Quand mus avons dépassé les savoirs, alors nous avons la Connaissance. (CWM vol. 8, Le 28 novembre 1956 )

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Quand mus avons dépassé les savoirs, alors nous avons la Connaissance. La raison fut une aide/, la raison est. l'entrave.

Quand nous avons dépassé les velléités, alors nous avons le Pouvoir. L'effort fut une aide, l'effort est l'entrave.

Quand nous avons dépassé les jouissances, alors nous avons la Béatitude. Le désir fut une aide, le désir est l'entrave.

Quand nous avons dépassé l'individualisation, alors nous sommes des Personnes réelles. Le moi fut une aide, le moi est l'entrave.

Quand nous dépasserons l'humanité, alors nous serons l'Homme. L'animal fut une aide, l'animal est l'entrave.

SRI AUROBINDO
Aperçus et Pensées, SABCL, Vol. 16. p. 377

 

C'est le même principe exprimé dans toutes les activités ou tous les aspects de l'être... Il est évident que pour sortir de l'état d'inconscience originelle, le désir était indispensable, car sans désir il n'y aurait eu aucun éveil d'activité. Mais une fois qu'on est né à la conscience, ce même désir, qui avait aidé à sortir de l'inconscience, empêche de se libérer des entraves de la matière et de s'élever à une conscience plus haute.

Il en est de même pour l'ego, le moi. Pour pouvoir passer à un plan supérieur, il faut d'abord exister ; Page – 473 et pour exister il faut devenir une individualité consciente, séparée, et pour devenir une individualité consciente séparée, l'ego est indispensable, autrement on reste mélangé à tout ce qui nous entoure. Mais une fois que l'individualité est formée, si l'on veut monter à un degré supérieur et avoir une vie spirituelle, si l'on veut même devenir simplement une humanité supérieure, les limitations de l'ego sont les pires entraves, et il faut surpasser l'ego pour entrer dans la vraie conscience.

Et enfin, pour la vie ordinaire élémentaire de l'homme, toutes les qualités qui appartiennent à l'animal, spécialement celles du corps, étaient indispensables, autrement l'homme n'aurait pas existé. Mais quand l'homme est devenu un être conscient et mental, tout ce qui l'attache à son origine animale, devient nécessairement un empêchement au progrès et à la libération de l'être.

Ainsi, pour tout le monde (excepté pour ceux qui sont nés libres, et ce cas-là est évidemment très rare), pour tout le monde, cet état de raison, d'effort, de désir, d'individualisation et d'équilibre physique solide selon le mode ordinaire, est indispensable pour commencer, jusqu'au moment où l'on est devenu un être conscient et où il faut abandonner toutes ces choses pour devenir un être spirituel.

Maintenant, si quelqu'un a une question à poser sur le. sujet ?

Douce Mère, quand peut-on dire. que l'on est conscient ?

C'est toujours une question relative. On n'est jamais tout à fait inconscient et on n'est jamais complètement conscient. C'est un état progressif.

Mais il y a un moment où au lieu de faire les choses automatiquement, poussé par une conscience et une force, justement dont on est tout à fait inconscient, -un moment où l'on peut observer ce qui se passe en soi-même, étudier les mouvements, trouver leurs causes, et en même temps commencer à avoir un contrôle, d'abord sur ce qui se passe au-dedans de nous, puis sur l'influence jetée du dehors sur nous et qui nous fait agir, au début d'une façon tout à fait inconsciente et presque involontaire, mais petit à petit de plus en plus consciente ; et la volonté peut s'éveiller et réagir. Alors à ce moment-là, au moment où il y a une volonté consciente qui est capable de réagir, on peut dire : je suis devenu conscient. Cela ne veut pas dire que ce soit une conscience totale et parfaite, cela veut dire que c'est le commencement : quand on est capable d'observer, par exemple, toutes les réactions dans son être et d'avoir un certain contrôle sur elles, de laisser agir celles que l'on approuve et de contrôler, d'empêcher, d'annuler celles que l'on désapprouve.

Aussi, il faut avoir pris conscience en soi de quelque chose qui ressemble à un but, ou à une raison d'être ou à un idéal que l'on veut réaliser ; quelque chose d'autre que le simple instinct qui vous pousse à vivre sans que vous sachiez ni pourquoi ni comment. A ce moment-là on peut dire qu'on est conscient, mais cela ne veut pas dire qu'on est parfaitement conscient. Et d'ailleurs cette perfection-là est tellement progressive que, je pense, personne ne peut dire qu'il est parfaitement conscient ; il est en voie de devenir parfaitement conscient, mais il ne l'est pas.

CWM vol. 8, Le 28 novembre 1956

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