumière qui vient d'en haut.

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Et alors, cette lumière qui vient d'en haut, quand on peut la recevoir sans immédiatement entrer dans une activité tourbillonnante, la recevoir dans le calme et le silence et la laisser entrer profondément dans l'être, alors, quelque temps après, elle se traduit, ou par une pensée lumineuse ou par une indication très précise ici (Mère désigne le cœur), dans cet autre centre.

Naturellement, d'abord il faut arriver à développer ces deux capacités; ensuite, dès que l'on a un résultat, il faut observer le résultat comme je l'ai dit et voir le rapport avec ce qui se passe, les conséquences : voir, observer très attentivement ce qui s'est introduit, ce qui a pu déformer, ce que l'on a ajouté de raisonnement plus ou moins conscient, d'intervention d'une volonté inférieure plus ou moins consciente aussi; et c'est par une étude approfondie (au fond presque de chaque instant, en tout cas quotidienne et très fréquente) que l'on arrive à développer son intuition. C'est long. C'est long et il y a des embûches : on peut se tromper soi-même, on peut prendre pour des intuitions des volontés subconscientes qui essaient de se manifester, des indications données par des impulsions que l'on a refusé de recevoir ouvertement, enfin toutes sortes de difficultés. Il faut s'attendre à cela. Mais si l'on persiste, on est sûr de réussir.

Et il y a un moment où l'on sent comme une direction intérieure, quelque chose qui vous conduit très perceptiblement dans tout ce que vous faites. Mais alors, pour que la direction ait son maximum de pouvoir, il faut y ajouter, naturellement, la soumission consciente : il faut être sincèrement décidé à suivre l'indication donnée par la force supérieure.

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Si l'on fait cela, alors... on saute des années d'études, on peut se saisir du résultat extrêmement rapidement. Si l'on ajoute cela, le résultat vient très rapidement. Mais là, il faut le faire avec sincérité et ... une sorte de spontanéité intérieure. Si l'on . veut le faire sans cette soumission, on réussit  —  comme on réussit aussi à développer sa volonté personnelle et à en faire un pouvoir très considérable — mais cela prend beaucoup de temps et on rencontre beaucoup d'obstacles, et le résultat est très précaire; il faut être extrêmement persistant, obstiné, persévérant, et on est sûr de réussir, mais après un grand labeur.

Faites votre soumission dans un don de soi sincère, I complet, et vous brûlerez les étapes, vous irez beaucoup plus vite  —  mais il ne faut pas le faire avec calcul parce que ça gâte tout!

(silence)

D'ailleurs, quoi que l'on veuille faire dans la vie, une chose est absolument indispensable et à la base de tout, c'est la capacité de concentration de l'attention. Si l'on arrive à rassembler les rayons de l'attention et de la conscience sur un point, et que l'on soit capable de maintenir cette concentration avec une volonté persistante, il n'y a rien qui puisse résister  —  quoi que ce soit, depuis le développement physique le plus matériel jusqu'au développement spirituel le plus élevé. Mais cette discipline doit être suivie d'une façon constante et pour ainsi dire imperturbable;

non, pas qu'il faille toujours être concentré sur la même chose — ce n'est pas cela que je veux dire, je veux dire apprendre à se concentrer.

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Et matériellement, pour les études, pour les sports, pour tout développement physique ou mental, c'est absolument indispensable. Et la valeur de l'individu est proportionnelle à sa valeur d'attention.

Et au point de vue spirituel, c'est encore plus important. Il n'y a pas d'obstacle spirituel qui résiste à une puissance de concentration pénétrante. Par exemple, la découverte de l'être psychique, l'union avec le Divin intérieur, les ouvertures sur les sphères supérieures, tout peut s'obtenir par un pouvoir de concentration intense et obstiné  —  mais il faut apprendre à le faire.

Il n'y a aucune chose dans le domaine humain et même surhumain dont la clé ne soit pas le pouvoir de concentration.

Vous pouvez être le meilleur athlète, vous pouvez être le meilleur élève, vous pouvez être un génie artistique, littéraire ou scientifique, vous pouvez être le plus grand saint avec cette faculté-là. Et chacun possède en soi un tout petit commencement — c'est donné à tout le monde, mais on ne le cultive pas.

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Comment se fait-il que l'on cherche quelque chose, et tout de même on ne sait pas que l'on cherche (CWM vol. 9, Le 16 janvier 1957)

Tout d'abord, l'homme cherche aveuglément, et il ne sait même pas qu'il cherche son moi divin ; car son point de départ est l'obscurité de la Nature matérielle et, même quand il commence à voir, il reste longtemps aveuglé par la lumière qui croît en lui. Dieu aussi ne répond qu'obscurément à sa tentative ; il recherche l'aveuglement de l'homme et en jouit comme des mains d'un petit enfant qui tâtonne vers sa mère.

SRI AUROBINDO
Aperçus et Pensées, p. 16

Douce Mère, comment se fait-il que l'on cherche quelque chose, et tout de même on ne sait pas que l'on cherche?

Il y a tant de choses que tu penses, que tu sens, que tu veux, même que tu fais, sans savoir. Est-ce que tu es pleinement consciente de toi-même et de tout ce qui se passe en toi ? — Pas du tout ! Si par exemple, tout d'un coup, sans que tu t'y attendes, à un moment donné, je te demande : "A quoi penses-tu ?" ta réponse, quatre-vingt-dix-neuf fois sur cent, sera : "Je ne sais pas." Et si je pose de la même manière une autre question comme cela : "Que veux-tu ?" tu diras aussi : "Je n'en sais rien." Et "Que sens-tu ?" — "Je ne sais pas." Ce sont seulement ceux qui sont habitués à s'observer, à se regarder vivre, qui sont concentrés sur ce besoin de savoir ce qui se passe en eux, à qui l'on peut poser une question comme cela, précise, et qui peuvent tout de suite répondre. Dans certains cas de la vie, oui, on est absorbé dans ce que l'on sent, ce que l'on pense, ce que l'on veut, et alors on peut dire : "Oui, je veux cela, je pense à cela, j'éprouve cela", mais ce sont seulement des moments de l'existence, pas tout le temps.

Tu n'as pas remarqué cela, non ?

Eh bien, chercher ce que l'on est vraiment, chercher pourquoi on est sur la terre, quelle est la raison d'être de l'existence physique, de cette présence sur la terre, de cette formation, cette existence... l'immense majorité des gens vivent sans se le demander même une fois ! C'est seulement une petite élite de gens qui se posent la question avec intérêt, et il y en a encore moins qui se mettent au travail pour avoir la réponse. Parce que, à moins que l'on n'ait la chance de se trouver en présence de quelqu'un qui le sait, ce n'est pas une chose si facile à trouver. Admettez, par exemple, que vous n'ayez jamais eu entre les mains un livre de Sri Aurobindo, ni d'aucun des écrivains ou des philosophes, ou des sages qui ont consacré leur vie à cette recherche ; si vous étiez dans le monde ordinaire, comme des millions de gens sont dans le monde ordinaire, n'ayant jamais entendu parler de rien, excepté quelquefois — et pas toujours maintenant, même assez rarement — de certaines divinités et d'une certaine forme de religion, qui est plus une habitude qu'une foi, et qui d'ailleurs rarement vous dit pourquoi vous êtes sur la terre... Alors, on ne pense même pas à y penser. On vit au jour le jour les circonstances de chaque jour. Quand on est petit, on pense à jouer, à manger, et un peu plus tard à apprendre, et après on pense à toutes les circonstances de l'existence. Mais se poser ce problème, se mettre en face du problème et se dire : "Mais enfin, pourquoi suis-je ici ?" Combien sont-ils ? Il y a des personnes à qui cette idée-là ne vient que quand elles sont en présence d'une catastrophe. Quand elles voient mourir quelqu'un qu'elles aiment, ou qu'elles sont mises dans des situations particulièrement douloureuses et difficiles, alors elles font un retour sur soi, quand elles sont suffisamment intelligentes, et elles se disent : "Mais enfin, qu'est-ce que c'est que cette tragédie que nous vivons, et à quoi cela sert, et quel est son but ?"

Et c'est seulement à ce moment-là que l'on commence à chercher à savoir.

Et c'est seulement quand on a trouvé, n'est-ce pas, trouvé ce qu'il dit, trouvé qu'on a un Moi divin et que par conséquent on doit chercher à connaître ce Moi divin... Cela vient beaucoup plus tard, et pourtant, malgré tout, du moment même de la naissance dans un corps physique, il y a dans l'être, au fond de l'être, cette présence psychique qui pousse tout l'être vers cet accomplissement. Mais qui le sait et qui le connaît, cet être psychique ? Ça aussi, cela ne vient que dans des circonstances particulières, et malheureusement la plupart du temps il faut que ce soit des circonstances douloureuses, autrement on se laisse vivre sans réfléchir. Et dans le fond de son être, on a cet être psychique qui cherche, cherche, cherche à éveiller la conscience et à rétablir l'union. On n'en sait rien.

Quand tu avais dix ans, toi, tu savais cela ? Non, n'est-ce pas. Eh bien, pourtant, dans le fond de ton être, ton être psychique le voulait déjà et cherchait à ce que ce soit. C'est probablement lui qui t'a amenée ici.

Il y a tant de choses qui arrivent et on ne se demande même pas pourquoi. On les prend... c'est comme cela parce que c'est comme cela. Ce serait très intéressant de savoir combien d'entre vous, jusqu'au moment où je vous en ai parlé, se sont demandé comment il se faisait qu'ils étaient ici ?

Naturellement, la plupart du temps, la réponse est peut-être très simple : "Mes parents sont ici, alors je suis ici". Pourtant vous n'êtes pas nés ici. Personne n'est né ici. Même pas toi, n'est-ce pas, tu es née à Bangalore. Personne n'est né ici... Et pourtant, vous êtes tous ici. Vous ne vous êtes pas demandé pourquoi — c'était comme cela parce que c'était comme cela ! Et alors, entre même se demander et se donner une réponse extérieure suffisamment satisfaisante pour s'en tenir là, et puis se dire : "Peut-être que c'est l'indication d'une destinée, de la raison d'être de mon existence ?"... Combien de chemin il faut faire pour arriver à cela !

Et pour chacun, il y a plus ou moins des raisons extérieures, qui d'ailleurs ne valent pas grand-chose et qui expliquent tout de la façon la plus plate possible, mais il y a une raison profonde que vous ignorez encore. Et est-ce qu'il y en a beaucoup d'entre vous qui seraient très intéressés de savoir pourquoi ils sont ici ? Combien d'entre vous se sont posé la question : "Quelle est la vraie raison de ma présence ici ?"

Tu t'es posé la question, toi ?

Je f avais demandé une fois, Douce Mère.

Oh ! c'est vrai. Et toi ?... Et toi ?

Je ne me souviens pas.

Tu ne te souviens pas. Et toi ?

Pas avant. Mère. .

Pas avant. Maintenant ça commence à venir ! Et toi?

Non.

Non... Et je pourrais demander à beaucoup d'autres encore. Je sais bien. Il n'y a que ceux qui sont venus après avoir vécu et qui sont venus parce qu'ils voulaient venir, ayant une raison consciente pour venir, ceux-là naturellement peuvent me dire : "Je suis venu à cause de cela", et ce serait au moins partiellement l'explication. La raison la plus vraie, la plus profonde peut encore leur échapper, c'est-à-dire ce qu'ils ont de spécial à réaliser dans l'Œuvre. Ça, cela demande déjà d'avoir franchi beaucoup d'étapes sur le chemin.

Au fond, c'est seulement quand on a pris conscience de son âme, que l'on s'est identifié à son être psychique, qu'on peut voir d'un seul coup le tableau de son développement individuel à travers les âges. Alors là, on commence à savoir... mais pas avant. Alors là, je vous garantis que cela devient très intéressant. Ça change la position dans la vie.

Il y a une si grande différence entre sentir vaguement, avoir une impression tâtonnante de quelque chose, d'une force, d'un mouvement, d'une impulsion, d'une attraction, de quelque chose qui vous pousse dans la vie — mais c'est encore si vague, si incertain, c'est nuageux — , il y a une telle différence entre cela et avoir la vision claire, la perception exacte, la compréhension totale du sens de sa vie. Et c'est seulement à ce moment-là que l'on commence à voir les choses comme elles sont, pas avant. C'est seulement à ce moment-là que l'on peut suivre le fil de son destin et qu'on perçoit clairement le but et le moyen d'y atteindre. Mais cela, ça se produit par des éveils intérieurs successifs, comme des portes qui s'ouvrent tout d'un coup sur des horizons nouveaux — vraiment, une nouvelle naissance à une conscience plus vraie, plus profonde, plus durable.

Jusque-là, on vit dans le nuage, à tâtons, sous le poids d'un destin, qui quelquefois vous écrase, qui vous donne le sentiment d'avoir été construit d'une certaine manière et de n'y pouvoir rien. On est sous le fardeau de son existence, qui pèse, qui vous fait ramper par terre, au lieu de s'élever au-dessus et de voir tous les fils, les fils conducteurs, les fils qui réunissent les différentes choses en un seul mouvement de progression vers une réalisation qui devient claire.

Il faut jaillir de cette semi-conscience, que généralement on considère comme tout à fait naturelle — c'est votre manière d'être "normale" et vous ne vous reculez même pas assez pour pouvoir voir et vous étonner de cette incertitude, de ce manque de précision ; tandis que, au contraire, savoir que l'on cherche et chercher consciemment, volontairement, obstinément et méthodiquement, c'est cela qui est la condition exceptionnelle, presque "anormale". Et pourtant, c'est seulement ainsi que l'on commence à vivre vraiment.

CWM vol. 9, Le 16 janvier 1957

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Deux histoires de chat

Il y a des cas d'extériorisation tout à fait remarquables. Je vais vous raconter deux histoires de chats, qui se sont passées il y a fort longtemps en France. L'une est arrivée il y a longtemps, longtemps même avant la guerre. Nous avions des petites réunions toutes les semaines — un tout petit nombre d'amis, trois ou quatre, qui discutaient de la philosophie, des expériences spirituelles, etc. Il y avait un jeune garçon qui était poète, mais qui avait un caractère plus ou moins léger; il était très intelligent, il était étudiant à Paris. Il venait régulièrement à ces réunions (ces réunions avaient lieu le mercredi soir), et un soir il n'est pas venu. Nous nous sommes étonnés; on l'avait rencontré quelques jours auparavant et il disait qu'il viendrait — il n'est pas venu. Nous avons attendu assez longtemps, la réunion s'est terminée et, au moment de s'en aller, j'ouvre la porte pour faire sortir les gens (c'était chez moi que ces réunions avaient lieu), j'ouvre la porte et, devant la porte, se trouvait un gros chat gris foncé qui s'est précipité dans la chambre comme un fou et qui a sauté sur moi, comme ça, en miaulant, désespérément. J'ai regardé ses yeux et je me suis dit : "Tiens, ce sont les yeux d'Untel" (celui qui devait venir). J'ai dit : "Sûrement, il lui est arrivé quelque chose." Et le lendemain, on a appris qu'il avait été assassiné pendant la nuit; le lendemain matin on l'a trouvé étranglé sur son lit. C'est la première histoire. L'autre, c'était longtemps après, au moment de la guerre — la première guerre, pas la seconde —, la guerre des tranchées. Il y avait un jeune homme que je connaissais très bien, qui était poète et artiste (j'en ai déjà parlé), qui était parti pour la guerre. Il s'était engagé, il était très jeune; c'était un officier. Il m'avait donné (ce garçon était étudiant en sanskrit, il savait très bien le sanskrit, il aimait beaucoup le bouddhisme, enfin il s'intéressait aux choses de l'esprit, ce n'était pas un garçon ordinaire, loin de là), il m'avait donné sa photographie, sur laquelle il y avait une phrase en sanskrit, écrite de sa propre main, très bien écrite. J'avais encadré cette photographie et je l'avais mise sur une sorte de secrétaire (un meuble qui monte assez haut, avec des tiroirs) ; au-dessus, j'avais mis cette photographie. Et à ce moment-là, il était très difficile de recevoir des nouvelles, on ne savait pas très bien ce qui se passait. De temps en temps, on recevait des lettres de lui, mais il y avait longtemps que l'on n'avait rien reçu, lorsque, un jour, je suis entrée dans ma chambre, et au moment où je suis entrée, sans aucune espèce de raison apparente, la photographie est tombée du mur où elle était bien accrochée, et le verre s'est cassé avec un grand fracas. Je me suis un peu inquiétée, j'ai dit : "Il y a quelque chose." Mais nous n'avions pas de nouvelles. Deux ou trois jours après (c'était au premier étage; j'habitais une maison avec une chambre à l'étage et le reste était en bas, et il y avait un perron qui donnait sur un jardin), j'ouvre la porte d'entrée et se précipite un gros chat gris — gris clair cette fois — un magnifique chat, et, exactement comme l'autre l'avait fait, il se jette sur moi, comme ça, en miaulant. Je regarde ses yeux—il avait les yeux de... ce garçon. Et ce chat, il tournait, tournait autour de moi et toujours il tirait ma robe, il miaulait. Je voulais le mettre dehors, mais il n'a jamais voulu, il s'est installé là et il ne voulait pas bouger. Le lendemain, on annonçait dans les journaux que ce garçon avait été trouvé entre deux tranchées, mort depuis trois jours. C'est-à-dire qu'au moment où il a dû mourir, sa photographie est tombée. La conscience avait complètement quitté le corps : il était là, abandonné, parce que l'on n'allait pas toujours entre les tranchées voir ce qui se passait, on ne pouvait pas, n'est-ce pas; on l'a trouvé deux ou trois jours après; à ce moment-là, il était probablement tout à fait sorti de son corps et il voulait absolument me prévenir de ce qui était arrivé, et il a trouvé ce chat. Parce que les chats vivent dans le vital, ils ont une conscience vitale très développée et ils sont facilement possédés par les forces vitales.

Mais ces deux exemples-là sont tout à fait extraordinaires, parce qu'ils se sont produits presque de la même façon, et dans les deux cas, les yeux de ces chats étaient complètement changés — c'était devenu des yeux humains.

CWMCE vol. 04 - 14 avril 1951

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L'expérience dépend de quoi

L'expérience dépend de quoi. Mère?

Ah, cela dépend de beaucoup de choses... Il y a des gens qui ont des expériences tout à fait spontanément, et il est entendu que cela dépend de leurs vies antérieures, ou de la façon dont ils ont été formés, des forces qui ont présidé à la construction de l'être physique actuel, et de l'influence sous laquelle ils ont été mis même avant la naissance. Ceux-là ont les expériences d'une façon spontanée. Ils ne sont pas nombreux, mais il y en a. Il y en a d'autres pour qui c'est le résultat d'un effort très soutenu. Ils aspirent à avoir des expériences, et ils se donnent une discipline ou ils adoptent une discipline de façon à pouvoir les avoir. Quelquefois cela prend très longtemps pour obtenir quelque chose. Cela dépend absolument de la façon dont on est bâti. J'ai connu des gens qui étaient ignorants, n'est-ce pas, et qui avaient des expériences de voyance, de perception intérieure tout à fait remarquables. Ils ne comprenaient rien ni à ce qui leur arrivait ni à ce qu'ils voyaient. Mais ils avaient le don.

Mais ça n'a aucun effet sur leur vie extérieure?

Non.

Alors à quoi bon avoir des expériences ?

Ce n'est pas une question d'"à quoi bon". Tout n'est pas utilitaire dans le monde. C'est comme ça, c'est comme ça. Si, tu peux dire "à quoi bon" à quelqu'un qui se préoccupe exclusivement d'avoir des expériences, qui n'a aucune préparation intellectuelle et spirituelle intérieure, et qui, par une fantaisie quelconque, voudrait avoir des expériences, tu peux lui dire, oui : "A quoi bon ? Ce n'est pas cela qui vous mènera vers la vie spirituelle. Cela peut vous aider si vous avez pris le chemin. Et si vous avez pris le chemin en toute sincérité, eh bien, elles viendront dans la mesure où elles seront utiles. Mais rechercher l'expérience pour l'expérience, c'est tout à fait inutile." Et on peut dire aux gens : "A quoi bon ? C'est une fantaisie, c'est une fantaisie sur un autre plan, c'est un autre genre de désir, mais c'est un désir."

Mais dans la voie normale, à mesure que l'on progresse intérieurement, à chaque pas que l'on fait vers la conscience vraie, ce pas est accompagné d'un certain nombre d'expériences qui y correspondent, et qui vous permettent de reconnaître la situation dans laquelle vous vous trouvez : ça, c'est normal. C'est comme ça que ça doit être.

Mais alors, ce ne sont pas généralement des expériences tellement sensationnelles que les gens en fassent grand cas. Ils ont souvent, tout d'un coup, une illumination de conscience, une indication intérieure, une perception qui n'est pas habituelle. Mais quand ils ne sont pas exclusivement tournés vers le désir d'avoir des expériences. Us n'y attachent pas beaucoup d'importance. Quelquefois ils n'y attachent même pas assez d'importance. L'indication est venue, leur a montré quelque chose, mais ils n'en ont pas même tenu compte. Mais ce ne sont pas de ces choses qui vous donnent l'impression que vous vivez dans un monde merveilleux. Ce sont des choses assez normales. Tout d'un coup, une ouverture dans le cerveau, une lumière qui se fait, quelque chose que l'on comprend, que l'on n'avait pas compris avant. On prend cela pour un phénomène très naturel. Mais c'est une expérience spirituelle — ou la claire vision d'une situation, la compréhension de ce qui se passe en soi, de l'état dans lequel on se trouve, l'indication du progrès exact que l'on doit faire, de la chose qui est à corriger. Ça aussi, c'est une expérience, et c'est une expérience qui vient du dedans, c'est une indication que le psychique vous donne. On le prend aussi pour un fait tout à fait naturel. On n'y attache pas d'importance.

On appelle "expérience", généralement, ou les phénomènes tout à fait extravagants (comme la lévitation, des choses comme ça), ou bien des visions sensationnelles : les gens qui peuvent voir l'avenir, ou ceux qui voient à distance, ou alors, n'est-ce pas, les choses ordinaires : pouvoir dire où se trouve un objet perdu, ou toutes sortes de petits trucs comme ça. Ça, les gens appellent ça les "expériences".

Eh bien, généralement, les gens qui ont ces choses-là sont des gens qui ne sont pas cultivés, mais qui, pour une raison quelconque, sont nés avec un don, comme il y en a qui sont nés musiciens, d'autres peintres, et d'autres savants. Eux, ils sont nés voyants, et alors, n'est-ce pas, s'ils sont dans le besoin, ils se servent de cela pour gagner leur vie, et ils l'abîment complètement. S'il se trouve qu'ils sont dans une situation aisée et qu'ils n'ont pas besoin de gagner leur vie, alors ils se font une renommée parmi leurs amis. En tout cas, c'est toujours une occasion d'un certain genre de commercialisme. Il y a très peu de gens qui peuvent avoir ces dons-là sans s'en servir pour se faire ou une réputation ou gagner de l'argent. Mais ce ne sont pas des dons d'un degré très avancé. On peut avoir cela sans avoir une vie très spirituelle. Cela ne dépend pas du tout d'une hauteur spirituelle intérieure. Il ne faut pas méprendre cela pour un signe de progrès.

Et c'est pour cela qu'il y a des gens qui attachent une très grande valeur à ces choses-là. Mais elles n'ont de la valeur que si elles sont sous votre contrôle, et à volonté, et le résultat d'une discipline intérieure. Dans ce cas-là, oui, parce que cela prouve que vous êtes entré en rapport avec une certaine région où il est difficile d'entrer consciemment, volontairement, et d'une façon permanente. C'est très difficile, cela demande beaucoup de développement. Et alors, pour que vous soyez sûr de ce que vous avez vu... Parce que, je ne vous ai pas dit que ces gens qui font métier de leur clairvoyance, cela devient... j'ai dit "commercialisme" ; c'est pire que cela, n'est-ce pas, c'est une tromperie ! Quand ils ne voient rien, ils inventent. Quand ils en font métier, et qu'il y a des gens qui viennent leur demander quelque chose sur l'avenir, et qu'ils ne voient rien du tout, ils sont obligés d'inventer quelque chose, autrement ils perdraient leur réputation et leur clientèle. Alors cela devient, n'est-ce pas, "déception¹", mensonge, tromperie, ou falsification.

Mais quand on veut avoir un renseignement pur, exact, être en rapport avec la vérité des choses, et voir d'avance non pas selon votre petite construction mentale, mais comme les choses sont décrétées, à l'endroit où elles sont décrétées, et au moment où elles sont décrétées, alors cela demande une très grande pureté mentale, un très grand équilibre vital, une absence de désir, de préférence. Il ne faut jamais vouloir qu'une chose soit d'une manière et non d'une autre, autrement cela falsifie immédiatement votre vision.

Tous les gens qui .ont des visions, généralement ils les déforment, tous, presque sans exception. Je ne crois pas qu'il y en ait un sur un million qui ne déforme pas sa vision, parce que de la minute où elle touche le cerveau, elle touche le domaine ( des préférences, des désirs, des attachements, et ça, ça suffit pour donner une coloration, une apparence spéciale à ce que vous avez vu. Même si vous avez vu correctement, vous traduisez dans votre conscience faussement. Ça, ça demande une grande perfection.

Mais vous pouvez avoir la perfection sans le don de vision. Et la perfection peut être aussi grande sans le don qu'avec le don. Si cela vous intéresse particulièrement, vous pouvez faire un effort pour l'obtenir. Mais c'est si cela vous intéresse particulièrement. Si vous tenez beaucoup à savoir certaines choses, on peut faire une discipline ; on peut faire une discipline aussi pour changer le fonctionnement de ses sens. Je crois que je vous ai déjà expliqué comment l'on peut entendre à distance, voir à distance, même physiquement ; mais cela représente une quantité considérable d'efforts, qui ne sont peut-être pas toujours en proportion du résultat, parce que ce sont des à-côtés, ce n'est pas la chose centrale, la plus importante. Ce sont des à-cotés qui peuvent être intéressants, mais en soi, ce n'est pas la vie spirituelle ; on peut avoir la vie spirituelle sans avoir cela.

Maintenant, les deux ensemble vous donnent peut-être une capacité plus grande. Mais pour cela aussi, il faut bien se dire : "Si je dois l'avoir — si je prends l'attitude vraie de soumission vis-à-vis du Divin et de complète consécration —; si je dois avoir cela, je l'aurai." Comme : "Si je dois avoir le don de la parole, je l'aurai." Et au fond, si l'on est vraiment soumis, de la vraie manière et totalement, à chaque minute on est ce que l'on doit être et on fait ce que l'on doit faire, et on sait ce que l'on doit savoir. Ça... mais pour ça, naturellement, il faut avoir surmonté les petites limitations de l'ego, et cela ne se fait pas du jour au lendemain. Mais cela peut se faire.

6 October 1954

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L'honnêteté mentale

Douce Mère, que veut dire exactement "honnêteté mentale"?

C'est un mental qui n'essaye pas de se tromper  lui-même. Et en fait, ce n'est pas un "essai" parce qu'il y réussit fort bien!

Il semblerait, dans la constitution psychologique ordinaire de l'homme, que la fonction presque constante du mental soit de donner une explication acceptable de ce qui se passe dans l'être de désir, le vital, les parties les plus matérielles du mental et les parties les plus subtiles du corps. Il y a une sorte de complicité générale de toutes les parties de l'être pour donner une explication, et même une légitimation confortable, à tout ce que nous faisons, pour éviter autant que possible les impressions pénibles qui proviennent des erreurs commises et des mouvements peu désirables. Par exemple, à moins que l'on n'ait subi ou que l'on ne se soit appliqué un dressage spécial, quoi que l'on fasse, le mental s'en donne à lui-même une explication suffisamment favorable pour que l'on ne soit pas gêné. Ce n'est que sous la pression des réactions extérieures ou des circonstances, ou des mouvements venant des autres gens, que, petit à petit, on consent à regarder moins favorablement ce que l'on est et ce que l'on fait, et que l'on commence à se demander si les choses ne pourraient pas être mieux qu'elles ne sont.

Spontanément, le premier mouvement est ce que l'on appelle en anglais self-défense". On se met sur ses gardes et, tout à fait spontanément,  on veut avoir raison ... pour de toutes petites choses, des choses absolument sans importance, c'est une attitude ordinaire dans la vie.

Et les explications, on se les donne à soi-même; ce n'est que sous la pression des circonstances que l'on commence à les donner à d'autres, ou à un autre, mais d'abord on se rend très confortable, première chose : "C'était comme cela, parce que ça devait être comme cela, et c'est arrivé à cause de ça, et ...", et c'est toujours la faute des circonstances ou des autres. Et il faut vraiment un effort — je dis, à moins que l'on n'ait subi une discipline, que l'on n'ait pris l'habitude de le faire automatiquement — , il faut un effort pour commencer à comprendre que ce n'est peut-être pas comme cela! Que peut-être on n'a pas fait exactement ce que l'on devait faire ou réagi comme on devait réagir. Et même quand on commence à le voir, il faut un effort encore beaucoup plus grand pour le reconnaître ... officiellement.

Quand on commence à voir que l'on a fait une faute, le premier mouvement du mental est de jeter cela en arrière et de mettre un. manteau devant, le manteau d'une très bonne petite explication, et puis tant que l'on n'est pas obligé de le montrer, on le cache. Et c'est cela que j'appelle "manquer d'honnêteté mentale".

D'abord, on se trompe par habitude, mais même quand on commence à ne pas se tromper, il y a instinctivement le mouvement d'essayer, essayer de se tromper pour être confortable. Et alors, il faut un pas encore plus grand une fois que l'on a compris que l'on s'était trompé, pour avouer franchement que "oui, je me suis trompé".

Toutes ces choses-là sont si habituelles, si automatiques pour ainsi dire, que l'on ne s'en aperçoit même pas; mais quand on commence à vouloir établir une discipline sur son être, alors on fait des découvertes vraiment formidablement intéressantes. Quand on a découvert cela, on s'aperçoit que l'on vit constamment dans une ... le meilleur mot, c'est "self-déception", un état de tromperie volontaire; c'est-à-dire que l'on se trompe soi-même spontanément. Ce n'est pas qu'il faille réfléchir : spontanément on met un joli manteau sur ce que l'on a fait pour que cela n'apparaisse pas dans sa vraie couleur ... et alors pour des choses qui sont tellement insignifiantes, qui ont si peu d'importance! N'est-ce pas, on pourrait comprendre que si, de reconnaître sa faute, avait des conséquences graves pour son existence même, l'instinct de conservation vous fasse faire cela comme une protection, mais il ne s'agit pas de cela, il s'agit de choses qui sont absolument indifférentes, qui n'ont aucune conséquence, excepté celle d'avoir à se dire : "Je me suis trompé!"

C'est-à-dire qu'il faut un effort pour être sincère mentalement. Il faut un effort, il faut une discipline. Je ne parle pas naturellement de ceux qui mentent pour ne pas être pris, parce que cela, tout le monde sait qu'il ne faut pas le faire. D'ailleurs les mensonges les plus stupides sont les plus inutiles parce qu'ils sont si flagrants qu'ils ne peuvent tromper personne. Ça, ce sont des exemples que l'on a constamment; on prend quelqu'un en faute, on lui dit "c'est comme ça"; il donne une explication idiote, que personne ne peut comprendre, personne ne peut admettre, elle est idiote, mais dans l'espoir de se couvrir.

C'est spontané, n'est-ce pas, mais on sait que cela ne se fait pas. Mais l'autre manière de tromperie est encore beaucoup plus spontanée, et elle est tellement habituelle que l'on n'en est pas conscient. Par conséquent, quand on parle d'honnêteté mentale, on parle d'une chose qui s'acquiert par un effort très constant et très soutenu.

On s'attrape, n'est-ce pas, tout d'un coup on s'attrape en train de se donner à soi-même quelque part dans la tête, là comme ça, ou ici (Mère désigne le cœur) là c'est plus grave ... mais de donner une petite explication très favorable. Et c'est seulement quand on peut se pincer, là, se tenir, et qu'on se regarde bien en face et qu'on dit : "Tu crois que c'est comme ça?" Alors, si l'on est très courageux et que l'on mette une très forte pression, on finit par se dire : "Oui, je sais très bien que ce n'est pas comme ça!"

Quelquefois cela prend des années. Il faut que le temps ait passé, il faut que l'on ait bien changé au-dedans de soi, il faut que la vision des choses soit différente, il faut que l'on soit dans une condition différente vis-à-vis des circonstances, dans une relation différente, pour voir clairement, complètement, à quel point on se trompait soi-même  —  et au moment même, on était persuadé que l'on était sincère.

(silence)

Il est probable que la sincérité parfaite ne pourra venir que lorsqu'on se sera élevé au-dessus de cette sphère de mensonge qu'est la vie telle que nous la connaissons sur la Terre, la vie mentale, même supérieure.

Lorsqu'on aura surgi dans la sphère supérieure, dans le monde de la Vérité, on pourra voir les choses vraiment telles qu'elles sont, et les voyant telles qu'elles sont, on pourra les vivre dans leur vérité. Alors, tous les mensonges tomberont naturellement. Et les explications favorables n'ayant plus aucune raison d'être disparaîtront, car il n'y aura plus rien à expliquer.

Les choses seront évidentes d'elles-mêmes, la Vérité transparaîtra dans les formes, la possibilité de l'erreur disparaîtra.

Le 21 mai 1958

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L'être psychique et le développement individuel

Le processus évolutif dans la Nature terrestre, depuis la Matière jusqu'au Mental et au-delà, suit un double mouvement : d'une part, un mouvement extérieur, visible, d'évolution physique, avec la naissance pour mécanisme — car chaque forme corporelle apparue dans l'évolution, abrite le pouvoir de conscience qu'elle a développé et subsiste par l'hérédité, qui assure sa continuité ; et d'autre part, en même temps, un mouvement invisible d'évolution de l'âme, avec pour mécanisme la réincarnation suivant des degrés ascendants de forme et de conscience. Le premier mouvement à lui seul n'entraînerait qu'une évolution cosmique, car l'individu serait un instrument rapidement périssable, et la race, formulation collective plus durable, serait le véritable échelon dans la manifestation progressive de l'Habitant cosmique, l'Esprit universel. Donc, la réincarnation est une condition indispensable pour la durée et l'évolution prolongée de l'être individuel dans son existence terrestre. Chaque degré de la manifestation cosmique, chaque type de forme susceptible d'abriter l'hôte spirituel, devient, avec la réincarnation, un moyen pour l'âme individuelle — l'entité psychique — de manifester de plus en plus sa conscience cachée. Chaque vie devient un pas de plus dans la victoire sur la Matière, par une progression croissante de la conscience qui finalement fera de la Matière elle-même m moyen de manifester pleinement l'Esprit.

SRi AUROBINDO, La Vie Divine, L'homme et l'évolution, Il. XXIII. 735

C'est difficile de comprendre, Douce Mère.

Ah!…

Si vous prenez l'histoire terrestre, toutes les formes de vie sont apparues l'une après l'autre, dans un schéma général, un programme général, avec toujours l'addition d'une perfection nouvelle et d'une conscience plus grande. Prenez seulement les formes animales (parce que c'est plus facile à comprendre, ce sont les dernières avant l'homme) ; chaque forme animale qui a paru, avait une perfection de plus dans son ensemble (je ne veux pas dire dans tous les détails), plus grande que les perfections précédentes, et le couronnement de la marche ascendante a été la forme humaine qui est, pour le moment, au point de vue conscience, la forme la plus capable de manifester la conscience ; c'est-à-dire que la forme humaine à son maximum, au maximum de ses possibilités, est capable de plus de conscience que toutes les formes animales précédentes.

C'est une façon d'évolution de la Nature.

C'est une façon d'évolution de la Nature. Sri Aurobindo nous a dit, la semaine dernière, que cette Nature suivait une progression ascendante pour manifester de plus en plus la conscience divine qui est contenue dans toutes les formes. Alors, avec chaque forme nouvelle qu'elle produit, la Nature produit une forme capable d'exprimer plus complètement l'esprit que cette forme contient. Mais si c'était comme cela, une forme vient, se développe, arrive à son maximum et est suivie d'une autre forme ; les autres ne disparaissent pas, mais l'individu ne progresse pas. L'individu chien ou l'individu singe, par exemple, appartient à une espèce qui a toutes ses caractéristiques propres ; quand le singe ou l'homme sera arrivé à son maximum de possibilités, c'est-à-dire quand un individu humain sera le type le meilleur de l'humanité, ce sera fini ; l'individu ne pourra pas progresser davantage. Il est espèce homme, il restera espèce homme. Ainsi, au point de vue de l'histoire terrestre, il y a un progrès puisque chaque espèce représente un progrès par rapport à l'espèce précédente, mais au point de vue de l'individu, il n'y a pas de progrès : il naît, il suit son développement, il meurt et disparaît. Donc, pour assurer le progrès de l'individu, il a fallu trouver un autre moyen ; celui-là ne suffisait pas. Mais au-dedans de l'individu, contenu dans chaque forme, il y a une organisation de conscience qui est plus proche et plus directement sous l'influence de la Présence divine intérieure, et cette forme qui est sous cette influence (cette sorte de concentration d'énergie intérieure) a une vie indépendante de la forme physique — c'est ce que nous appelons communément P'âme" ou l'"être psychique" — et étant organisée autour du centre divin, elle appartient à la qualité divine, qui est immortelle, éternelle. Le corps extérieur tombe, et ça reste à travers chaque expérience que cela a dans chaque vie, et il y a un progrès de vie en vie, et c'est le progrès du même individu. Et ce mouvement-là complète l'autre, en ce sens qu'au lieu d'une espèce qui progresse par rapport aux autres espèces, c'est un individu qui passe par tous les progrès de ces espèces et qui peut continuer à progresser alors même que les espèces sont arrivées à leur maximum de possibilités et qu'elles... demeurent ou qu'elles disparaissent (cela dépend des cas), mais elles ne peuvent pas aller plus loin, tandis que l'individu, ayant une vie indépendante de la forme purement matérielle, peut passer d'une forme à une autre et continuer in-dé-fini-ment son progrès. Cela fait un double mouvement qui se complète. Et c'est pourquoi chaque individu a la possibilité d'arriver au maximum de la réalisation, indépendamment de la forme à laquelle il appartient momentanément.

Il y a des gens (il y en a eu, il y en a encore je crois !) qui disent se souvenir de leurs vies antérieures et qui vous racontent ce qui s'est passé quand ils étaient chiens, ou quand ils étaient éléphants, ou quand ils étaient singes, et qui vous disent des histoires très détaillées sur ce qui leur est arrivé. Je n'entrerai pas en discussion avec eux, mais enfin c'est pour illustrer le fait qu'avant d'être homme, on a pu être singe — peut-être n'avait-on pas le pouvoir de se souvenir( !) c'est une autre affaire — , mais certainement cette étincelle divine intérieure a passé par des formes successives pour arriver à être de plus en plus consciente d'elle-même. Et s'il est prouvé que l'on peut se souvenir de la forme que l'on avait avant de devenir un être psychique tel qu'il est contenu dans la forme humaine, eh bien, on pourrait très bien se souvenir d'avoir grimpé aux arbres et mangé des noix de coco, et même fait toutes sortes de plaisanteries au voyageur qui passait en dessous !

En tout cas, le fait est là. Peut-être plus tard verrons-nous qu'il faut un certain état d'organisation intérieure pour que cet être psychique puisse avoir des souvenirs à la manière dont l'être mental les a — nous en parlerons plus tard, avec le livre — , mais en tout cas, le fait est établi ; c'est ce double mouvement d'évolution qui s'entrecroise et se complète, qui donne le maximum de possibilités de réalisation à la lumière divine qui" est au-dedans de chaque être. C'est ce que Sri Aurobindo a expliqué. (S'adressant à l'enfant) C'est-à-dire que dans ton corps extérieur, f tu appartiens à l'espèce animale en voie de devenir une espèce supramentale — tu ne l'es pas encore ! mais intérieurement tu as un être psychique qui a déjà vécu dans beaucoup, beaucoup, d'innombrables espèces auparavant, et qui a une expérience millénaire à l'intérieur de ton être, et qui continuera alors que ton corps humain restera humain jusqu'à ce qu'il se décompose.

Nous verrons plus tard si cet être psychique a la possibilité de transformer son corps et de créer lui-même une espèce intermédiaire entre l'homme animal et le surhomme — nous étudierons cela plus tard — , mais enfin, pour le moment, c'est une âme immortelle qui devient de plus en plus consciente d'elle-même dans un corps d'espèce humaine. Voilà. Maintenant tu as compris ?

(Un autre enfant) Mère, dans la Nature, nous voyons souvent la disparition d'une espèce tout entière. Quelle en est la cause?

Probablement, la Nature a-t-elle pensé que ce n'était pas réussi !... N'est-ce pas, elle se précipite dans l'action avec une abondance et un manque total de sens de l'économie. Nous pouvons le voir. Elle essaie tout ce qu'elle peut, de toutes les manières qu'elle peut, avec toutes sortes d'inventions, qui sont évidemment fort remarquables, mais quelquefois elle... c'est comme un chemin sans issue. En poussant de ce côté-là, au lieu de progresser, on arriverait à des choses évidemment absolument inacceptables. Elle jette son esprit créateur avec une abondance qui ne calcule point, et quand la combinaison n'est pas très réussie, eh bien, simplement elle fait comme cela (geste), puis elle la supprime, ça ne la gêne pas. Pour elle, n'est-ce pas, c'est une abondance qui n'a pas de limites. Je crois qu'elle ne se refuse à aucune espèce d'expérience. C'est seulement si quelque chose a une chance de conduire à une ligne qui ait un aboutissement, qu'elle continue. Il y a eu très certainement des intermédiaires ou des formes parallèles entre le singe et l'homme ; on en a trouvé des traces (peut-être avec beaucoup de bonne volonté ! mais enfin, on en a trouvé des traces), eh bien, ces espèces-là ont disparu. Alors, si nous aimons à spéculer, nous pouvons nous demander si l'espèce qui va venir maintenant et qui est un intermédiaire entre l'homme animal et le surhomme, demeurera, ou si elle sera considérée comme pas intéressante et supprimée ?... Cela, nous le verrons plus tard. La prochaine fois que nous nous retrouverons, on en reparlera !

C'est tout simplement l'action d'une abondance sans limites. Elle a suffisamment de connaissance et de conscience pour se comporter comme quelqu'un qui aurait une quantité innombrable et incalculable d'éléments qu'on mélange, qu'on resépare, qu'on reforme, qu'on redéfait et... C'est le gros chaudron : on tourne là-dedans, on en sort quelque chose ; ça ne va pas, on le rejette dedans, on prend autre chose. Imaginez-vous à la dimension... prenons seulement la terre : vous comprenez, une forme ou deux formes ou cent formes, pour elle, cela n'a aucune espèce d'importance, il y en a des milliers et des milliers et des milliers ; et puis des années, cent années, mille années, des millions d'années, cela n'a aucune espèce d'importance, on a l'éternité devant soi !

Simplement, quand nous regardons les choses à la proportion d'une dimension humaine, dans l'espace et dans le temps, oh ! cela paraît considérable, mais pour elle, ce n'est rien. C'est simplement un amusement. On peut l'aimer plus ou moins, l'amusement, mais enfin c'est un amusement.

Il est de toute évidence que ça l'amuse et qu'elle n'est pas pressée. Si on lui parle de brûler les étapes et de finir vite telle ou telle partie de son travail, la réponse est toujours la même : "Mais pourquoi faire, pourquoi ? Cela ne vous amuse pas ?"

Le 30 octobre 1957

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Les progrès de la vie à la vie

Douce Mère, puisque dans une vie nouvelle le mental et le vital autant que le physique sont nouveaux, comment les expériences des vies passées leur servent-elles? Est-ce qu’il faut faire toutes les expériences à nouveau?


Cela dépend des gens!

Ce n’est pas le mental et le vital qui se développent et progressent d’une vie à une autre (excepté dans des cas tout à fait exceptionnels et à un degré très avancé de l’évolution), c’est le psychique. Alors, les choses se passent ainsi : le psychique a une alternance d’activité et de repos ; il a une vie de progrès provenant des expériences de la vie physique, d’une vie active dans un corps physique, avec toutes les expériences du corps, du vital et du mental; puis, normalement, le psychique va dans une sorte de repos assimilateur où s’élabore le résultat des progrès accomplis pendant l’existence active, et quand cette assimilation est terminée, quand il a absorbé le progrès qu’il avait préparé dans sa vie active sur terre, il redescend dans un nouveau corps en apportant avec lui le résultat de tous ses progrès, et, à un stade avancé, il choisit même le milieu et le genre de corps et le genre de vie dans lequel il vivra pour compléter son expérience sur un point ou sur un autre. Dans certains cas très avancés, le psychique peut, avant de quitter le corps, décider du genre de vie qu’il aura dans son incarnation suivante.

Quand il est devenu un être presque totalement formé et déjà très conscient, il préside à la formation du nouveau corps et, généralement par une influence intérieure, il choisit les éléments et la substance qui formeront son corps de façon que ce corps soit adapté aux besoins de sa nouvelle expérience. Mais c’est à un stade assez avancé. Et plus tard, quand il est pleinement formé et que son retour sur la terre se fait dans une idée de service, d’aide collective, de participation aut ravail divin, alors il réussit à ramener vers le corps qui est en formation certains éléments du mental et du vital des vies antérieures qui, ayant été organisés et imprégnés des forces psychiques dans les vies antérieures, ont pu être conservés, et, par conséquent, peuvent participer au progrès général. Mais c’est à un stade très, très avancé.

Quand le psychique est pleinement développé et qu’il est tout à fait conscient, qu’il devient un instrument conscient de la Volonté divine, il organise le vital et le mental de telle manière qu’eux aussi participent à l’harmonie générale et qu’ils peuvent être préservés.

Un haut degré de développement permet au moins à cer-taines parties de l’être mental et de l’être vital de se préserver en dépit de la dissolution du corps. si, par exemple, certaines parties de l’activité humaine (mentales ou vitales) ont été par-ticulièrement développées, ces éléments du vital et du mental se conservent même « en forme » — en forme de l’activité qui a été pleinement organisée —, comme, par exemple, pour les gens hautement intellectuels et qui ont particulièrement développé leur cerveau, la partie mentale de leur être garde cette construction et se préserve sous cette forme de cerveau organisé, qui a sa vie propre et qui peut être conservé jusqu’à une vie future pour y participer avec tout son gain.

Chez les artistes, comme par exemple certains musiciens qui ont utilisé leurs mains d’une façon particulièrement consciente, la substance vitale et mentale se garde en forme de mains, et ces mains restent tout à fait conscientes, elles peuvent même utiliser le corps d’êtres vivants s’il y a une affinité particulière, et ainsi de suite.

Autrement, dans les êtres ordinaires chez qui la forme psychique n’est pas pleinement développée et organisée, au moment où le psychique quitte le corps, les formes mentales et vitales peuvent persister pendant un certain temps si la mort a été particulièrement paisible et concentrée, mais si un être humain est mort brusquement et dans un état de passion, avec des attachements nombreux, eh bien, les différentes parties de l’être se disloquent et vivent plus ou moins longtemps leur vie propre dans leur domaine propre, puis disparaissent.

Le centre d’organisation et de transformation est toujours la présence du psychique dans le corps. Par conséquent, c’est une très grosse erreur de croire que le progrès continue, ou même, comme certains le croient, qu’il est plus complet et plus rapide dans les périodes de transition entre deux vies physiques; généralement, il n’y a plus de progrès du tout, parce que le psychique entre dans le repos et les autres parties, après une vie plus ou moins éphémère dans leur propre domaine, se dissolvent.
 
La vie terrestre est le lieu du progrès. C’est ici, sur la terre, que le progrès est possible et pendant la durée de l’existence terrestre. Et c’est le psychique qui transporte ce progrès d’une existence à l’autre en organisant lui-même sa propre évolution et son propre développement.

CWM 9 Le 12 février 1958

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Les questions liées à l'inconscient et le sort après la mort

Cet Entretien est basé sur le chapitre V de Les Bases du Yoga, "La conscience physique, le subconscient, le sommeil et les rêves, la maladie". Ce soir, la lecture s'achève sur les lignes suivantes :

"C'est principalement à cause du subconscient que tout va se répétant et que jamais rien ne change qu'en apparence. C'est pourquoi les gens disent que le caractère ne peut être transformé, et c'est aussi la cause au constant retour de choses dont on espérait être débarrassé pour toujours. [...] De plus tout ce qui est réprimé, mais pas complètement rejeté, s'y enfonce et y demeure comme des graines prêtes à monter à la surface ou à germer à la première occasion."

Mais ce n'est pas sans espoir ; parce que si c'était sans espoir, jamais nous ne pourrions obtenir la transformation physique.

Voilà. Maintenant, questions.

Douce Mère, comment faut-il rejeter quelque chose du vital pour que cela n'entre pas dans la subconscience ?

Ah!

Il y a une grande différence entre repousser une chose simplement parce qu'on n'en veut pas, et changer la condition de sa conscience qui fait que cette chose devient totalement étrangère à votre, nature. D'habitude, quand on a un mouvement dont on ne veut pas, on le chasse, on le repousse, mais on ne prend pas la précaution de trouver en soi ce qui a servi et ce qui sert encore de soutien à ce mouvement, la tendance spéciale, le pli de conscience qui fait que cette chose est capable d'entrer dans la conscience. Si au contraire, au lieu simplement de faire un mouvement de réprobation et de rejet, on entre profondément dans sa conscience vitale et qu'on trouve le support, c'est-à-dire comme une petite vibration spéciale qui est enfouie très profondément dans un coin, souvent dans un coin si obscur qu'on a de la difficulté à la trouver là ; si on part en chasse, c'est-à-dire si on s'intériorise, si on se concentre, si on suit comme à la piste ce mouvement jusqu'à son origine, on trouve quelque chose comme un tout petit serpent lové, quelque chose, quelquefois, de tout petit, pas plus grand qu'un pois, mais qui est très noir et enfoncé très fort.

Et alors, il y a deux procédés : ou mettre une lumière tellement intense, la lumière d'une Conscience de Vérité tellement forte, que ça sera dissout ; ou bien attraper ça comme avec une pince, le tirer de l'endroit où ça se trouve et le mettre en face de sa conscience. Le premier procédé est radical, mais on n'a pas toujours à sa disposition cette Lumière de Vérité, alors on ne peut pas toujours l'employer. Le second procédé, on peut le prendre, mais ça fait mal, ça fait un mal aussi grand que si on vous arrache une dent ; je ne sais pas si on vous a jamais arraché une dent, mais ça fait aussi mal que ça, et ça fait mal là, comme ça (Mère indique le centre de la poitrine et fait un mouvement de torsion). Et généralement, on n'est pas très courageux. Quand ça fait très mal, eh bien, on essaye d'effacer ça comme ça (geste), et c'est pour cela que les choses persistent. Mais si on a le courage de le prendre et de tirer jusqu'à ce que ça soit là et de le mettre en face de soi, même si ça fait très, très mal... alors le tenir comme ça (geste) , jusqu'à ce qu'on puisse voir clair, et puis le dissoudre, alors c'est fini. La chose ne se cachera plus jamais dans le subconscient et ne reviendra jamais plus vous ennuyer. Mais c'est une opération radicale. Il faut le faire comme une opération.

Il faut d'abord avoir beaucoup de persévérance dans la recherche, parce que généralement quand on se met à la recherche de ces choses, le mental vient donner cent et une explications favorables pour que vous n'ayez pas besoin de chercher. Il vous dit : "Mais non, ce n'est pas du tout votre faute ; c'est ceci, c'est cela, ce sont les circonstances, ce sont les gens, ce sont des choses reçues du dehors" — toutes sortes d'excellentes excuses, ce qui fait qu'à moins que vous ne soyez très ferme dans votre résolution, vous laissez aller et puis c'est fini ; et alors au bout de quelque temps toute l'affaire est à recommencer, l'impulsion mauvaise ou la chose dont vous ne vouliez pas, le mouvement dont vous ne vouliez pas revient, et alors il faut tout recommencer, jusqu'au jour où vous aurez décidé de faire l'opération. Quand l'opération est faite, c'est fini, on est libre. Mais, comme je dis, il faut se méfier des explications mentales, parce que chaque fois on dit : "Oui, oui, les autres fois c'était comme ça, mais cette fois-ci vraiment, vraiment ce n'est pas ma faute, ce n'est pas ma faute." Voilà. Alors c'est fini, c'est à recommencer. Le subconscient est là, la chose descend, reste là, très confortable, et le premier jour où vous n'êtes pas sur vos gardes, hop ! ça remonte et ça peut durer ; j'ai connu des gens pour qui ça avait duré plus de trente-cinq ans, parce qu'ils n'avaient pas résolu une seule fois de faire ce qu'il fallait.

Oui, ça fait mal, ça fait un peu mal, c'est tout ; après c'est fini. Voilà.

Rien?... Personne n'a rien à dire? Toi, non? Tu as quelque chose à demander ? Toi ?

Hors du sujet.

Hors du sujet ? Ce sujet comporte tout. Alors comment cela peut-il être hors du sujet ? Le subconscient, on nous a dit, c'est universel.

Mère, quand on est ici, et qu'on suit le yoga intégral, ici, n'est-ce pas...

"On est ici", ça veut dire "on est à l'Ashram" ou "on est dans la classe" ? Dans la classe ? Non ! (rires)

Nous sommes dans la classe et à l'Ashram aussi.

Ah bon ! Alors ?

Est-ce que c'est sûr que dans la prochaine vie aussi on sera ici, à l'Ashram ? Ou bien est-ce qu'on s'en ira quelque part pour d'autres expériences ?

Ça dépend des cas. D'abord qu'est-ce que tu appelles la prochaine vie ? C'est-à-dire les gens qui ont laissé leur corps et qui en prendront un autre ?

Oui.

Mais cela dépend absolument de la condition dans laquelle ils sont morts et de leur dernier vœu, et de la résolution du psychique. Ce n'est pas une chose mécanique ou forcée, c'est pour chacun différent.

Je vous ai déjà dit beaucoup de fois que, pour le destin qui suit la mort, le dernier état de conscience est généralement le plus important. C'est-à-dire que si au moment de mourir on a cette aspiration intense de revenir continuer son œuvre, alors les conditions s'arrangent pour que ça puisse se faire. Mais il y a toutes les possibilités, pour ce qui se passe après la mort. Il y a des gens qui retournent dans le psychique. N'est-ce pas, je vous ai dit que l'être extérieur, c'est très rare qu'il se conserve ; alors nous parlons seulement de la conscience psychique qui, elle, persiste toujours. Et alors il y a des gens pour qui le psychique retourne dans le domaine psychique pour assimiler l'expérience qu'ils ont eue et préparer leur vie future. Ça peut prendre des siècles, cela dépend des gens.

Plus le psychique est évolué, plus il est près de sa complète maturité, plus il y a de temps entre les naissances. Il y a des êtres qui ne se réincarnent qu'après mille ans, deux mille ans.

Plus on est au début de la formation, plus les réincarnations sont proches ; et quelquefois même, tout à fait au degré inférieur, quand on est tout près de l'animal, ça fait comme ça (geste), c'est-à-dire qu'il n'est pas rare que les gens se réincarnent dans les enfants de leurs enfants, comme ça, quelque chose comme ça, ou juste la génération suivante. Mais ça, c'est toujours un degré d'évolution très primitif, et l'être psychique n'est pas très conscient, il est en état de formation. Et à mesure qu'il est plus développé, les réincarnations, comme je dis, s'éloignent l'une de l'autre. Quand l'être psychique est totalement développé, qu'il n'a plus besoin de revenir sur la terre pour son développement, qu'il est absolument libre, il a le choix entre ne plus revenir sur terre s'il trouve que son travail est ailleurs, ou s'il aime mieux rester dans la conscience purement psychique, sans réincarnation ; ou bien il peut venir quand il veut, comme il veut, où il veut, parfaitement consciemment. Et il y en a qui se sont unis avec des forces d'ordre universel et des entités de l'Overmind¹ ou d'ailleurs, qui restent tout le temps dans l'atmosphère terrestre et qui prennent des corps successivement pour le travail. Ce qui fait que de la minute où l'être psychique est complètement formé, et absolument libre — quand il est complètement formé, il devient absolument libre —, il peut faire tout ce qu'il veut, cela dépend de ce qu'il choisit; par conséquent on ne peut pas dire : "Ça sera comme ceci, ça sera comme cela" ; il fait exactement ce qu'il veut et il peut même (c'est arrivé) annoncer, au moment de la mort du corps, quelle sera sa prochaine réincarnation et ce qu'il fera, et choisir déjà ce qu'il va faire. Mais avant cet état-là, qui n'est pas très fréquent — cela dépend absolument du degré de développement du psychique et de l'espoir formulé par la conscience intégrale de l'être —, il y a encore la conscience mentale, vitale et physique, unie à la conscience psychique ; alors à ce moment-là, au moment de la mort, au moment de quitter le corps, il formule un espoir, ou une aspiration ou une volonté, et généralement cela décide de la vie future.

Alors on ne peut pas poser une question, dire : "Qu'est-ce qui se passe et qu'est-ce qu'il faut faire ?" Toutes les choses possibles se passent, et tout peut être fait.

Chacun a un cas dans l'esprit : il pose une question générale, mais dans son esprit c'est une question tout à fait particulière ; mais ça, ce sont des choses dont on ne discute pas en public.

Le 16 mars 1955

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Les yeux de l'âme

      Douce mère, avec le mental humain, est-ce que Von peut reconnaître rame d'une autre personne?

 

     Les choses ne sont pas si nettement coupées et séparées qu'elles ne le sont quand on parle; c'est même pour cela qu'il est assez difficile de voir d'une façon très distincte et très claire en soi-même les différentes parties de l'être, à moins que l'on n'ait eu un très long entraînement et une longue discipline d'étude et d'observation. Ce ne sont pas des compartiments à cloisons étanches entre l'âme et le mental, le vital, et même le physique.

Il y a une infiltration de l'âme dans le mental. Chez certaines personnes, elle est même assez grande, elle est perceptible. Alors cette partie du mental qui a une sorte d'appréhension, de contact subtil avec l'être psychique, est capable de sentir chez autrui la présence de l'âme.

Ceux qui ont la capacité d'entrer, dans une certaine mesure, dans la conscience des autres au point de pouvoir voir ou sentir directement leur pensée, leur activité mentale, qui peuvent entrer dans l'atmosphère mentale des autres sans avoir besoin de se servir de mots pour se faire comprendre, ceux-là peuvent bien faire la différence entre celui qui a une âme active et celui dont l'âme est endormie. L'activité de l'âme donne à l'activité mentale une coloration spéciale  —  elle est plus légère, plus compréhensive et plus lumineuse  — , alors cela, on peut le sentir. Par exemple, en regardant les yeux de quelqu'un, on peut dire avec une certaine certitude que cette personne a une âme vivante, ou que l'on ne voit pas son âme dans ses yeux. Il y a beaucoup de personnes qui peuvent sentir ("beaucoup" je veux dire parmi les gens évolués), qui peuvent dire cela. Mais naturellement,  pour savoir exactement à quel point l'âme de quelqu'un est éveillée et active, à quel point elle domine dans l'être, elle est la maîtresse, il faut avoir soi-même la conscience psychique, parce qu'elle seule peut juger d'une façon définitive. Mais il n'est pas tout à fait impossible d'avoir cette sorte de vibration intérieure qui vous fait dire : "Oh ! cette personne a une âme."

Maintenant évidemment, le plus souvent, ce que les gens (à moins qu'ils ne soient initiés) appellent "âme", c'est l'activité vitale. Quand quelqu'un a un vital fort, actif, volontaire, qui domine les activités du corps, qui a un contact très vivant ou intense avec les gens et les choses et les événements, quand il a un goût prononcé pour l'art, pour toute expression de beauté, on est généralement tenté de dire et de croire : "Oh ! il a une âme vivante", mais ce n'est pas son âme, c'est son être vital qui est vivant et qui domine l'activité corporelle. Ça, c'est la première différence entre quelqu'un qui commence à être développé et ceux qui sont encore dans l'inertie et le tamas de la vie purement matérielle. Cela donne, d'abord à l'apparence mais aussi à l'activité, une sorte de vibration, d'intensité de vibration, qui souvent crée l'impression que c'est une personne qui a une âme vivante; mais ce n'est pas cela, c'est son vital qui est développé, qui a une capacité spéciale, qui est plus fort que l'inertie physique et qui donne une intensité de vibration et de vie et d'action que ceux qui n'ont pas d'être vital développé., ne possèdent pas. Ça, cette confusion entre l'activité vitale et l'âme, est une confusion très fréquente ... La vibration vitale est beaucoup plus facilement perceptible pour la conscience humaine que la vibration de l'âme.

Pour percevoir l'âme dans quelqu'un, généralement il faut avoir le mental très tranquille  —  très tranquille parce que, quand il est actif, ce sont ses vibrations que l'on voit, ce n'est pas la vibration de l'âme.

Et alors, quand on regarde quelqu'un qui est conscient de son âme et qui vit dans son âme, si l'on regarde comme cela, l'impression que l'on a, c'est de descendre, d'entrer profondément, profondément, profondément dans la personne, loin, loin, loin, loin dedans; tandis que généralement, quand on regarde dans les yeux, on rencontre assez vite une surface qui vibre et qui répond au regard, mais on n'a pas cette impression de descendre, descendre, descendre, descendre, descendre profondément comme dans un trou et très loin, très loin, très loin, très loin dedans, alors on a ... une petite réponse, très tranquille. Autrement, généralement, on entre  —  il y a des yeux où l'on n'entre pas, c'est fermé comme une porte  —  mais enfin il y a des yeux qui sont ouverts, on entre et puis on rencontre assez près derrière, quelque chose qui vibre là, comme ça, qui brille quelquefois, qui vibre. Et alors c'est cela, si l'on se trompe, on dit : "Oh ! il a une âme vivante"  —  ce n'est pas cela, c'est son vital.

Pour trouver l'âme, il faut aller comme ça (geste de plongée), comme ça, se reculer de la surface, se retirer profondément, et entrer, entrer, entrer, descendre, descendre, descendre dans un trou très profond, silencieux, immobile, et alors là, il y a comme une ... quelque chose qui est chaud, tranquille, riche de contenu, et très immobile, et très plein, comme une douceur  —  ça, c'est l'âme.

Et si l'on insiste et que soi-même on soit conscient, alors il se produit comme une sorte de plénitude qui donne l'impression d'une chose complète et qui contient des profondeurs insondables dans lesquelles on sent que si l'on entrait, alors il y aurait des secrets qui se révéleraient... comme une réflexion dans une eau très paisible de quelque chose qui est éternel. Et on ne se sent plus limité par le temps.

On a l'impression d'avoir toujours été et d'être pour l'éternité.

Ça, c'est quand on a touché le centre de l'âme.

Et si le contact a été assez conscient et complet, cela vous libère de l'esclavage de la forme extérieure; on ne sent plus que l'on ne vit que parce que l'on a un corps. Ça, c'est généralement la sensation ordinaire de l'être, d'être lié à cette forme extérieure au point que quand on pense "moi", on pense ""le corps". C'est la chose ordinaire. La réalité personnelle, c'est la réalité corporelle. Ce n'est que si l'on a fait un effort de développement intérieur et que t'on a essayé de trouver un point un peu plus stable dans son être, qu'alors on peut commencer à sentir que c'est ce ""quelque chose" qui est conscient d'une façon permanente à travers tous les âges et tous les changements, c'est ce quelque chose-là qui doit être '"moi". Mais cela, ça demande déjà une étude assez ... assez approfondie. Autrement, si tu penses ""je vais faire ceci", "j'ai besoin de cela", c'est toujours ton corps, un petit peu d'une sorte de volonté qui est un mélange de sensations, de réactions sentimentales plus ou moins confuses et de pensées encore plus confuses qui font un mélange et qui sont animées par une impulsion, une attraction, un désir, une volonté quelconque, et c'est cela qui devient momentanément "moi"  —  mais pas directement parce que l'on ne conçoit pas ce "moi" indépendant de la tête, du torse, des bras, des jambes et de tout ça qui bouge, c'est très étroitement lié.

C'est seulement après avoir beaucoup réfléchi, beaucoup regardé, beaucoup étudié, beaucoup observé, que l'on commence à se rendre compte que l'un est plus ou moins indépendant de l'autre et que cette volonté par-derrière peut, ou le faire agir, ou ne pas le faire agir, et ne pas s'identifier complètement au mouvement, à l'action, à la réalisation  —  qu'il y a un flottement. Mais il faut beaucoup regarder pour voir cela.

Et puis, il faut encore beaucoup plus regarder pour voir que ça, cette seconde chose qui est là, cette sorte de volonté active consciente, c'est mis en mouvement par "quelque chose d'autre" qui regarde, qui juge, qui décide et qui essaie de baser ses décisions sur une connaissance  —  cela, ça arrive encore beaucoup plus tard. Et alors, quand on commence à voir ce "quelque chose d'autre", on commence à voir que ça a le pouvoir de mettre en mouvement la seconde chose qui est une volonté active, et non seulement cela, mais que ça a une action très directe et très importante sur les réactions, les sentiments, les sensations, et que finalement, ça peut avoir un contrôle sur tous les mouvements de l'être, cette partie qui regarde, qui observe, qui juge et qui décide. Cela, c'est le commencement du contrôle.

Quand on devient conscient de ça, on a saisi le fil, et quand on parle de contrôle, on peut savoir "Ah ! oui, c'est ça qui a le pouvoir de contrôler."

C'est comme cela que l'on apprend à se regarder.

ref.

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Quand mus avons dépassé les savoirs, alors nous avons la Connaissance. (CWM vol. 8, Le 28 novembre 1956 )

Quand mus avons dépassé les savoirs, alors nous avons la Connaissance. La raison fut une aide/, la raison est. l'entrave.

Quand nous avons dépassé les velléités, alors nous avons le Pouvoir. L'effort fut une aide, l'effort est l'entrave.

Quand nous avons dépassé les jouissances, alors nous avons la Béatitude. Le désir fut une aide, le désir est l'entrave.

Quand nous avons dépassé l'individualisation, alors nous sommes des Personnes réelles. Le moi fut une aide, le moi est l'entrave.

Quand nous dépasserons l'humanité, alors nous serons l'Homme. L'animal fut une aide, l'animal est l'entrave.

SRI AUROBINDO
Aperçus et Pensées, SABCL, Vol. 16. p. 377

 

C'est le même principe exprimé dans toutes les activités ou tous les aspects de l'être... Il est évident que pour sortir de l'état d'inconscience originelle, le désir était indispensable, car sans désir il n'y aurait eu aucun éveil d'activité. Mais une fois qu'on est né à la conscience, ce même désir, qui avait aidé à sortir de l'inconscience, empêche de se libérer des entraves de la matière et de s'élever à une conscience plus haute.

Il en est de même pour l'ego, le moi. Pour pouvoir passer à un plan supérieur, il faut d'abord exister ; Page – 473 et pour exister il faut devenir une individualité consciente, séparée, et pour devenir une individualité consciente séparée, l'ego est indispensable, autrement on reste mélangé à tout ce qui nous entoure. Mais une fois que l'individualité est formée, si l'on veut monter à un degré supérieur et avoir une vie spirituelle, si l'on veut même devenir simplement une humanité supérieure, les limitations de l'ego sont les pires entraves, et il faut surpasser l'ego pour entrer dans la vraie conscience.

Et enfin, pour la vie ordinaire élémentaire de l'homme, toutes les qualités qui appartiennent à l'animal, spécialement celles du corps, étaient indispensables, autrement l'homme n'aurait pas existé. Mais quand l'homme est devenu un être conscient et mental, tout ce qui l'attache à son origine animale, devient nécessairement un empêchement au progrès et à la libération de l'être.

Ainsi, pour tout le monde (excepté pour ceux qui sont nés libres, et ce cas-là est évidemment très rare), pour tout le monde, cet état de raison, d'effort, de désir, d'individualisation et d'équilibre physique solide selon le mode ordinaire, est indispensable pour commencer, jusqu'au moment où l'on est devenu un être conscient et où il faut abandonner toutes ces choses pour devenir un être spirituel.

Maintenant, si quelqu'un a une question à poser sur le. sujet ?

Douce Mère, quand peut-on dire. que l'on est conscient ?

C'est toujours une question relative. On n'est jamais tout à fait inconscient et on n'est jamais complètement conscient. C'est un état progressif.

Mais il y a un moment où au lieu de faire les choses automatiquement, poussé par une conscience et une force, justement dont on est tout à fait inconscient, -un moment où l'on peut observer ce qui se passe en soi-même, étudier les mouvements, trouver leurs causes, et en même temps commencer à avoir un contrôle, d'abord sur ce qui se passe au-dedans de nous, puis sur l'influence jetée du dehors sur nous et qui nous fait agir, au début d'une façon tout à fait inconsciente et presque involontaire, mais petit à petit de plus en plus consciente ; et la volonté peut s'éveiller et réagir. Alors à ce moment-là, au moment où il y a une volonté consciente qui est capable de réagir, on peut dire : je suis devenu conscient. Cela ne veut pas dire que ce soit une conscience totale et parfaite, cela veut dire que c'est le commencement : quand on est capable d'observer, par exemple, toutes les réactions dans son être et d'avoir un certain contrôle sur elles, de laisser agir celles que l'on approuve et de contrôler, d'empêcher, d'annuler celles que l'on désapprouve.

Aussi, il faut avoir pris conscience en soi de quelque chose qui ressemble à un but, ou à une raison d'être ou à un idéal que l'on veut réaliser ; quelque chose d'autre que le simple instinct qui vous pousse à vivre sans que vous sachiez ni pourquoi ni comment. A ce moment-là on peut dire qu'on est conscient, mais cela ne veut pas dire qu'on est parfaitement conscient. Et d'ailleurs cette perfection-là est tellement progressive que, je pense, personne ne peut dire qu'il est parfaitement conscient ; il est en voie de devenir parfaitement conscient, mais il ne l'est pas.

CWM vol. 8, Le 28 novembre 1956

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Staline et Hitler

Sztálin és Hitler

En février, tu as donné un message disant qu'une nouvelle lumière poindra sur la terre¹ ", et juste après cela {le 5 mars 1953}, Staline est mort. Est-ce que cela indique quelque chose?

 

Ce serait vraiment un petit résultat ! La mort de Staline (malheureusement pas plus que la mort de Hitler) n'a pas changé l'état actuel du monde. Il faudrait quelque chose de plus que cela. Parce que cela, c'est comme l'assassin que l'on guillotine : au moment où on lui coupe la tête, son esprit demeure et est projeté hors de lui. C'est une formation vitale et elle va se réfugier dans l'un des spectateurs bénévoles, qui tout d'un coup se sent un instinct de criminel. Il y a beaucoup de gens comme cela, surtout de très jeunes criminels que l'on a questionnés et qui l'ont dit. La réponse fréquente est : "Ça m'a saisi quand j'ai vu guillotiner telle personne."

Alors, cela ne sert à rien, la mort de l'un ou de l'autre. Cela ne sert pas à grand-chose—ça s'en va ailleurs. Ce n'est qu'une forme. C'est comme si tu faisais quelque chose de très mal avec une certaine chemise et que tu jettes ta chemise et que tu dises : "Maintenant je ne ferai plus de mal." Tu continues avec une autre chemise !

 

Si la vie s'est convertie en mort, pourquoi ne meurt-elle pas elle-même? .

 

Parce qu'il se garde bien ! C'est très juste ce que tu dis, mais il se garde bien de s'incarner sur la terre. Et dans le monde vital il n'y a pas de mort, cela n'existe pas. C'est dans le monde matériel que cela existe, et il prend très grand soin de ne pas s'incarner.

 

¹Il s'agit d'un message adressé à la revue bengali Srinvantu:  "Let the Light of the Truth be born upon earth from to-day and for ever."

(Que la Lumière de Vérité naisse sur là terre aujourd'hui même et pour toujours.)

 

Est-ce que Staline était prédestiné à être ce qu'il était?

 

Staline? Je ne suis pas tout à fait sûre que ce soit un être humain... en ce sens que je ne pense pas qu'il avait d'être psychique. Ou il en avait peut-être un (dans toute matière, dans tout atome il y a un centre divin), mais je veux dire un être psychique conscient, formé, individualisé. Je ne le pense pas. Je crois que c'était une incarnation directe d'un être du monde vital. Et c'était cela, la grande différence entre lui et Hitler. Hitler était un homme simplement, et en tant qu'homme, c'était une tête très faible, très sentimentale — il avait une conscience comme celle d'un petit artisan (certains ont dit : un petit cordonnier), enfin un petit artisan, ou un petit maître d'école, quelque chose comme cela, une toute petite conscience, et extrêmement sentimental, ce qu'on appelle en français "fleur bleue", très faible.

Mais c'était un possédé. Il avait le caractère plutôt médiocre — il était très médiocre. C'était un médium, il était très bon médium — ça l'a pris d'ailleurs au cours de séances de spiritisme : c'est à ce moment-là qu'il a été pris de ces crises qu'on appelait épileptiques. Ce n'était pas épileptique : c'étaient des crises de possession. C'est comme cela qu'il avait cette espèce de pouvoir, qui d'ailleurs n'était pas très grand. Mais quand il voulait savoir quelque chose de cette puissance, il s'en allait dans son château là, en "méditation", et là vraiment il faisait un appel très intense à ce qu'il appelait son "dieu", son dieu suprême, qui était le Seigneur des Nations. Et tout lui apparaissait magnifique. C'était un être ... il était petit — il lui apparaissait tout cuirassé d'argent, avec un casque d'argent et une aigrette d'or! Il était "magnifique" ! Et une lumière tellement éblouissante qu'à peine les yeux pouvaient le regarder et supporter l'éclat. Naturellement il n'apparaissait pas physiquement — Hitler était un médium, il voyait. Il avait une certaine clairvoyance. Et c'était dans ces cas-là qu'il avait ses crises : il se roulai par terre, il bavait, mordait les tapis, c'était effroyable, l'état dans lequel il était. Les gens qui l'entouraient le connaissaient. Eh bien, celui-là est le "Seigneur des Nations". Et ce n'est même pas le Seigneur des Nations dans son origine, c'est une émanation du Seigneur des Nations, et une émanation très puissante.

 

S'il choisit de disparaître, ce serait une perte de force pour le Divin?

 

Quoi? Qu'est-ce que tu racontes! Disparaître où? Qu'est-ce que tu appelles disparaître?—Disparaître où? Tu connais l'histoire du Râmâyana. Qu'est-ce que Râvana a choisi? Tu connais cela? Eh bien, c'est ce qui s'appelle choisir de disparaître : c'est-à-dire qu'il n'a plus d'individualité.  

 

On ne dit pas ce qui est arrivé à Râvana après sa mort.

 

On ne dit pas cela? À moi, on me l'a dit. On dit que Râvana a choisi de disparaître dans le Suprême, et qu'il s'est complètement dissous en lui, c'est-à-dire qu'il a perdu son individualité, qu'il n'était plus un être séparé, qu'il est retourné à l'Origine—il s'est dissous dans le Suprême. Et que même avant de le faire, il avait choisi ce rôle-là, son rôle d'hostile, parce que le chemin est beaucoup plus court que pour ceux qui sont des dévots et qui obéissent. On va beaucoup plus vite, parce que, un jour, le Divin décide que ça suffit, et justement il les détruit. Il ne peut pas sortir du Divin puisque tout est divin ! Il peut perdre son individualité, c'est-à-dire se fondre, se dissoudre dans le Suprême.

  D'ailleurs rien ne disparaît, c'est la forme qui disparaît, mais les éléments, constitutifs continuent, Tout est éternel puisque tout est le Divin, et rien ne peut sortir du Divin puisque tout est divin. Mais les formes disparaissent. Et c'est par cette identification avec la forme qu'e l'on a l'impression de la mort; mais les éléments constitutifs sont éternels parce que tout est éternel. C'est la forme qui disparaît,

Alors, certains de ces êtres-là préfèrent justement être complètement dissous et disparaître totalement comme cela, dans l'infini, l'unité (c'est-à-dire qu'ils perdent leur conscience personnelle, ils n'ont plus de conscience personnelle, ils n'existent plus en tant que conscience personnelle), ils préfèrent cela plutôt que d'avoir une conscience personnelle qui se donne au Divin, et qui devienne de ce fait consciemment et personnellement immortelle. Ils aiment mieux la dissolution et la disparition personnelle que la conversion, c'est-à-dire le don de soi.

 

Pourquoi?

 

Par orgueil, je suppose. C'est toujours l'orgueil. Au fond, dès le début c'est l'orgueil — mais presque toutes les religions l'ont dit. C'est l'orgueil, c'est-à-dire une sorte de conscience de son pouvoir et de son importance,

 

Vous avez dit que ces quatre émanations étaient des portions du Suprême. Alors comment peuvent-elles avoir une autre conscience que lui?

 

Autre conscience? Mais il n'y a pas d'autre conscience! Le principe même de l'émanation, c'est une objectivation d'une partie de soi qui garde en potentialité les qualités de l'émanateur. Mais si cette émanation est faite (comme elles ont été faites) avec une volonté de liberté de choix, comme je l'ai dit, ces émanations peuvent ou bien suivre cette liberté et cette indépendance,

  ou bien continuer à garder la connexion avec l'émanateur, puisque c'est une liberté de choix. Cette puissance et cette force qu'ils contiennent en eux-mêmes est tout à fait suffisante pour leur donner l'impression de leur importance et de leur puissance. S'ils choisissent de ne pas rester en rapport volontaire, en rapport de soumission au Suprême, s'ils choisissent de se servir de la quantité de puissance et de conscience: et de force qu'ils contiennent en eux-mêmes pour faire ce qu'ils ont à faire d'une façon indépendante, de ce fait même ils se coupent de leur origine 

—mais cela n'empêche que les éléments constituants de leur être sont des éléments qui appartenaient à l'origine. Et c'est pour cela que, même si volontairement ils se coupent, il y a tout au fond de la conscience un lien qui est indestructible, C'est le lien de l'identité. Mais dans la manifestation extérieure, comme ils ont été émanés avec cette qualité essentielle de liberté de choix, eh bien, ils sont libres, de choisir de faire ceci ou de faire cela. .C'est pour cela que, même dans le pire criminel, il y a au fond de lui, quelque part, la lumière divine. Je pense que vous avez lu ce passage de Vivékânanda où il dit qu'il faut dire au criminel : "Éveille-toi (je ne sais pas les mots exacts), éveille-toi, être de lumière, et resplendis!"

Tout à l'heure, quand je vous ai dit que je vous raconterai l'histoire comme on la raconte à des enfants, c'est justement parce que je l'ai racontée comme si c'était une histoire matérielle. Et alors, racontée comme cela, cela devient une histoire d'enfant. Mais il faut voir ces choses-là dans leur domaine, qui est un domaine spirituel et non un domaine matériel, Ce n'est pas comme ce qui se passerait ici.

Mais d'ailleurs, si! Ce qui se passe ici est symboliquement la même chose, en ce sens que l'enfant qui naît n'est pas autre chose qu'un morceau de sa mère, même matériellement, tout à fait matériellement, puisque pendant à peu près....

   — d'une façon totale pendant quelques heures, deux jours environ, et d'une façon diminuée mais encore très sensible, pendant au moins deux mois — ce lien de substance est tellement grand que cela se sent comme vraiment une prolongation physique matérielle de soi mais en dehors de soi. Ça, c'est l'élément de l'émanation.   Eh bien, ceci n'empêche que les enfants, quand ils grandissent, deviennent tout à fait indépendants de leurs parents et quelquefois extrêmement différents, mais à l'origine, au départ, c'est la même chose. C'est simplement la même matière, absolument la même, simplement extériorisée, c'est tout.

Et pour les émanations, c'est le même phénomène, mais au lieu d'être sur un plan matériel, c'est sur le plan spirituel le plus élevé. Et ce qui se passe ici est un symbole de ce qui se passe là-haut.

Eh bien, il ne vous vient jamais à l'esprit de dire : "Comment se fait-il que cet enfant, qui a une mère ou un père qui sont si bons, si justes, si généreux, si véridiques, comment se fait-il qu'il soit un tel brigand?" On peut s'étonner, mais cela ne paraît pas une chose impossible. Eh bien, c'est la même chose. Au fond, tout dépend de la constitution interne de l'être. Il n'y a pas deux êtres qui soient semblables; il n'y a pas deux constitutions qui soient semblables. Et tout dépend de l'organisation interne, de l'organisation intégrale de l'être, de l'ordre dans lequel les éléments sont organisés et quelle est leur relation intérieure — de même que la forme extérieure diffère parce que les cellules ne sont pas organisées de la même façon. Mais comme c'est un phénomène que vous voyez constamment» au milieu duquel vous êtes nés, que vous voyez tous les jours, cela vous paraît tout naturel. Mais c'est la même chose. Il vous paraît tout à fait naturel qu'un enfant soit différent de sa mère, de son père, pourtant c'est la même chose.

  Et dans une émanation du Suprême, d'abord une partie est nécessairement différente du tout bien qu'elle puisse contenir potentiellement le tout, mais le tout n'est pas exprimé.   Et comme le tout n'est pas exprimé, c'est forcément différent du tout, parce que l'organisation interne est différente. Voilà, je crois que cela suffit.

Nous avons presque abordé la philosophie.

Au revoir, mes enfants.  

ref.

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Émergence de la conscience spirituelle

"Quand l'émergence décisive se produit, l'un des signes est la présence et l'action en nous d'une conscience inhérente, intrinsèque, existant en soi, qui se connaît par le simple fait de son existence, qui connaît tout ce qui est en elle de la même manière, par identité, qui commence même à voir tout ce qui, pour notre mental, semble extérieur, de la même manière, par un mouvement d'identité ou par une conscience directe intrinsèque qui enveloppe son objet, le pénètre, entre en lui, se découvre dans l'objet et perçoit en lui quelque chose qui n'est ni le mental ni là vie ni le corps. Il existe donc, évidemment, une conscience spirituelle différente du mental, et elle témoigne de l'existence en nous d'un être spirituel qui est autre que notre personnalité mentale de surface."

Sri Aurobindo: La Vie Divine, II. XXIV. 761



Douce Mère, y a-t-il un être spirituel dans tout le monde?

Cela. dépend de ce que nous appelons "être". Si l'on remplace être par "présence", oui, il y a une présence spirituelle dans tout le monde. Si nous appelons "être" une entité organisée, pleinement consciente d'elle-même, indépendante et ayant le pouvoir de s'affirmer et de gouverner le reste de la nature — non! La possibilité de cet être indépendant et tout-puissant est en tout le monde, mais la réalisation est le résultat de longs efforts qui s'étendent parfois sur de nombreuses vies.

En chacun, même tout au commencement, cette présence spirituelle, cette lumière intérieure est là ...

En fait, elle est partout. Je l'ai vue, maintes fois, dans certains animaux. C'est comme un point brillant qui est à la base d'un certain contrôle et d'une certaine protection, quelque chose qui rend possible, même dans une semi-conscience, une certaine harmonie avec le reste de la création afin que les catastrophes irrémédiables ne soient pas constantes et générales. Sans cette présence, le désordre créé par les violences et les passions vitales serait tel qu'elles pourraient à n'importe quel moment créer une catastrophe générale, une sorte de destruction totale qui empêcherait la progression de la Nature. C'est cette présence-là,. cette lumière spirituelle — que l'on pourrait presque appeler une conscience spirituelle — qui est au-dedans de chaque être et de toute chose et qui fait que malgré toutes les discordances, malgré toutes les passions, malgré toutes les violences, il y a un minimum d'harmonie générale qui permet à l'œuvre de la Nature de s'accomplir.
 
Et cette présence devient tout à fait évidente dans l'être humain, même le plus rudimentaire. Même dans l'être humain le plus monstrueux, celui qui donne l'impression d'être l'incarnation d'un diable ou d'un monstre, il y a quelque chose au-dedans qui impose une sorte de contrôle irrésistible — même chez le pire il y a des choses qui sont impossibles. Et sans cette présence, si l'être était exclusivement gouverné par les forces adverses, les forces du vital, cette impossibilité n'existerait pas.
 
Chaque fois qu'une vague de ces forces adverses, si monstrueuses, se répand sur la terre, on a l'impression que plus rien n'arrêtera le désordre et l'horreur qui se répandent, et toujours, à un moment donné, d'une façon inattendue et inexplicable, un contrôle intervient, et la vague est enrayée, la catastrophe n'est pas totale. Et c'est dû à cette Présence — suprême — dans la matière.

Mais c'est seulement en quelques êtres exceptionnels et après un long, très long travail de préparation qui s'étend sur de nombreuses vies, que cette Présence se change en un être conscient, indépendant, pleinement organisé, maître tout-puissant de la demeure qu'il habite; assez conscient, assez puissant pour pouvoir contrôler non seulement cette demeure, mais ce qui l'entoure et dans un champ de rayonnement et d'action de plus en plus étendu ... et efficace.

Le 11 juin 1958

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