93 (La douleur est comme la poigne de notre Mère qui nous apprend...)

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93 — La douleur est comme la poigne de notre Mère qui nous apprend à supporter l'ivresse divine et à la laisser croître en nous. Sa leçon se fait en trois étapes : endurance d'abord, puis égalité d'âme, enfin l'extase.

 

Tant qu'il s'agit de choses morales, c'est absolument évident, c'est indiscutable — toutes les douleurs morales vous forment le caractère et vous conduisent tout droit à l'extase, quand on sait les prendre. Mais quand cela touche le corps...

Il est vrai que les docteurs ont dit que si l'on apprend au corps à supporter la douleur, il devient de plus en plus endurant et se désorganise moins vite — c'est un résultat concret. Les gens qui savent ne pas être complètement bouleversés dès qu'ils ont mal quelque part, qui arrivent à supporter tranquillement, à garder leur équilibre, il paraît que la capacité du corps de supporter le désordre sans se disloquer augmente. C'est une grande chose.

Je m'étais posé la question au point de vue purement pratique, extérieur, et il paraît que c'est comme cela. Intérieurement, il m'avait été dit bien des fois — dit et montré par des petites expériences — que le corps peut supporter beaucoup plus qu'on ne le croit, si à la douleur ne s'ajoutent pas la crainte ou l'anxiété; si l'on supprime ce facteur mental, le corps laissé à lui-même, qui n'a ni crainte ni peur, ni anxiété de ce qui va arriver — pas d'angoisse — peut supporter beaucoup.

Le second pas, c'est que quand le corps a décidé de supporter (n'est-ce pas, il prend la décision de supporter), immédiatement l'acuité, ce qui est aigu dans la douleur, disparaît. Je parle absolument matériellement.

Et si on a le calme (là intervient la nécessité d'un calme intérieur, qui est un autre facteur), si on a le calme intérieur, alors la douleur se change en une sensation qui est presque agréable — pas "agréable" au sens où on l'entend d'ordinaire, mais une impression presque confortable qui vient. Encore une fois, je parle purement physiquement, matériellement.

Et le dernier stade, quand les cellules ont la foi dans la Présence divine et la Volonté souveraine divine, et qu'elles ont cette confiance que c'est pour le bien que tout est, alors vient l'extase — les cellules s'ouvrent, comme cela, deviennent lumineuses et extatiques.

Cela fait quatre étapes (il n'est question que de trois ici).

La dernière n'est probablement pas à la portée de tout le monde, mais les trois premières sont tout à fait évidentes —je sais que c'est comme cela. La seule chose qui me tracassait, c'est que ce n'est pas une expérience purement psychologique et qu'il y a une usure dans le corps, du fait que l'on endure la souffrance. Mais je me suis enquise auprès des docteurs et il m'a été dit que si l'on apprend très jeune au corps à supporter la douleur, sa capacité de supporter augmente tellement qu'il peut résister vraiment à des maladies, c'est-à-dire que la maladie ne suit pas son cours, elle avorte. C'est précieux.

10 août 1963

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