146.-150.
146 — Je trouve en Shakespeare un universaliste bien plus grand et plus conséquent que chez les Grecs. Toutes ses créations sont des types universels, depuis Lancelot Gobbo et son chien jusqu’à Lear et Hamlet.
147 — Les Grecs ont recherché l’universalité en omettant toutes les nuances individuelles plus délicates ; Shakespeare l’a recherchée avec plus de succès en universalisant les détails de caractère individuels les plus rares. Ce que la Nature utilise pour nous cacher l’Infini, Shakespeare l’a utilisé pour révéler aux yeux de l’humanité l’Anantaguna dans l’homme.
148 — Shakespeare, qui inventa l’image du miroir présenté à la Nature, fut le seul poète qui ne condescendit jamais à copier, photographier ou imiter. Le lecteur qui voit en Falstaff, Macbeth, Lear ou Hamlet des imitations de la Nature, n’a pas l’oeil intérieur de l’âme ou a été hypnotisé par une formule.
149 — Où, dans la Nature matérielle, trouves-tu Falstaff, Macbeth ou Lear ? Elle en possède des ombres ou des suggestions, mais eux-mêmes la dominent de très haut.
150 — Pour deux sortes d’êtres, il est de l’espoir : pour l’homme qui a senti le contact de Dieu et qui a été attiré par lui, et pour le chercheur sceptique ou l’athée convaincu ; quant aux formulistes de toutes les religions et aux perroquets de la libre pensée, ce sont des âmes mortes qui suivent une mort qu’ils appellent vivre.
Douce Mère, Les « formulistes » des religions n’aident-ils pas les masses ordinaires en leur donnant une image de Dieu ?
Ne crois-Tu pas que la religion aide les gens ordinaires ?
Tout ce qui arrive, arrive par la volonté du Seigneur Suprême afin d’amener la création tout entière à la connaissance du Suprême.
Mais l’immense majorité de l’action agit par contraste et par négation. Et c’est ainsi que les religions agissent pour la majorité des soi-disant croyants qui suivent la religion sans avoir la foi et encore moins l’expérience.
14 septembre 1969