Supramental
Published on Supramental (https://anya.supramental.hu)

Címlap > Pensées et Aphorismes de Sri Aurobindo > JNÂNA (La Connaissance) 2

JNÂNA (La Connaissance) 2

Commentaires Deuxième Période (1960 - 61)

  • A hozzászóláshoz be kell jelentkezni
  • Magyar
  • English
francia

13.

13 — Ils m'ont dit : "Ces choses sont des hallucinations." Je me suis enquis de ce qu'est une hallucination et j'ai découvert que cela désigne une expérience subjective ou psychique qui ne correspond à aucune réalité objective ni physique. Alors je me suis assis et me suis émerveillé des miracles de la raison humaine.

 

Douce Mère, qu'est-ce que Sri Aurobindo veut dire par "les miracles de la raison humaine" ?

 

           Dans cet aphorisme, Sri Aurobindo désigne par "ils" les matérialistes, les scientistes et, d'une façon générale, tous ceux qui ne croient qu'à la seule réalité physique et qui considèrent la raison humaine comme le seul juge infaillible. D'autre part, les "choses" dont il parle ici sont toutes les perceptions appartenant à d'autres mondes que le monde matériel, tout ce que l'on peut voir avec d'autres yeux que les yeux physiques, toutes les expériences que l'on peut avoir dans les domaines subtils, depuis les perceptions sensorielles du monde vital jusqu'à la béatitude de la Présence divine.

           C'est en parlant de ces "choses" et d'autres similaires que Sri Aurobindo s'est entendu dire que ce sont des "hallucinations". Dans le dictionnaire, on trouve au mot "hallucination" cette définition : "Sensation morbide non provoquée par un objet réel. Perception sans objet." Sri Aurobindo traduit ou précise: "Une expérience subjective ou psychique qui ne correspond à aucune réalité objective ni physique." On ne peut mieux définir ces phénomènes de conscience intérieure qui sont les plus précieux pour l'homme et font de lui quelque chose de plus qu'un simple animal pensant. Et la raison humaine est si bornée, si terre à terre, si prétentieusement ignorante qu'elle veut discréditer, à l'aide d'un mot péjoratif, justement ces facultés-là qui ouvrent à l'homme les portes d'une vie plus haute et meilleure... C'est en. constatant cette incompréhension obstinée que Sri Aurobindo s'émerveille ironiquement des "miracles de la raison humaine". Car le pouvoir de changer à ce point la vérité en mensonge est certainement un miracle!

5 janvier I960*

  • A hozzászóláshoz be kell jelentkezni
  • Magyar
  • English
francia

14.

14 — Hallucination est le ternie que la science donne à ces visions fugitives et anormales qui nous laissent apercevoir les vérités d'habitude interdites à nos yeux parce que nous sommes exclusivement préoccupés de la matière.

Coïncidence est le terme qu'elle donne à une curieuse technique d'artiste dans l'œuvre de cette Intelligence suprême et universelle qui, dans son être conscient, comme sur une toile, a conçu et exécuté le monde.

 

Que représente V artiste ici?

 

Sri Aurobindo compare ici l'oeuvre du Seigneur suprême, créateur de l'univers, à celle d'un artiste qui, à grands coups de pinceau, brosserait, dans son être conscient comme sur une toile, l'image du monde. Et quand, par le fait d'une "curieuse technique" il superpose deux coups de brosse, cela fait une "coïncidence".

Généralement, le mot "coïncidence" suggère l'idée d'un hasard inconscient et dépourvu de sens. Sri Aurobindo veut nous faire comprendre que le hasard et l'inconscience n'ont rien à voir dans ce phénomène; il est, au contraire, le résultat d'un raffinement de conscience et de goût comme en possèdent les artistes, et peut révéler une intention profonde.

12 janvier 1960 

  • A hozzászóláshoz be kell jelentkezni
  • Magyar
  • English
francia

26.

26 — Sir Philip Sidney disait du criminel conduit à la potence : "Ainsi s'en va sir Philip Sidney, sans la Grâce de Dieu." Plus sage, il aurait dit : "Ainsi, par la Grâce de Dieu, s'en va sir Philip Sidney."

 

Je n'ai pas compris le sens de cet aphorisme.

Sir Philip Sidney était un homme d'État et un poète, mais malgré son succès dans la vie, il était resté humble de caractère. Il est censé avoir dit, en voyant passer un criminel conduit à la potence, la fameuse phrase que Sri Aurobindo cite dans son aphorisme et que l'on peut traduire ainsi : "Cela aurait pu m'arriver à moi aussi, sans la Grâce de Dieu." Et Sri Aurobindo remarque que si sir Philip avait été plus sage, il aurait dit : "Cela aurait pu m'arriver aussi, par la Grâce de Dieu." Car la Grâce divine est partout et toujours, derrière toute chose et tout événement, quelle que soit notre réaction vis-à-vis de cette chose ou de cet événement, qu'il nous paraisse bon ou mauvais, catastrophique ou bienfaisant.

Et si Sir Philip avait été un yogi, il aurait eu l'expérience de l'unité humaine, et il aurait senti de façon concrète que c'était lui-même ou une partie de lui-même qui était ainsi conduit à la potence, et il aurait su, en même temps, que tout ce qui arrive, arrive par la Grâce du Seigneur.

 

30 mars 1960

  • A hozzászóláshoz be kell jelentkezni
  • Magyar
  • English
francia

28. (On a traité Napoléon de tyran et d'impérial coupeur de gorges; mais...)

28 — On a traité Napoléon de tyran et d'impérial coupeur de gorges; mais j'ai vu Dieu en armes qui chevauchait l'Europe.

 

Napoleon

 

Toutes ces guerres sont-elles nécessaires à l'évolution terrestre?

À un certain stade du développement humain, les guerres sont inévitables. Aux époques préhistoriques, toute la vie était une guerre; et jusqu'à nos jours, l'histoire humaine est une longue histoire de guerres. Les guerres sont le résultat naturel d'un état de conscience dominé par la lutte pour la vie et par l'agressivité égoïste. Et à l'heure actuelle, rien encore, malgré certains efforts humains vers la paix, ne peut nous donner la certitude que la guerre n'est plus une calamité inévitable. En fait, ouvertement ou non, l'état de guerre n'existe-t-il point en ce moment même sur bien des points de la terre?

D'ailleurs, tout ce qui se passe sur la terre conduit nécessairement à son progrès. Ainsi les guerres sont une école de courage, d'endurance, d'intrépidité; elles peuvent servir à détruire un passé qui se refuse à disparaître alors que son temps est fini, pour qu'il fasse place aux choses nouvelles; les guerres peuvent être, comme à Kouroukshétra,1 le moyen de purger la terre d'une race dominatrice ou destructrice afin que puissent régner la justice et le droit. Elles peuvent, par la présence du danger, secouer l'apathie des consciences trop tamasiques 2 et réveiller les énergies endormies. Enfin elles peuvent, par contraste, et à cause des horreurs qui les accompagnent et les suivent, pousser les hommes à chercher un moyen efficace de rendre inutile cette forme violente et barbare de transformation.

Car tout ce qui est inutile à l'évolution terrestre cesse, automatiquement, d'exister.

13 avril 1960

Tu as écrit: "elles [les guerres] peuvent servir à détruire un passé qui se refuse à disparaître alors que son temps est fini, pour qu'il fasse place aux choses nouvelles". Maintenant que le Supramental est descendu sur terre, la guerre sera-t-elle nécessaire pour changer V état présent du monde?

Tout va dépendre de la réceptivité des nations. Si elles s'ouvrent largement et promptement à l'influence des forces nouvelles et que dans leurs conceptions et leurs actions elles changent assez vite, la guerre pourra être évitée. Mais elle est toujours menaçante et toujours en suspens; chaque erreur commise, chaque obscurcissement de la conscience, augmente cette menace.

Pourtant, en dernière analyse, tout dépend réellement de la Grâce divine, et nous devons regarder l'avenir avec confiance et sérénité, tout en progressant aussi rapidement que nous le pouvons.

15 avril 1960

 


1 Le champ de bataille légendaire de la Bhagavad-Guîtâ où s'affrontèrent les Kaurava et les Pândava conduits par Shrî Krishna. (En arrière)

1 Dans la psychologie indienne, tamas désigne le principe d'inertie et d'obscurité. (En arrière)

  • A hozzászóláshoz be kell jelentkezni
  • Magyar
  • English
francia

30.

30 —J'ai vu un enfant se rouler dans la boue et le même enfant nettoyé par sa mère et resplendissant; mais chaque fois, j'ai tremblé devant son absolue pureté.

 

Un enfant peut-il garder cette pureté, même après avoir grandi?

 

En principe, il n'y a pas d'impossibilité à cela, et il se peut que certains êtres humains, nés loin des cités, des civilisations et des cultures, gardent pendant toute la vie de leur corps terrestre cette pureté spontanée, une pureté d'âme qui n'est pas obscurcie par le fonctionnement mental.

Car la pureté dont Sri Aurobindo parle ici est la pureté de l'instinct qui obéit à l'impulsion de la Nature, spontanément, sans calculer ni questionner, sans se demander si c'est bon ou mauvais, si ce que l'on fait est bien ou mal, si c'est une vertu ou un péché, si les résultats seront favorables ou défavorables. Toutes ces notions entrent en jeu quand l'ego mental fait son apparition et commence à prendre une position prépondérante dans la conscience et à voiler la spontanéité de l'âme.

Dans la vie "civilisée" moderne, les parents et les éducateurs ont vite fait, par leurs "bons conseils" pratiques et rationnels, d'ensevelir cette spontanéité, qu'ils qualifient d'inconscience, et de la remplacer par un ego mental bien petit, bien étroit, limité, replié sur lui-même et farci de notions de faute, de péché et de châtiment, ou d'intérêt personnel, de calcul et de profit; tout cela ayant pour résultat inévitable de faire croître les désirs du vital par compression, par crainte ou par justification.

Pourtant, si l'on veut être complet, il faut ajouter que l'homme étant un être mental, il doit, nécessairement, dans son évolution, quitter cette pureté inconsciente et spontanée, très semblable à la pureté des animaux, et, après avoir traversé une période inévitable de perversion et d'impureté mentales, surgir au-dessus du mental, dans la pureté supérieure et lumineuse de la Conscience divine.

27 avril 1960

  • A hozzászóláshoz be kell jelentkezni
  • Magyar
  • English
francia

35.-36. (Les hommes sont encore amoureux de la douleur. Quand...)

35 — Les hommes sont encore amoureux de la douleur. Quand ils voient quelqu'un qui est trop haut pour la douleur ou pour la joie, ils le maudissent et s'écrient ; "0 insensible!" C'est pourquoi le Christ est encore pendu à sa croix de Jérusalem.

36 — Les hommes sont amoureux du péché. Quand ils voient quelqu'un qui est trop haut pour le vice ou pour la vertu, ils le maudissent et s'écrient : "0 toi, briseur de limites, être pervers et immoral!" C'est pourquoi Shrî Krishna n'est pas encore vivant à Brindâban1 .

 

Je voudrais avoir l'explication de ces deux aphorismes.

Quand le Christ est venu sur la terre, il a apporté un message de fraternité, d'amour et de paix. Mais il lui a fallu mourir dans la douleur, sur la croix, pour que son message soit entendu. Car les hommes chérissent la souffrance et la haine, et veulent que leur Dieu souffre avec eux. Ils le voulaient quand le Christ est venu, et, malgré son enseignement et son sacrifice, ils le veulent encore et sont si attachés à la douleur que, symboliquement, le Christ reste toujours attaché à sa croix, souffrant perpétuellement pour le salut des hommes.

Krishna, lui, est venu sur la terre pour apporter la liberté et la joie. Il est venu annoncer aux hommes, esclaves de la Nature, de leurs passions et de leurs fautes, que s'ils prennent refuge dans le Seigneur suprême, ils seront libres de tout esclavage et de tout péché. Mais les hommes sont très attachés à leurs vices et à leurs vertus (car sans vice il n'y aurait pas de vertu); ils sont amoureux de leurs péchés et ne peuvent tolérer que quelqu'un puisse être libre et au-dessus de toute faute.

C'est pourquoi Krishna, bien qu'immortel, n'est pas présent à Brindâban, dans un corps, à l'heure actuelle.

 

3 juin 1960

 


1 Le lieu où Shrî Krishna a passé son enfance, et un symbole de l'amour divin. (En arrière)

  • A hozzászóláshoz be kell jelentkezni
  • Magyar
  • English
francia

37.

37 — Certains disent que Krishna n'a jamais vécu, que c'est un mythe. Ils veulent dire sur la terre; car si Brindâban n'existait nulle part, le Bhâgavat1 n'aurait jamais pu être écrit.

 

Brindâban existe-t-il ailleurs que sur la terre?

La terre tout entière, avec tout ce qu'elle contient, est une sorte de concentration, de condensation de quelque chose qui existe dans d'autres mondes, invisibles pour l'œil matériel. Chaque chose manifestée ici a son principe, son idée ou son essence quelque part dans les régions plus subtiles. Ceci est une condition indispensable à la manifestation. Et l'importance de la manifestation dépendra toujours de l'origine de la chose manifestée.

Dans le monde des dieux, il y a un Brindâban idéal et harmonieux dont le Brindâban terrestre n'est que la déformation et la caricature.

Ceux qui sont développés intérieurement, soit dans les sens, soit dans l'esprit, perçoivent ces réalités invisibles pour l'homme ordinaire et reçoivent d'elles leur inspiration.

Ainsi, celui ou ceux qui ont écrit le Bhâgavat étaient sûrement en contact avec tout un monde intérieur bel et bien réel et existant, où ils ont vu et éprouvé tout ce qu'ils ont décrit ou révélé.

Que Krishna ait ou n'ait pas été sous une forme humaine, vivant sur la terre, n'a qu'une importance très secondaire (sauf, peut-être, à un point de vue exclusivement historique), car Krishna est un être réel, vivant et agissant; et son influence a été l'un des grands facteurs de progrès et de transformation de la terre.

 

8 juin 1960

 


1 L'histoire de Krishna racontée dans l'un des Pourâna (le Bhâgavat Pourâna). (En arrière)

  • A hozzászóláshoz be kell jelentkezni
  • Magyar
  • English
francia

38.

38 — Étrange ! Les Allemands ont prouvé que le Christ n'existait pas; et pourtant, sa crucifixion demeure encore un fait historique plus grand que la mort de César.

 

À quel plan de conscience appartenait le Christ?

Dans les Essais sur la Guîtâ, Sri Aurobindo mentionne les noms de trois Avatar, et le Christ est l'un d'entre eux1 . Un Avatar est une émanation du Seigneur suprême qui revêt sur terre un corps humain. J'ai entendu Sri Aurobindo lui-même dire que le Christ était une émanation de l'aspect d'amour du Seigneur.

La mort de César a marqué un changement décisif dans l'histoire de Rome et des pays qui dépendaient d'elle. Ce fut donc un événement important dans l'histoire de l'Europe.

Mais la mort du Christ a été le point de départ d'une étape nouvelle dans l'évolution de la civilisation humaine. C'est pourquoi Sri Aurobindo nous dit que la mort du Christ est d'une portée historique plus grande, c'est-à-dire qu'elle a eu des conséquences historiques plus grandes que la mort de César. L'histoire du Christ, telle qu'on l'a racontée, est la représentation concrète et dramatique du sacrifice divin; le Seigneur suprême qui est Toute-Lumière, Toute-Connaissance, Toute-Puissance, Toute-Beauté, Tout-Amour, Toute-Félicité, acceptant de revêtir dans la matière l'ignorance et la souffrance humaines, afin d'aider les hommes à sortir du mensonge dans lequel ils vivent, et à cause duquel ils meurent.

 

16 juin 1960

 


1 Les deux autres sont Shrî Krishna et le Bouddha. (En arrière)

  • A hozzászóláshoz be kell jelentkezni
  • Magyar
  • English
francia

39.

39 — Parfois, l'on en vient à penser que seules importent vraiment les choses qui ne sont jamais arrivées; car à côté d'elles, la plupart des événements historiques semblent presque ternes et sans portée.

 

Je voudrais avoir l'explication de cet aphorisme.

Sri Aurobindo, qui avait fait une étude approfondie de l'histoire, savait à quel point sont incertaines les données qui ont servi à la rédiger. La plupart du temps, l'exactitude des documents est douteuse, et les renseignements qu'ils fournissent sont pauvres, incomplets, triviaux et souvent déformés. Et dans son ensemble, l'histoire humaine officielle n'est qu'un long récit, presque ininterrompu, d'agressions violentes : guerres, révolutions, meurtres ou colonisations. Il est vrai que certaines de ces agressions, certains de ces massacres ont été décorés de termes et d'adjectifs flatteurs; on les a appelés guerres de religion, guerres saintes ou campagnes civilisatrices; mais elles n'en demeurent pas moins des actes de convoitise ou de vengeance.

C'est rarement que nous trouvons dans l'histoire la description d'un épanouissement culturel, artistique ou philosophique.

Et c'est pourquoi, ainsi que Sri Aurobindo le dit, tout cela fait un ensemble assez terne et sans portée profonde.

Tandis que dans les récits légendaires de faits qui n'ont peut-être jamais existé sur la terre, d'événements qui ne sont pas déclarés authentiques par la science officielle, de personnages admirables dont doutent les érudits dans leur sagesse desséchée, on trouve la cristallisation de tous les espoirs et de toutes les aspirations de l'homme, son goût du merveilleux, de l'héroïque, du sublime, la description de tout ce qu'il voudrait être, de tout ce qu'il s'efforce de devenir.

Voilà, à peu près, ce que Sri Aurobindo veut dire dans son aphorisme.

 

22 juin 1960

  • A hozzászóláshoz be kell jelentkezni
  • Magyar
  • English
francia

40. (Il y a quatre très grands événements dans l'histoire : le siège de...)

40 — Il y a quatre très grands événements dans l'histoire : le siège de Troie, la vie et la crucifixion du Christ, l'exil de Krishna 1 à Brindâban et le colloque avec Ardjouna sur le champ de bataille de Kouroukshétra. Le siège de Troie a donné naissance à l'Hellade, l'exil à Brindâban a créé la religion dévotionnelle (car auparavant on ne connaissait que la méditation et le culte), du haut de sa croix le Christ a humanisé l'Europe, le colloque de Kouroukshétra est appelé à libérer l'humanité. Et pourtant, il est dit qu'aucun de ces quatre événements n'a jamais eu lieu.

 

1) Les méditations et les cultes d'autrefois étaient-ils les mêmes que ceux d'aujourd'hui?

1) Les méditations et les cultes d'autrefois étaient-ils les mêmes que ceux d'aujourd'hui?

 

1) Dans l'ancien temps, comme de nos jours, chaque religion avait son genre particulier de méditation et de culte. Cependant, partout et toujours, la méditation est un mode spécial d'activité et de concentration mentales; les détails de la pratique seuls diffèrent; et le culte est un ensemble de cérémonies et de rites qui sont scrupuleusement et exactement accomplis en l'honneur d'une Divinité.

Ici, Sri Aurobindo fait mention du culte et de la méditation de l'Inde ancienne, aux temps védiques et védântiques.

 

2) Le colloque de Kouroukshétra, c'est la Bhagavad-Guîtâ.

Sri Aurobindo considère que le message de la Bhagavad-Guîtâ est à la base du grand mouvement spirituel qui a mené et mènera de plus en plus l'humanité à sa libération, c'est-à-dire à son évasion hors du mensonge et de l'ignorance, vers la vérité.

Depuis l'époque de son apparition, la Bhagavad-Guîtâ a eu une immense action spirituelle; mais avec l'interprétation nouvelle que Sri Aurobindo en a donnée, son influence a considérablement grandi et elle est devenue décisive.

 

29 juin 1960

 


1 AKrishna enfant dut se réfugier à Brindâban pour échapper à son oncle Kansa, le roi tyran de Mathourâ. Dans le village de Brindâban où il grandit avec les gardiens de troupeaux, son amour pour Râdhâ et ses compagnes, symbole de l'amour divin, ou de l'amour humain changé en amour divin, est à l'origine de la religion vishnouïte (vaïshnava) ou culte de Krishna qui est une incarnation de Vishnou. Il est aussi le Suprême, et le divin Instructeur de la Bhagavad-Guîtâ. (vissza)

  • A hozzászóláshoz be kell jelentkezni
  • Magyar
  • English
francia

41.

41 — Ils disent que les Évangiles ont été fabriqués de toutes pièces et que Krishna est une invention des poètes. Alors, Dieu merci pour les faux et saluons bas les inventeurs.

 

Quel est le rôle des Évangiles dans la vie de l'homme?

Les Évangiles ont été le point de départ de la religion chrétienne. Pour dire ce qu'ils ont apporté au monde, il faudrait faire un compte rendu historique et psychologique du développement et de la vie de la chrétienté et de l'action de la religion chrétienne sur la terre. Ce serait long et pas tout à fait à sa place ici.

Je puis seulement dire que ceux qui ont écrit les Évangiles ont essayé de reproduire exactement ce que le Christ a enseigné et que, dans une certaine mesure, ils ont réussi à transmettre son message. C'est un message de paix, de fraternité et d'amour.

Mais il vaut mieux garder le silence sur ce que les hommes ont fait de ce message.

 

6 juillet 1960

  • A hozzászóláshoz be kell jelentkezni
  • Magyar
  • English
francia

45. (La logique est le pire ennemi de la Vérité, de même que le...)

45 — La logique est le pire ennemi de la Vérité, de même que le pharisaïsme est le pire ennemi de la Vertu; car l'une est incapable de voir ses propres erreurs et l'autre ses propres imperfections.

 

Quel est le rôle de la logique et de la raison dans notre vie?

La meilleure réponse que je puisse donner à ta question est cette citation extraite de La Synthèse des Yoga  "La raison dans toute sa plénitude est un mouvement logique dont le pouvoir caractéristique est, en premier lieu, de s'assurer de tous les matériaux et de toutes les données possibles en les observant et en les mettant en ordre ; puis, à partir de ces matériaux, de se servir d'un premier pouvoir de réflexion afin de saisir, de fixer et d'élargir la connaissance qu'ils apportent; finalement, elle s'assure que les résultats obtenus sont corrects par un travail plus soigneux et plus formel, plus vigilant, plus réfléchi et plus rigoureusement logique, qui met à l'épreuve les résultats, les rejette ou les homologue conformément à certaines normes et à certains processus bien éprouvés, tels que la réflexion et l'expérience les ont établis. La première tâche de la raison logique est donc d'observer correctement, soigneusement et en détail, les matériaux et les données qui lui sont accessibles."1

Mais dans cet aphorisme, Sri Aurobindo ne parle pas de la raison; il parle de la logique qui est l'associée et l'instrument de la raison.

La logique est l'art de déduire correctement une idée d'une autre, et de tirer d'un fait toutes ses conséquences. Mais elle ne porte pas en elle-même la capacité de discerner la vérité. Ainsi, votre logique peut être indiscutable, mais si votre point de départ est faux, vos conclusions aussi seront fausses, malgré l'exactitude de votre logique, ou plutôt à cause même de cette exactitude. Il en est de même pour le pharisaïsme (self-righteousness) qui est un sentiment de vertueuse supériorité; votre vertu vous donne du dédain pour les autres; et cet orgueil qui vous remplit de dédain pour ceux qui, selon vous, sont moins vertueux que vous-même, enlève toute valeur à votre vertu.

C'est pourquoi Sri Aurobindo nous dit dans son aphorisme que la logique est le pire ennemi de la Vérité, de même que le sentiment de vertueuse supériorité est le pire ennemi de la Vertu.

 

24 août 1960

 


1 The Synthesis of Yoga, Cent. Vol. 21, p. 820. (En arrière)

  • A hozzászóláshoz be kell jelentkezni
  • Magyar
  • English
francia

51.

51 — Quand j'entends parler d'une juste fureur, je m'émerveille du pouvoir qu'ont les hommes de se leurrer eux-mêmes.

 

On est toujours de bonne foi quand on se trompe soi-même ; c'est toujours pour le bien des autres qu'on agit, ou dans l'intérêt de l'humanité et pour te servir, cela va de soi! Comment fait-on pour se tromper¹?

 

J'avais envie de te poser une question à mon tour! parce qu'il y a deux façons de comprendre ta question. On peut la prendre sur le même ton d'ironie et d'humour que Sri Aurobindo a mis dans son aphorisme quand il s'émerveille du pouvoir qu'ont les hommes de se leurrer eux-mêmes. C'est-à-dire que tu te mets à la place de celui qui se leurre et tu dis : "Mais je suis de bonne foi! je veux toujours le bien des autres, etc., l'intérêt de l'humanité, servir le Divin, cela va de soi ! Et comment est-ce que je peux me tromper?"

Mais au fond, il y a vraiment deux façons de se tromper, qui sont très différentes.

 

¹Question et réponse enregistrées sur bande magnétique.

 


 

Par exemple, on peut très bien être choqué par certaines choses, non pour des raisons personnelles mais, justement, dans sa bonne volonté et son ardeur à servir le Divin, quand on voit des gens qui se conduisent mal, qui sont égoïstes, qui sont infidèles, qui sont des traîtres. Et il y a un stade où ces choses, on les a dominées et on ne leur permet plus de se manifester en soi, mais dans la mesure où l'on est en rapport avec la conscience ordinaire et le point de vue ordinaire, la vie ordinaire, la pensée ordinaire, leur possibilité est encore là, elles existent d'une façon latente, parce qu'elles sont l'envers des qualités que l'on s'essaye à avoir; et cette opposition existe toujours—jusqu'à ce qu'on soit monté au-dessus et qu'on n'ait plus ni la qualité ni le défaut. Tant qu'on a la vertu, on a toujours son opposé latent; c'est seulement quand on est au-dessus de la vertu et de la faute que cela disparaît.

Alors, cette sorte d'indignation que l'on sent vient du fait que l'on n'est pas tout à fait au-dessus; on est dans la période où l'on désapprouve totalement et on ne pourrait pas le faire soi-même. Jusque-là, il n'y a rien à dire, à moins que l'on ne donne une expression extérieure violente à cette indignation. Si la fureur s'en mêle, c'est qu'il y a une sorte de contradiction totale entre le sentiment que l'on veut avoir et la réaction que l'on a vis-à-vis des autres. Parce que la fureur est une déformation du pouvoir vital, c'est un vital obscur et tout à fait non régénéré, un vital qui est encore soumis à toutes les actions et les réactions ordinaires. Quand ce pouvoir vital est utilisé par une volonté individuelle ignorante et égoïste et que cette volonté rencontre l'opposition des autres volontés individuelles qui l'environnent, ce pouvoir, sous la pression de l'opposition, se change en fureur et essaye d'obtenir par la violence ce qui ne peut pas être exécuté par la seule pression de la force elle-même.

La fureur, comme toutes les violences, d'ailleurs, est toujours un signe de faiblesse, d'impuissance et d'incapacité.

Et la tromperie, ici, vient seulement de l'approbation 'qu'on lui donne, ou de l'adjectif flatteur qu'on met dessus — parce que la fureur ne peut être qu'une chose aveugle, ignorante et asourique, c'est-à-dire contraire à la lumière.

Mais c'est encore le meilleur des cas.

Il y a l'autre cas. Il y a les gens qui, sans le savoir, ou parce qu'ils veulent l'ignorer, poursuivent toujours leur intérêt personnel, leurs préférences, leurs attachements, leurs conceptions; qui ne sont pas entièrement consacrés au Divin et qui se servent des idées morales et yoguiques pour couvrir leurs mouvements personnels. Mais ceux-là se trompent doublement; non seulement ils se trompent dans leurs activités extérieures, dans leur relation avec les autres, mais ils se trompent eux-mêmes, dans leur propre mouvement personnel : au lieu de servir le Divin, c'est leur propre égoïsme qu'ils servent. Et cela arrive constamment, constamment ! On sert sa personnalité, son égoïsme, en prétendant servir Dieu. Alors ce n'est même plus se tromper, c'est de l'hypocrisie.

N'est-ce pas, cette habitude mentale de toujours revêtir tout d'une apparence très favorable, de donner une explication favorable à tous les mouvements — quelquefois c'est assez subtil, mais c'est parfois tellement grossier que cela ne peut tromper personne, sauf soi-même. C'est une sorte d'habitude d'excuse; l'habitude de donner une excuse mentale favorable, une explication mentale favorable à tout ce que l'on fait, tout ce que l'on dit, tout ce que l'on sent. Par exemple, ceux qui n'ont pas le contrôle d'eux-mêmes et qui donnent une claque à quelqu'un dans une grande indignation, ils appellent cela presque une fureur divine!

C'est formidable, formidable ce pouvoir de se tromper soi-même, l'art qu'a ce mental de trouver une justification admirable à n'importe quelle ignorance et n'importe quelle stupidité.

Et ce n'est pas une expérience qui vient de temps en temps, c'est quelque chose que l'on peut noter à la minute la minute. Et on le voit, généralement, beaucoup plus facilement chez les autres! Mais si l'on se regarde bien, on peut s'attraper mille fois par jour, à juste regarder de la petite façon favorable : "Oh! ce n'est pas la même chose. Et puis, ce n'est jamais pour vous comme c'est pour le voisin !

Janvier 1961

  • A hozzászóláshoz be kell jelentkezni
  • Magyar
  • English
francia

57.

57 — Le tigre agit selon sa nature et ne connaît rien d'autre, c'est pourquoi le tigre est divin et il n'y a pas de mal en lui. S'il se posait des questions, ce serait un criminel.

 

Quel serait l'état vraiment "naturel" pour l'homme? Pourquoi se pose-t-il des questions¹ ?

 

L'homme est, sur la terre², un être de transition et, par conséquent, au cours de son évolution il a plusieurs natures successives, qui ont suivi une courbe ascendante, et continueront à la suivre jusqu'au moment où il touchera le [ seuil de la nature supramentale et se transformera en ; surhomme. Cette courbe est la spirale du développement mental.

Nous avons tendance à appeler "naturelle" toute manifestation spontanée qui n'est pas le résultat d'un choix ? ni d'une décision préconçue, c'est-à-dire sans intrusion de l'action mentale. C'est pourquoi, quand l'homme a une spontanéité vitale très peu mentalisée, il nous paraît plus "naturel" dans sa simplicité. Mais c'est un naturel qui ressemble beaucoup à celui de l'animal et qui est tout en bas de l'échelle évolutive humaine. Il ne retrouvera cette spontanéité sans intrusion mentale que lorsqu'il aura; atteint le stade supramental, c'est-à-dire dépassé le mental et émergé dans la Vérité supérieure.  

Jusque-là, toutes ses manières d'être sont, naturellement, naturelles ! mais avec le mental, l'évolution a été, on ne peut pas dire faussée mais déformée parce que, de par sa nature même, le mental était ouvert à la perversion et que presque dès le début il s'est perverti ou, pour être plus exact, il a été perverti par les forces asouriques. Et c'est

 

¹Question et réponse de vive voix.

²Mère a ajouté : "Cette précision n'est pas superflue; j'ai dit "sur la terre" voulant dire que l'homme n'appartient pas seulement à la terre : l'homme est un être universel dans son essence, mais il a une manifestation spéciale sur la terre."


cet état de perversion qui nous donne l'impression de ne pas être naturel.

Pourquoi se pose-t-il des questions? Mais parce que c'est le propre du mental!

Avec le mental a commencé l'individualisation et un sentiment de séparation très aigu, et aussi une sorte d'impression, plus ou moins précise, d'une liberté de choix — tout cela, tous ces états psychologiques sont la conséquence naturelle de la vie mentale et ouvrent la porte à tout ce que nous voyons maintenant, depuis les aberrations jusqu'aux principes les plus rigoureux. Il a l'impression de pouvoir choisir entre une chose et une autre, mais cette impression est la déformation d'un principe vrai qui ne serait totalement réalisable qu'avec l'apparition de l'âme ou de l'être psychique dans la conscience et si l'âme prenait en main le gouvernement de l'être; alors la vie de l'homme serait vraiment l'expression de la Volonté suprême qui se traduirait individuellement, consciemment. Mais dans l'état humain normal, c'est un cas encore tout à fait exceptionnel et qui, pour la conscience humaine ordinaire, ne paraît pas du tout naturel — cela paraît presque surnaturel !

L'homme se pose des questions parce que l'instrument mental est fait pour voir toutes les possibilités; et la conséquence immédiate est la notion du Bien et du Mal, de ce qui est juste et de ce qui est faux, et toutes les misères qui s'ensuivent. On ne peut pas dire que ce soit une mauvaise chose; c'est une étape intermédiaire — une étape pas très agréable, mais enfin... qui était certainement inévitable pour un développement complet du mental.

 

1961. március 17.

  • A hozzászóláshoz be kell jelentkezni
  • Magyar
  • English
francia

60.

60 — Le mortel n'existe pas. Seul l'immortel peut mourir; le mortel ne peut ni naître ni périr.

 

Est-ce qu'un être emporte ses expériences mentales, vitales, et physiques d'une vie à l'autre?

 

Chaque cas est différent. Tout dépend du degré de développement de l'individu dans ses diverses parties et de la plus ou moins bonne organisation de ces parties autour du centre psychique. Plus l'être est organisé, plus il devient consciemment durable. On peut dire, d'une façon générale, que chacun apporte dans sa vie actuelle les conséquences de ses vies antérieures, sans, cependant, conserver le souvenir de ces vies. A part .quelques très rares exceptions, c'est seulement lorsqu'on s'unit à son être psychique et que l'on devient pleinement conscient de lui, que l'on acquiert, en même temps, le souvenir des vies antérieures que le psychique conserve dans sa conscience.

Autrement, même chez les plus sensitifs, ces souvenirs sont fragmentaires, incertains et spasmodiques, le plus souvent très peu reconnaissables, et semblent n'être que des impressions indéfinissables. Pourtant, celui qui sait voir derrière les apparences pourra percevoir une sorte d'analogie dans l'enchaînement des circonstances de sa vie.

4 mai 1961

  • A hozzászóláshoz be kell jelentkezni
  • Magyar
  • English
francia

61.

61 — Le fini n'existe pas. Seul l'Infini peut se donner à lui-même des limites. Le fini ne peut avoir ni commencement ni fin, car le fait même de concevoir un commencement et une fin est le signe de son infinitude.

 

Comment avoir l'expérience de l'Infini?

 

La seule manière est de sortir de la conscience du fini.

C'est dans l'espoir d'y arriver que toutes les disciplines yoguiques ont été élaborées et entreprises, depuis les temps immémoriaux jusqu'à nos jours. Beaucoup a été écrit à ce sujet, peu a été fait; et ce n'est encore qu'un tout petit nombre d'individus qui ont réussi à s'évader du fini pour se plonger dans l'Infini.

Et pourtant, comme Sri Aurobindo l'a écrit, seul l'Infini existe; c'est le mensonge de notre perception superficielle qui nous fait croire à l'existence du fini.

20 mai 1961

  • A hozzászóláshoz be kell jelentkezni
  • Magyar
  • English
francia

Forrás webcím:https://anya.supramental.hu/hu/node/278